98 personnes se sont suicidées l’année dernière relève le Health Statistics Report de 2016. Et ce sont aussi 392 tentatives de suicide qui ont été enregistrées. Une situation qui est préoccupante, note José Émillien, président de l’association Befrienders (Mauritius).
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« Befrienders bonjour, est-ce que je peux aider ? », répond la personne au bout du fil, quand vous composez le 800 9393. Befrienders (Mauritius), la seule organisation non gouvernementale (ONG) à l’écoute des personnes à tendance suicidaire, reçoit en moyenne 80 appels par mois. Ils proviennent de personnes qui souhaitent se confier, exposer leurs difficultés ou simplement avoir une oreille attentive pour les écouter avec empathie et sans jugement.
« Les appels sont traités en toute confidentialité », explique José Émillien. Il ajoute que l’association reçoit aussi, à son siège à Beau-Bassin, des personnes sur rendez-vous.
Befrienders est ainsi à la disposition des personnes qui récidivent ou qui ont besoin d’un suivi, en cas de « suicides ratés ». José Émillien remarque que c’est souvent une tierce personne qui appelle l’association pour solliciter l’aide de Befrienders pour les accompagner. Mais ce soutien se fait avec le consentement de la personne qui a tenté de se suicider.
Causes
José Émillien constate qu’il y a un rajeunissement du suicide à Maurice. Il explique cela par le « bullying » très présent dans les établissements scolaires. Ajouté à cela, il y a le harcèlement sur les réseaux sociaux, l’orientation sexuelle, l’ostracisme…
« Le suicide rajeunit, car les gens ont de moins en moins de résilience avec la pression qui vient de toute part : études, parents, autorités, résultats, etc. Il y a aussi le manque de dialogue et de communication », explique-t-il. Et parmi les autres causes du suicide, il y a la perte d’emploi qui concerne beaucoup de jeunes et d’adultes, les dettes de jeu, la maladie, le rejet, les divorces.
Selon José Émillien, il y a de plus en plus de familles disloquées, séparées et les jeunes n’arrivent pas souvent à trouver leur place et à trouver quelqu’un pour les accompagner et les guider.
« On donne beaucoup de biens matériels aux enfants en négligeant le côté affectif. Les parents ne sont pas présents, en raison des longues heures de travail, ce qui fait qu’ils n’ont pas assez de temps pour être avec leurs enfants », ajoute-t-il.
L’autre extrême c’est la surprotection. « Beaucoup de parents veulent donner à leur enfant ce qu’ils n’ont pas reçu ». Cette surprotection est souvent néfaste, une fois que l’enfant a grandi et entre dans le monde du travail où il n’arrive pas à se débrouiller seul, car il a tout le temps eu ses parents pour l’épauler quand il a des problèmes. Ce manque d’autonomie peut les rendre vulnérables, selon José Émillien.
Il insiste sur le fait qu’une personne qui a des difficultés ne devrait pas rester seule dans son coin, mais chercher quelqu’un pour en parler. Et à l’entourage il demande d’observer les signes de changement de comportement. Il affirme que huit personnes sur dix donnent des signes avant d’essayer de se suicider. Ces signes sont soient verbaux ou non verbaux.
Befrienders est à l’écoute de 9 heures à 21 heures tous les jours.
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