Assurance médicale pour les fonctionnaires - Narendranath Gopee : «Cette mesure est un ‘bribe’ électoral»

Narendranath Gopee, de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), perçoit l’introduction d’une assurance médicale pour les fonctionnaires d’un mauvais œil. Le syndicaliste est d’avis que « le gouvernement s’est tiré une balle dans les pieds » à travers cette mesure qui a été annoncée le 1er mai. Il intervenait lors de l’émission ‘Au cœur de l’info’, animée par le duo Patrick Hilbert/Ruth Rajaysur, sur les ondes de Radio Plus lundi.

«L’assurance médicale destinée aux fonctionnaires est une mesure préconisée depuis 2008. Le rapport du PRB de 2013 abonde aussi en ce sens. Le 1er mai dernier, soit lors du meeting de la fête du Travail, le gouvernement a annoncé cette mesure en soulignant que c’est quelque chose de nouveau. D’où le fait que cette mesure n’est qu’un ‘bribe’ électoral. Le gouvernement doit comprendre que le secteur public ne doit pas être politisé », a fait ressortir Narendranath Gopee. Au lieu d’introduire une assurance médicale pour les fonctionnaires, poursuit le porte-parole de la FCSOU, le gouvernement aurait dû améliorer les services dans le secteur médical. Ce dernier est aussi d’avis que les employés du service civil devraient avoir la liberté de choisir leurs compagnies d’assurances et d’assurer que les polices puissent couvrir toutes les maladies. « Il faut également trouver une formule pour couvrir le maximum de fonctionnaires », précise le syndicaliste.

Initiative qui remonte à 1998

Le Dr Ashok Aubeeluck, ex-directeur du Budget, a également commenté cette mesure du gouvernement dans son intervention lors de l’émission. Il a fait ressortir que cette « initiative louable remonte à 1998 » mais n’a pas pu voir le jour car des modalités pour son implémentation n’avaient pas encore été calculées, le secteur financier du pays était encore au stade embryonnaire, ou encore la mise en pratique du projet s’était rapprochée des échéances de l’époque. « De nos jours, les Mauriciens sont en quête d’une assurance et de services de qualité. Les hôpitaux seront moins débordés et le privé dispensera des services de qualité », a-t-il dit.

La MRA  critiquée

Autre thème abordé lors de l’émission est la politique fiscale de la Maurtius Revenue Authority (MRA) par rapport aux compagnies qui brassent jusqu’à Rs 100 millions par an. Amar Deerpalsing, le président de la Fédération des PME, est d’avis que « la MRA ne fait aucune distinction entre les petites et moyennes entreprises et qu’elles sont  logées à la même enseigne ». C'est-à-dire, selon Amar Deerpalsing, les entreprises écopent des mêmes pénalités et doivent débourser les mêmes montants. « Chose qui n’est pas équitable. Les pénalités sont tellement élevées à en croire que la MRA s’adonne à une extorsion. Les amendes doivent être en fonction des opérations de l’entreprise », propose-t-il. Ce dernier a ensuite égratigné les conglomérats en soulignant qu’elles ne sont « jamais » approchées par la MRA et que ledit organisme serait plus intéressé à inquiéter les petites entreprises. 

Évasion fiscale redoutée

L’économiste Pramode Jaddoo est ensuite intervenu. Il a souligné qu’une telle mesure encouragerait l’évasion fiscale dans le pays. « Le paiement de la taxe fait partie du principe de ‘good citizenship’. Si une compagnie touche moins d’argent, elle paiera moins », a-t-il dit. Ce dernier a ensuite fait ressortir que la politique économique n’a pas sa place dans les meetings du 1er-Mai. « Les politiciens doivent cesser d’utiliser l’arme économique sur des plateformes politiques. L’arme politique est utilisée uniquement pour une question de vote », fait remarquer l’économiste. Il a ensuite proposé la mise sur pied d’une plateforme regroupant des têtes pensantes de l’économie  afin de mettre en œuvre des propositions.