Faits Divers

Assassinée à coups de couteau par un mari violent : Ashnaa Bhayraw défendait son bourreau car elle l’aimait

030518_couple_bhayraw.jpg Le suspect et son épouse.

Le temps s’est arrêté pour Anita Devi Samy, 54 ans. Sa fille unique Anjani Devi Bhayraw, 28 ans, femme battue, a trouvé la mort sous les coups d’Oumesh Bhayraw, un époux violent. Mercredi, au cours d’une dispute, la jeune maman a été poignardée mortellement par l’homme qui partage sa vie. 

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Pendant plusieurs années, la victime souffrait en silence des violences dont elle faisait l’objet. Malgré les conseils de ses proches de le quitter, Anjani Devi entretenait l’espoir que son époux allait changer. En fin de compte, ce dernier est devenu son bourreau.

Anjani, que tout le monde appelait Ashnaa, a aimé d’un amour sincère son époux à en croire leur proche. « Zot inn contant », lâche Anjani Devi, la mère de la victime. Cette dernière se rappelle qu’en 2005, les deux amoureux s’étaient rencontrés et avaient juré de ne plus se séparer. « Ma fille a étudié jusqu’à la Form V. Elle avait bien travaillé », nous explique-t-elle avant d’ajouter : « Ils se sont rencontrés pour la première fois alors que ma fille m’accompagnait au travail dans une usine. »

Nouvelle tournure

Leur relation a pris une nouvelle tournure au bout de sept mois. « Mo zann mem inn vinn fer so deman. » Oumesh Bhayraw, originaire de Plaine-Verte, a pendant deux ans rendu de fréquentes visites à la famille d’Ashnaa. « Li ti rest kot momem, bwar manzer. Ti enn bon garson. Ena travay konstriksion lakaz limem kinn fer. Zame enn zour linn zour mwa ou mank nou du respe dan lakaz, zame. Pann trouv zot mem diskite pandan tousa letan la », nous explique la mère. Ils se sont mariés le 29 avril 2007.

Ashnaa est alors partie s’installer chez son époux à la rue Inkerman, Plaine-Verte, mais les choses n’ont pas tardé à changer pour elle. Alors qu’elle s’imaginait vivre le parfait amour, l’homme avec qui elle avait commencé une nouvelle étape de sa vie s’est révélé être un tyran. « Lindi chawtaree fini, mardi mem li komans anvoy pla lor mo tifi bles li dan so lipie. » Ce n’était que le début du calvaire pour la jeune mariée.

Par crainte du qu’en-dira-t-on, la jeune femme préfère souffrir en silence et se taire. « C’est bien plus tard que j’allais avoir connaissance de cet incident », poursuit sa mère. Chez l’époux, il y a également Shobha, la mère d’Oumesh. « Ti arive zot diskite, me apre zot fini korek. Mo garson ti pe ankoler pou enn timama apre li kalme », explique la sexagénaire.

Mais au sein du couple, rien ne va plus. Oumesh commence à avoir des ennuis avec la justice. Il est arrêté pour vol. La raison évoquée du côté de ses voisins. « Il est devenu accro à la drogue synthétique et cela le minait », nous fait-on comprendre. En apprenant cette nouvelle, Anita Devi demande alors à s’entretenir avec le couple. « La osi fode enn madam kin vin dir mwa ki mo zann pe drogue. Monn apel mo tifi. Monn dir li ki sa problem ladrog la ? Linn dir mwa non, so mari pa drogue. Li fim zis gandia. Li ti pe defann so mari », regrette-t-elle.

Naissance de leur fils aîné

Après leur entretien, elle croyait que son gendre allait changer d’attitude, d’autant plus qu’Ashnaa, entre-temps, avait donné naissance à leur premier enfant, un garçon. Mais Oumesh usait toujours de la violence sur son épouse pour obtenir ce qu’il désirait. « So madam ki ti pe travay. Li li pa fer nanie, apre li bat fam lamem », s’indigne le voisinage.

Au cours des rares occasions où la jeune femme voyait sa mère, elle défendait son époux à chaque fois. « Pa gagn drwa dir nanie apropo so misie. Li defann so bolom ». Au fil des années, Anita ne pouvait plus voir sa fille souffrir en silence. « Un jour, elle est venue à la maison. Elle avait laissé son fils avec sa belle-mère. Li dir mwa linn gagn bate. Monn al get mo zann, monn dir li ki mo repran mo tifi. Linn dir mwa ki zot pou rekorek. Zis enn diskision sa ». Ashnaa est retournée vivre chez son époux.

