On la connaît pour ses combats pour les droits des travailleurs, mais c’est une autre bataille – peut-être la plus dure – que mène actuellement Jane Ragoo. Elle lutte contre une maladie rarissime : le syndrome de POEMS. Mais fidèle à elle-même, la syndicaliste, qui suit un traitement depuis plusieurs mois à Mumbai, fait preuve de la même détermination, persévérance et courage.
Vous êtes à Mumbai pour suivre un traitement contre le syndrome de POEMS, une maladie très rare dans le monde. Qu’avez-vous ressenti en apprenant ce dont vous souffrez ?
J’étais très choquée. D’abord, je ne savais pas de quoi je souffrais. Et quand je l'ai appris, ça m’a presque faire rire. Cette maladie s’appelle le syndrome de POEMS. Lorsqu'on pense à un poème, on pense à de belles choses, mais après avoir fait des recherches, on a découvert que cette maladie est très rare.
Le traitement que vous suivez est très lourd. D’où tirez-vous votre force pour surmonter cette épreuve ?
Grâce à trois choses. Premièrement, la prière. Si je suis à Mumbai aujourd’hui, c’est que Dieu m’a donné une deuxième chance. Ensuite, il faut penser positif tout le temps. Et finalement - et non des moindres - j’ai le soutien de ma famille et de mes amis à travers le monde.
Malgré le fait que vous souffrez, vous avez tenu à parler de votre maladie aux Mauriciens. Pourquoi ?
C'est simplement effrayant de réaliser qu'il y a des personnes atteintes de cette maladie sans même en être conscientes. Il faut savoir qu’un individu sur un million souffre de cette maladie. J’ai consulté une trentaine de médecins avant d’avoir le bon diagnostic. J’avais cinq symptômes. Les médecins me donnaient beaucoup de médicaments pour soigner la gorge, les boutons, bref, les divers symptômes séparément, alors que ceux-ci sont à l’origine d’une seule et même maladie. En m'exprimant ouvertement, je souhaite conscientiser ceux qui pourraient être atteints de cette maladie sans le savoir, mais aussi pour sensibiliser les médecins. À mon avis, ces derniers doivent adopter une approche holistique, c’est-à-dire soigner le syndrome de POEMS et pas uniquement un symptôme.
Même à plus de 5 000 kilomètres de Maurice, vous continuez votre combat syndical…
Cela me permet de rester connectée. Je suis ce qui se passe à Maurice tous les jours à travers les journaux, les infos, les émissions de radio et les vidéos sur YouTube. Un syndicaliste ne prend jamais sa retraite. Je ne peux pas rester insensible à ce qui se passe autour de moi. Pauvre Reeaz (Ndlr : Reeaz Chuttoo) ! Je le fatigue constamment s’il a suivi telle actualité / dossier et sur ce qu’il fait à ce sujet. Pour le 1er Mai, nous avons eu un grand débat sur ce qu’il fallait faire ou pas pour célébrer les travailleurs. On fait toujours quelque chose le 1er Mai. Finalement, on a opté pour une manifestation à Rose-Hill le 27 avril dernier, qui a attiré pas mal de gens. Le 1er Mai, une cérémonie de dépôt de gerbes et un discours ont eu lieu devant le monument des travailleurs, situé près de la poste de Rose-Hill.
Quel est votre message aux Mauriciens ?
Que nous vivons dans un beau pays loin de la guerre. Nous devons être fiers de vivre à l'abri de tous ces dangers. Cela dit, nous avons des inégalités sociales que nous devons surmonter. Je crois dans le dialogue, car c’est dans celui-ci que la lumière rejaillit. Dans tous les combats que j’ai menés, là où il y a eu le dialogue, des solutions ont été trouvées.
Jusqu’à présent, je supporte bien le traitement qui a commencé à donner de bons résultats. Mon bilan sanguin est retourné à la normale. Je n’ai plus de lésion, mais les séquelles
de la polyneuropathie sont toujours là ».
Les conseils de Jane Ragoo
Ne vous fiez jamais à un seul avis médical. Parlez-en autour de vous, il y aura bien quelqu’un qui vous donnera un conseil juste.
