Assemblée nationale : une rentrée qui s’annonce houleuse

Après plus de trois mois de vacances, les parlementaires reprennent le chemin de l’hémicycle, le mardi 24 octobre. Une rentrée qui rimera avec animation et passion. Plusieurs affaires sont à l’agenda, dont les histoires de mœurs impliquant le PPS Kalyan Tarolah ou le ministre de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur. La partielle à la circonscription Belle-Rose/Quatre-Bornes (no 18) viendra corser les débats.

L’ambiance promet d’être électrique. L’opposition a affûté ses armes, notamment concernant le cas Tarolah. L’étau se resserre autour du Private Parliamentary Secretary (PPS). Si une enquête a été initiée contre lui à la suite d’une plainte de Latchmee Devi Adheen au Central Criminal Investigation Department, pour une affaire de photos obscènes et de sextos, Kalyan Tarolah doit aussi faire face à une motion de blâme du député mauve Rajesh Bhagwan. D’ailleurs, plus d’un au sein de l’opposition réclament sa démission.

Autre cas qui intéresse les membres de l’opposition, celui concernant le vice-Premier ministre et ministre du Logement et des Terres. Showkutally Soodhun fera face à la justice pour des propos tenus contre le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Le Directeur des poursuites publiques a déposé une accusation formelle d’outrage à un membre de l’Assemblée nationale contre le ministre.

Il y a aussi l’affaire Sesungkur. Le ministre de la Bonne gouvernance est pointé du doigt par Pamela Seedheeyan, une enseignante habitant Trou-d’Eau-Douce. Celle-ci l’accuse de harcèlement sexuel et d’intimidation. Quant à Jeetundrasingh Seedheeyan, l’époux de la dénonciatrice, il a saisi la commission anti-corruption. Il allègue que Sudhir Sesungkur lui aurait proposé un emploi après les allégations de sa femme afin, selon lui, d’acheter son silence.

Le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval, quant à lui, ne compte pas faire de cadeau. Il annonce qu’il lèvera le voile sur plusieurs scandales et dénoncera toutes les failles, petites ou grandes. « Comptez sur moi pour faire mon travail sans peur ni appréhension. Une opposition est importante dans un pays. On ne peut avoir un bon gouvernement si on n’a pas une bonne opposition », lance Xavier-Luc Duval.

«Maintenir l’unité»

Le leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) déplore, dans la foulée, que l’opposition est divisée. Et selon lui, l’effet de la campagne à Belle-Rose/Quatre-Bornes, où plusieurs partis présentent chacun son candidat, se fera sentir. « Le PMSD fera son maximum pour maintenir l’unité de l’opposition », indique-t-il. Pour cela, Xavier-Luc Duval misera sur la concertation entre les différents partis et une politique d’ouverture pour que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice.

Quant au président du Mouvement militant mauricien (MMM) et ancien Whip de l’opposition, Rajesh Bhagwan, il soutient qu’il est clair que les « frasques du gouvernement Lepep » continuent à choquer. « Celui-ci n’existe qu’à travers la MBC. Et Pravind Jugnauth ne parle que dans des fonctions officielles. Il ose faire la leçon alors que son gouvernement est en train de couler », s’insurge notre interlocuteur.

Rajesh Bhagwan affirme, par ailleurs, que le MMM dévoilera de « gros dossiers » contre le gouvernement. « Comme lors des dernières séances, nous ferons éclater des affaires suspectes au grand jour », poursuit l’ancien Whip de l’opposition.

Dans le camp de la majorité, le Deputy Chief Whip déclare qu’on attend l’opposition de pied ferme. « Durant les vacances parlementaires, il y a eu des événements sur lesquels beaucoup a été dit. C’est un complot contre le gouvernement et nous n’allons pas nous laisser faire », souligne Ravi Rutnah.

Le gouvernement est prêt à riposter contre les attaques de l’opposition et la motion de blâme visant le PPS Tarolah. « Nous n’allons pas regarder cette affaire avec des visières. Nous irons au-delà du cas Tarolah et nous nous pencherons sur la moralité des membres de l’opposition également ».

Questions et projet de loi à l’agenda

Le sort des Cleaners, les recommandations du rapport du Fact-finding Committee sur Vijaya Samputh, ancienne directrice du Cardiac Centre, les conseils d’administration sur lesquels siège le Secrétaire du cabinet, Nayen Koomar Ballah, la constitution du Board de la MBC et le nombre de voyages à l’étranger des ministres de 2016 à ce jour, entre autres, seront au menu lors de cette rentrée parlementaire. Le National Employment Bill est aussi à l’agenda. Ce projet de loi vise à abroger la législation actuelle sur l’emploi et la formation. Il entend aussi encourager un cadre législatif plus approprié et plus moderne pour répondre aux besoins du marché du travail, y compris l’inadéquation des qualifications, le sous-emploi, le chômage et les perspectives d’emploi.