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Au cœur de Befrienders : l’écoute avant tout

Roseline a intégré Befrienders depuis 2008 et fait partie des bénévoles actifs de l’association.

Depuis 2008, Roseline s’engage comme écoutante bénévole au sein de Befrienders Mauritius. Animée par le désir d’aider les personnes en détresse, elle partage son expérience, le quotidien de cette mission et l’importance d’une écoute active pour sauver des vies.

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Une vocation née du besoin d’aider. C’est ainsi qu’on peut décrire le cheminement de Roseline qui est bénévole chez Befrienders. « Ce qui m’a motivée à devenir bénévole chez Befrienders, c’est un besoin d’aider les personnes en détresse et aussi pour des raisons personnelles. » Une amie déjà engagée dans l’association lui avait parlé d’une session de formation, à laquelle elle a participé. C’était en 2008. Depuis, elle n’a jamais quitté l’organisation.

Son engagement repose sur la conviction profonde que chacun mérite d’être entendu, sans jugement. Cet élan de solidarité s’est transformé en un véritable parcours de vie, façonné par des centaines d’heures d’écoute et d’échanges avec des personnes en souffrance.

Roseline décrit avec précision comment se déroule une permanence au sein de Befrienders : « Dès qu’on arrive, on inscrit sa présence, on vérifie s’il y a eu des appels manqués ou des messages auxquels on doit répondre. On poursuit les chats qu’on reçoit sur WhatsApp et on attend les appels. »

Mais le travail ne s’arrête pas là. Les écoutants rappellent aussi les personnes déjà contactées pour assurer un suivi. « Parfois, on a des face-à-face et on reçoit la personne sur place », raconte-t-elle. Les permanences sont organisées en créneaux de trois heures, de 9 h à 21 h. Toujours deux bénévoles sont présents, pour se soutenir mutuellement et assurer une continuité dans le service.

Devenir écoutant demande bien plus que de la bonne volonté. « Un bon écoutant doit avoir avant tout une oreille attentive et ne pas se laisser distraire par les bruits externes. Il doit faire preuve de patience, de compréhension, ne pas porter de jugement, et surtout s’assurer qu’il a bien compris l’appelant en reformulant », fait-elle comprendre.

Et Roseline insiste sur la nécessité de pratiquer une véritable écoute active. « Il faut faire preuve d’empathie, rester concentré et laisser parler la personne sans l’interrompre », précise-t-elle. Ces qualités sont au cœur de la mission des bénévoles, car elles permettent de créer un climat de confiance où la parole peut se libérer.

Les appels les plus fréquents

Au fil des années, Roseline a constaté des tendances dans les appels reçus. « On reçoit beaucoup d’appels qui portent sur les conflits familiaux entre parents et enfants, et les couples, mais aussi les ruptures amoureuses, la solitude, les problèmes de santé mentale, les problèmes financiers, ou encore la perte d’un être cher, entre autres », constate-t-elle.

De plus, ce sont les jeunes, en particulier, qui sollicitent de plus en plus l’aide de Befrienders, notamment à travers les réseaux sociaux. « Ils appellent surtout à cause de la pression familiale et aussi scolaire, comme les examens. Ils se sentent incompris, voire mal aimés de leurs parents, se méfient des adultes, ne leur font pas confiance », raconte-t-elle.

Et les causes évoquées sont multiples : harcèlement à l’école, cyberharcèlement, premières ruptures amoureuses. Toutefois, derrière ces appels se cache souvent une grande détresse, et l’impression de ne pas trouver de soutien auprès des proches, selon elle.
Roseline reconnaît que ses débuts comme écoutante n’ont pas été faciles. « Au début, c’était plus dur d’un point de vue émotionnel. Même si on a la possibilité de débriefer avec un autre Befriender présent au centre, ce n’est pas toujours facile, surtout si la personne est décidée à mettre un terme à sa vie », avoue-t-elle.

Avec le temps, elle a appris à mieux gérer ses émotions. Mais certaines histoires la marquent encore profondément. Elle se souvient notamment d’un jeune étudiant en grande détresse familiale : « Il avait décidé d’en finir mais après quelques sessions avec Befrienders, il a repris le contrôle sur ses émotions, a réussi ses examens et il est connu dans le pays où il travaille maintenant », se remémore-t-elle. 

Pour Roseline, la joie de voir cette évolution et la gratitude de ceux qui appellent sont une source de motivation inestimable. « C’est la joie d’avoir pu sauver une vie et la gratitude de ceux qui appellent », ajoute-t-elle.

La force de l’écoute active

À travers son expérience, Roseline est convaincue qu’une simple écoute peut changer le cours des choses. « Une simple écoute active peut changer le point de vue d’une personne sur la vie et l’aider à renoncer au suicide », insiste-t-elle. Et ce principe, fondement de Befrienders, montre que l’acte de tendre une oreille attentive, dans le respect et sans jugement, peut avoir un impact immense.

C’est aussi pour cette raison que Roseline lance un appel à la jeunesse et aux familles qui hésitent encore à contacter l’association : « Nous respectons la confidentialité, l’anonymat, et, surtout, ne portons pas de jugement. Nous faisons notre maximum pour apporter le soutien émotionnel dont ils ont besoin. »

Elle interpelle également le grand public, et en particulier les familles, sur leur rôle crucial. « J’invite les parents à passer plus de temps avec leurs enfants, à répondre au mieux à leurs besoins, à écouter ce qu’ils ont à dire, à partager des activités communes – sorties à la mer, au cinéma, randonnées, soirées jeux en famille –, à leur inculquer des valeurs. Pour résumer, montrer à leurs enfants qu’ils les aiment », tient-elle à ajouter. Après plus de quinze ans de bénévolat, Roseline reste convaincue de l’importance de l’écoute et de la présence humaine pour prévenir le suicide.

Devenir aidant

Tous les deux ans, Befrienders recrute et forme de nouveaux bénévoles. Chaque campagne débute par une phase d’information et de recrutement, suivie d’un processus de sélection. Les volontaires retenus bénéficient d’une formation complète à l’écoute et au soutien émotionnel, afin de se préparer à gérer des appels difficiles, des urgences et des situations de détresse variées. Une fois formés, les bénévoles sont accompagnés grâce à un système de mentorat, des séances régulières de débriefing et des formations continues pour renforcer leurs compétences.

L’association compte actuellement une soixantaine de bénévoles et les permanences se font par créneaux de trois heures, de 9 h à 21 h, sept jours sur sept. Chaque volontaire est appelé à consacrer au moins trois heures par semaine à Befrienders. L’objectif, à terme, est d’élargir encore ces horaires afin de répondre à davantage de demandes. Les personnes intéressées peuvent dès à présent contacter Befrienders. La prochaine formation de bénévoles est prévue pour 2026.

 

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