22 degrés. Brise hivernale. Ciel à mi-couvert. Le cadre enchanteur de l’hôtel LUX* Grand-Gaube. Un service impeccable. L’atmosphère est détendue en ce début de cocktail après la tenue de l’assemblée générale annuelle de l’Association des restaurateurs et hôteliers de l’île Maurice (Ahrim).
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Les discours s’enchaînent. Des divergences entre opérateurs et le ministre du Tourisme, Anil Gayan, se dévoilent au grand jour en cette nuit de pleine lune. Des piques. Des répliques. Mais gouvernement et opérateurs sont d’accord que dialogue, étroite collaboration et approche inclusive sont les seules façons pour que ce riche secteur puisse poursuivre sur la route de la croissance.
C’est Jean-Louis Pismont, président sortant de l’Ahrim et Chief Operations Officer du groupe Beachcomber, qui annonce la couleur dès le début de son discours : « Les hôteliers sont las, Monsieur le ministre, de s’entendre constamment reprocher leur insensibilité aux besoins économiques des communautés locales. Ils sont las de s’entendre dire qu’ils pratiquent un tourisme égoïste. Ils feraient, dit-on, peu d’efforts pour stimuler l’économie des régions dans lesquelles ils sont implantés. La croissance des hôtels ne profiterait pas aux opérateurs de ces communautés, tantôt le taxi ou l’artisan, tantôt le plaisancier ou l’agriculteur. Parce que les hôteliers refuseraient de s’approvisionner auprès de ces acteurs économiques ou, plus étonnant, les hôteliers séquestreraient, à l’intérieur de leur établissement, les touristes. Voilà ce qui est dit. Ce reproche est injuste. »
Son successeur à la présidence, Jean Michel Pitot, Chief Executive Officer d’Attitude, enchaîne dans le même ton : « Il faut le dire haut et fort : nous menons un combat permanent pour amener le niveau de notre offre hôtelière au goût d’une clientèle de plus en plus demandeuse de services exclusifs et d’attention. C’est au prix de beaucoup d’acrobaties que l’on arrive à maintenir le prestige d’antan. »
Il cite la nécessité du dialogue, le partage des perspectives et que les partenaires des hôteliers voient l’envers du décor. Il s’aventure sur un sujet, source de divergences entre opérateurs et gouvernement, les touristes chinois « puisqu’ils déchaînent les passions ». Tour à tour, il parle de la méconnaissance de certains marchés, des erreurs stratégiques dans un passé récent.
Intervenant en dernier, le ministre du Tourisme dit qu’il est la cible de ces propos. « J’ai écouté avec beaucoup d’attention les discours du président sortant et du président nouvellement élu. J’ai décelé des points communs qui méritent une réplique. Je sens que vos reproches, voilés certes, me sont destinés. » Et d’ajouter plus loin : « L’avenir du tourisme durable dépend de l’inclusivité. Je répète que l’industrie sera défendue et protégée quand tout le monde se sentira partie prenante. » À son tour, point par point, il répond aux critiques, tout en affirmant que le gouvernement sera toujours à l’écoute des opérateurs.
Au final, ces échanges ne seraient-ils pas un début à un dialogue franc et constructif pour un secteur qui devrait rapporter quelque Rs 63 milliards au pays ?
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