Le baccalauréat français en poche, Irfan Meera Saib, 18 ans, s’apprête à entamer ses études supérieures à La Réunion. Au terme d’un long cursus, il pourrait devenir le premier médecin mauricien sourd. Sa détermination, espère-t-il, motivera d’autres personnes handicapées à se surpasser.
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La vie ne lui a pas fait de cadeau. Ce jeune homme timoré mais très souriant est né prématurément le 13 octobre 2003. Soit à six mois et demi. Irfan a été placé en couveuse pendant près de deux mois. Par malchance, ses tympans ont été endommagés.
C’est à l’âge de deux ans que les médecins lui ont diagnostiqué une surdité moyenne. Mais en grandissant, sa capacité à percevoir les sons a diminué considérablement. Il est maintenant atteint de surdité profonde. Du côté gauche, il entend uniquement les bruits forts, pas la parole. Irfan peut toutefois entendre de l’oreille droite en portant un appareil auditif. Sans appareil, il n’entend rien.
« Mon fils a eu une scolarité normale. Notre choix s’est porté sur le Lycée des Mascareignes », indique sa mère, Zinnat Banon Nawoor Meera Saib, avouée de profession. Âgé de 18 ans, Irfan vient d’obtenir son baccalauréat avec mention. « Il a brillé justement parce qu’il est différent des autres élèves par son handicap physique », estime la maman.
Ses deux matières principales étaient les mathématiques et les sciences de la vie et de la terre. « Même s’il a étudié dans une école française, Irfan avait à fournir des efforts importants car il devait lire sur les lèvres pour comprendre les cours. Le plus dur a été durant le confinement. Les classes se faisaient en ligne et il éprouvait des difficultés à suivre. Nous avons toutefois bénéficié d’un coup de main de l’école. Les cours ont été sous-titrés, entre autres », explique Zinnat.
Ce n’est pas par hasard qu’Irfan a choisi de s’orienter vers la médecine générale. Il est le neveu du Regional Health Director et gynécologue Ismet Nawoor. « Il a été inspiré par son oncle. Plus jeune, il voulait devenir gynécologue ou pédiatre », confie sa mère. Puis, poursuit-elle, il a toujours été intéressé par les sciences et il aime se lancer dans des recherches.
Le jeune homme a été admis à l’université de La Réunion. « Irfan est emballé à l’idée d’étudier à l’étranger. Nous allons nous rendre avec lui à l’île sœur pendant trois semaines, le temps de son installation. Il va faire une licence de sciences pour la santé. En parallèle, il entamera ses études de médecine. Nous allons suivre son évolution à La Réunion et il est possible qu’il poursuive ses études en France par la suite. En fonction de la spécialisation qu’il envisagera, il choisira », dit Zinnat.
L’aîné de la fratrie
Irfan a une sœur cadette, âgée de 16 ans. Également inscrite au Lycée des Mascareignes, elle est en classe de première. Irfan et elle ont toujours été très complices. C’est la raison pour laquelle ils étaient scolarisés dans le même établissement.
Irfan : « Je ne me suis jamais apitoyé sur mon sort »
Jeune homme organisé et discipliné, Irfan confie qu’il est « de nature introvertie » et qu’il a un penchant pour le sport. Actuellement, il est en vacances, se repose et prépare son départ pour La Réunion. Se sent-il prêt moralement ? « Oui. Puis les membres de ma famille m’épaulent à l’aube de ce changement de vie que je vois comme une nouvelle aventure », dit-il.
Je me considère, poursuit-il, comme une personne légèrement différente des autres. « J’entends grâce à un appareil. Avec des efforts, j’arrive à m’adapter aux diverses situations qui se présentent. J’essaie de comprendre la parole même si c’est loin d’être facile. Je dois lire sur les lèvres et aussi déchiffrer les sons que j’entends », indique-t-il.
Irfan réalise qu’il sera peut-être le premier médecin mauricien atteint de surdité. « Je n’ai jamais perçu ma surdité comme une barrière à mon progrès. Je ne me suis jamais apitoyé sur mon sort. Dans la vie, il faut toujours persévérer, quelles que soient les épreuves. Si je réalise mon rêve de devenir médecin, je serai fier d’être une source d’inspiration et d’encouragement pour les autres handicapés. D’ailleurs, j’ai un message à adresser aux personnes en situation de handicap. Votre handicap n’est rien en face de vos rêves. Croyez-en vous-même et ayez confiance en vos capacités ! »
Envisage-t-il d’exercer à Maurice ou en France une fois diplômé ? « Je ne sais pas encore. Tout dépendra des opportunités qui se présenteront », termine-t-il.
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