Prenez le temps d'écouter les signaux que votre corps vous envoie. Soyez attentif aux observations de vos proches concernant votre état de santé physique.
Mais surtout, priez et remettez tout entre les mains de Dieu. Ayez la foi. Avoir de bons médecins et placer sa confiance dans la prière envers Dieu peut seulement conduire à des résultats positifs.
Écoutez aussi de la musique et soyez courageux dans la souffrance.
Qu'est-ce que le syndrome de POEMS ?
Le syndrome de POEMS est un trouble rare dans lequel plusieurs glandes endocrines présentent une anomalie du fonctionnement. Il doit son nom aux signes et symptômes qui surviennent fréquemment chez les personnes affectées :
- Polyneuropathie (lésions nerveuses)
- Organomégalie (augmentation de volume du foie, de la rate et des ganglions)
- Endocrinopathie (taux d’hormones anormaux)
- Gammopathie monoclonale (anticorps sanguins anormaux)
- Modifications cutanées (changements de la peau)
Les personnes peuvent présenter les signes suivants :
- Augmentation du volume du foie
- Gonflement des ganglions lymphatiques
- Faible taux de testostérone (hypogonadisme)
- Diabète de type 2
- Faibles taux d’hormone thyroïdienne (hypothyroïdie)
- Taux élevés de parathormone (hyperparathyroïdie)
- Glandes surrénales hypoactives (maladie d’Addison)
- Production excessive de certains anticorps (gammopathie)
- Anomalies de la peau, telles qu’assombrissement et épaississement de la peau, pilosité et petites zones rouge vif (angiomes)
- Zones de destruction osseuse
Le diagnostic du syndrome de POEMS se fait en se basant sur la présence de certains symptômes observés pendant l'examen clinique, ainsi que sur des anomalies détectées dans les taux d'anticorps et d'hormones lors d'analyses sanguines. Le traitement comprend une chimiothérapie et / ou une radiothérapie visant à réduire le nombre de plasmocytes anormaux.
Source : Internet
ELLE A DIT
« Ce qui manque cruellement dans le domaine médical privé à Maurice, c’est une concertation entre médecins pour vraiment aider un patient. J’en suis victime et beaucoup de patients mauriciens que je rencontre à Mumbai disent la même chose, mis à part les frais et dépenses inutiles. Il faudrait aussi plus de communication et d’information sur les maladies rares et ainsi, beaucoup de vies seront sauvées. »
41 ans au service des travailleurs
Jane Ragoo, secrétaire générale de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé, a fêté ses 60 ans à Mumbai le 2 février dernier. Elle est l’heureuse maman de deux enfants : Gary (33 ans) et Deeana (26 ans) et grand-mère du petit Carrick. Cette année-ci, soit depuis mars dernier, marque aussi ses 41 ans de combat en tant que syndicaliste. « Je suis tombée dans le syndicalisme par coïncidence. J’avais 19 ans. Je suis l’ainée de la famille et je devais trouver un travail pour aider mes parents. Nous étions pauvres. J’avais eu deux options : travailler au Casino de Maurice ou comme syndicaliste. Ma mère m’a conseillé le syndicalisme et m’a dit que je pouvais changer par la suite. Moi aussi, je pensais que ce serait un emploi temporaire. Finalement, je suis toujours syndicaliste et je ne le regrette pas mon choix », soutient-elle.
Émue par le combat de Sharon Raina Adeenaden
Jane Ragoo ne cache pas son émotion après avoir lu l’histoire de Sharon Raïna Adeenaden, une jeune femme de 36 ans (Ndlr : à lire un article du Défi Media Group paru le mois dernier et intitulé « Atteinte du thymome, forme bénigne du cancer du thymus - Sharon Raina Adeenaden: son combat contre la maladie… et les préjugés » ). « J’ai lu le récit de Mme Sharon Raina Adeenaden et toutes les difficultés qu’elle a encourues pour trouver sa guérison, à continuer sa vie en s’occupant de ses trois enfants. Je vous respecte et vous félicite pour votre courage, Madame Adeenaden », fait-elle ressortir.
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