Il a été question du jugement du Privy Council concernant la pétition électorale de Suren Dayal, la reprise des travaux parlementaires, ainsi que les nouveaux rapports de force sur l’échiquier politique, jeudi, dans l’ émission « Au cœur de l’info », animée par Jane Lutchmaya. L’observateur politique Jocelyn Chan Low plaide pour un « rebranding » des partis politiques.
D’emblée, Jocelyn Chan Low explique que « 60 % de l’électorat ne font plus confiance aux partis traditionnels. Depuis 2010, le noyau dur des partis a beaucoup diminué ». Il soutient qu’il y a plusieurs raisons derrière : une mauvaise gouvernance, des promesses non tenues et les alliances et mésalliances qu’il qualifie de « pont d’ Avignon », entre autres.
Il ne pense pas que le jugement du Privy Council aura un impact « réel » sur ces 60 % de l’ électorat. C’est juste un ancien jeu qui arrive à une certaine conclusion, selon lui. Lors de la campagne électorale, le Premier ministre pourra miser dessus. Mais cela ne veut pas dire que les élections ont été ‘free and fair’ », poursuit l’observateur.
Jocelyn Chan Low ajoute que cela va au-delà de l’aspect légal. Selon lui, il y a des choses à faire « pour le respect de la culture démocratique ». Il pense aussi qu’il faut accélérer le processus des contestations électorales. En sus, il plaide pour que les partis mainstream de même que les partis extraparlementaires « se recyclent ». « Ils ont tous un problème de crédibilité. C’est à revoir. Chacun ne pense qu’à soi. Le gouvernement est critiqué. Or, l’opposition a aussi ses frasques et n’a rien fait pour corriger le mal du système. Les partis ne sont ni démocratiques ni collectifs. Quand ils perdent, il faut faire un rebranding. Le leader doit démissionner pour qu’un autre puisse émerger », estime l’intervenant.
Recours au Privy council
L’observateur se désole qu’à Maurice, les partis sont centrés autour « d’une personne » et que, dans certains cas, il y a des « dynasties ». Il avance qu’ il est « très important de réfléchir à cela si on veut prôner une culture de bonne gouvernance et démocratique ».
Yvan Martial, observateur politique et ancien éditorialiste, affirme qu’il n’ y a qu’une personne qui puisse amener des changements. « C’ est le Premier ministre qui a le pouvoir et la majorité. S’il y a des corrections à faire à la Constitution et au système électoral, il faut que le Premier ministre en ait envie. Toute l’île Maurice peut protester, mais cela ne dépend que du Premier ministre », déclare Yvan Martial.
Il précise aussi que le rôle du Parlement, en sus de diriger le pays, est de réfléchir sur les besoins du pays. Pour cela, il est d’avis que tous doivent travailler ensemble. « Malheureusement, le système est comme un match de boxe. Le Parlement, ce n’est pas que le gouvernement et l’opposition. C’est la respiration du pays », évoque-t-il.
Yvan Martial croit aussi que c’est « antipatriote » d’avoir recours au Privy Council. « Je pense qu’ on n’a pas le droit de demander à un juge anglais de juger une affaire mauricienne. Je ne fais pas confiance au Privy Council qui peut être manipulé et qui sera toujours au service du gouvernement en place. Nous avons déjà notre Cour suprême. On est suffisamment grand pour se pencher sur nos affaires », lâche l’intervenant.
L’ex-juge Vinod Boolell est d’avis qu’à la suite du jugement du Privy Council, « la porte est grande ouverte aux abus ». Il estime de plus que les pétitions électorales ne peuvent prendre autant de temps, soit quatre ans comme c’était le cas pour la pétition électorale de Suren Dayal. « Il faut des règlements pour que les cas soient réglés en six mois. Tout est à revoir et à refaire. Il faut un consensus national », avance-t-il.
Le leader d’En Avant Moris, Patrick Belcourt, affirme, lui, qu’il fallait mettre sur pied des groupes de travail pour venir avec un code de conduite, alors que Géraldine Hennequin d’Idéal Démocrate revient sur le délai pour trancher sur une pétition électorale. Elle dit « avoir honte » de tout le folklore autour. Quant à l’observateur politique Dharam Gokhool, il parle de « boost » pour le MSM et de « découragement » pour l’ opposition.
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