Puis, il y a eu la venue de leur deuxième enfant, une fille,  mais les choses ne se sont guère ameliorées. Pis, Oumesh est condamné à 18 mois de prison pour possession d’objets volés. Il purgera sa peine. «  Mo mem pa ti kone ki mo zann ti ferme. Pandan preske in nan mo pann trouv mo tifi. » 

« Au cours de l’incarcération de son époux, la jeune femme travaillait dans une clinique. Mari ti dan prizon, madam lamem fer tou. Get zanfan, okip manzer, bwar tou limem », nous explique un voisin.

Une fois la liberté retrouvée, Oumesh est revenu à la maison. Le couple a accueilli son troisième enfant, une autre fille. Les coups ont recommencé à pleuvoir sur Ashnaa. « Enn zour mo ti trouv so enn kote figir ble. Monn dir li : Ashnaa ki tonn gagne. Linn dir mwa ki linn tombe », se souvient sa mère qui, au fond, savait que c’étaient les coups reçus de son époux violent.  

Ashnaa a pu obtenir un Protection Order de la cour contre son époux. En début d’avril, Anita a fêté son anniversaire. « Elle m’a dit qu’elle m’achetait un cadeau une bonne fois pour toutes à l’occasion de la fête des mères », se rappelle-t-elle.

Le 28 avril, le couple a fêté ses onze années de vie commune. « J’étais chez eux. Il n’y avait aucun incident. À les voir, on dirait qu’ils étaient un couple normal, mais c’était loin de la réalité », explique Anita Devi. Et le 2 mai, le drame s’est produit après une énième dispute au sein du couple. Ashnaa, qui pardonnait toujours à son époux, croyant qu’il allait revenir à des meilleurs sentiments, a été tuée de sang-froid par Oumesh à coups de couteau. Ce drame a plongé deux familles et tout le voisinage, à Plaine-Verte, dans une profonde tristesse doublée de colère. « Si depi avan mem li ti pou dir lapolis, so mari ti pou fini ferme. Li ti enn dimoun telma douss », se désole une voisine, en colère.

Anita Devi ne cesse de pleurer cette douloureuse perte. « Ala ki kado linn donn mwa », pleure-t-elle. Les trois enfants de la victime, âgés de 9  ans, 2 ans et six mois, se retrouvent orphelins, car leur père a été arrêté à la suite de ce crime. « Zot ti korek pandan de mwa, me pa kone kinn arive », se désole Seeven, le frère d’Ashnaa. Pour Shobha, la mère d’Oumesh, c’est une fille qu’elle a perdue et non une belle-fille. «  Ayo mama, mo lakaz dan nwarte. Mo piti, ki tonn fer », demande-t-elle à chaudes larmes. « Mo ti pe get li koma mo tifi mem. Li ti pe vinn get mwa nou koze », ajoute-t-elle. Les funérailles de la jeune femme ont eu lieu jeudi. Elle a tenu à y assister avec le frère d’Oumesh. « Cela me fend le cœur pour mon neveu et mes nièces », dit le frère du suspect.

Une dispute de trop qui finit en sang

8 h 45, mercredi, la police de Plaine-Verte est mandée au domicile du couple à la rue Inkerman.  Oumesh se dispute avec son épouse. C’est cette dernière qui a alerté la police. Une fois les agents sur place, la jeune femme leur explique qu’elle ne veut pas porter plainte.

«  Mo misie inn deza fer prizon. Si mo port plint zot pou ferm li », devait-elle faire comprendre aux policiers. Ceux-ci ont alors rappelé à l’ordre l’époux et l’ont sommé de se tenir à carreau. Puis, ils sont repartis. Une nouvelle dispute a éclaté juste après. Cette fois, l’époux s’est saisi d’un couteau et a asséné deux coups à l’estomac d’Ashnaa, avant de prendre leurs deux enfants en bas âge pour les laisser avec la voisine.

Ashnaa n’a pas survécu à cette agression. Arrêté peu après, le suspect a expliqué que plus tôt, c’était à cause de l’argent de l’essence qu’il s’était disputé avec son épouse. Pour la seconde dispute, il lui reprochait de lui être infidèle. « Laraz dan mwa monn pik li ek kouto », a-t-il avoué. Il a été inculpé de meurtre.

 

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