Vous êtes l’un des premiers à avoir formulé l’idée d’un transport gratuit pour tous. Que pensez-vous de la proposition de l’opposition PTr-MMM-ND de faire de cela une réalité ?
C'est un grand pas dans la bonne direction. L'idée d'un transport public gratuit, notamment en bus, émane des syndicats et est discutée depuis plusieurs années, même depuis plus de 15 ans. Rezistans ek Alternativ et l’UBIW ont été parmi les premiers à proposer des solutions pour un transport alternatif, avec une étude de faisabilité réalisée il y a 10 ans par Devianand Narain, secrétaire de la GWF. Cette initiative a été suivie par d'autres études menées par l'UOM, avec Narain également impliqué.
En tant que parties prenantes de ces recherches, la question est revenue sur le devant de la scène l'année dernière lors des discussions avec les travailleurs et des employeurs dans le cadre des négociations collectives, notamment avec le TBS ou encore le RHT. Mettre l'idée d'un transport public gratuit sur la table pour une discussion ouverte est une avancée majeure pour REA et UBIW.
Quelle formule est plus adaptée au contexte mauricien ?
Il est essentiel de développer des modalités pour accompagner cette proposition, avec plusieurs autres mesures complémentaires. Nous pensons qu'il est nécessaire d'intégrer les bus, les vans et le métro, avec une carte unique permettant de voyager dans n'importe quel mode de transport. Il faut également encourager l'utilisation de bicyclettes, en mettant en place des infrastructures de stationnement sécurisées.
Cela permettrait de faire d'une pierre deux coups, en améliorant la condition physique de la population tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Il est également important que cette mesure soit accompagnée d'une transition écologique, peut-être en envisageant un projet de transport public national alimenté par l'énergie solaire, ce qui constituerait un énorme pas en avant.
Il est nécessaire que cette gratuité soit bien pensée, mais aussi qu'elle soit accompagnée de conditions de travail uniformes, reconnaissant le travailleur du transport comme fournissant un service essentiel à la population, avec des conditions de travail équivalentes à celles du secteur public.
Quels sont, selon vous, les principaux bénéfices socio-économiques de cette mesure ?
C'est énorme. Cela va diminuer la congestion. Nous avons ce problème et il est essentiel d'encourager la population à utiliser les transports en commun. Il faut impérativement agir. Combien de routes pouvons-nous construire ? Nous atteignons déjà la saturation là où nous pouvons construire. La construction du métro a déjà entraîné des inondations selon certains, même s’il n’y a pas de données scientifiques. Le fait reste qu'il y a une limite au développement des routes. Il faut changer de politique. Le transport gratuit est un changement politique. Cela réduirait également les accidents sur nos routes. Les gens sont plus en forme lorsqu'ils utilisent des bicyclettes. Si nous alimentons les bus par l’énergie solaire, ce serait un énorme bond en avant depuis l'indépendance. Je pense que c'est une mesure que notre syndicat REA et les écologistes ont proposée. Le monde entier va dans cette direction. Beaucoup de villes dans le monde ont des transports gratuits.
Néanmoins, cela a un coût. Comment trouver les fonds nécessaires ?
Aujourd'hui, nous payons déjà 70 % du coût d'exploitation du transport par bus et le métro bénéficie également de subventions. Cette subvention est en réalité un investissement écologique et économique. Au lieu de subventionner les villes intelligentes, il serait plus judicieux de diriger ces fonds vers des projets d'intérêt commun. Bien sûr, cela nécessiterait des changements - oui - mais c'est un choix de société.
Quel serait l’avenir des receveurs, car certains disent que leurs emplois seraient menacés ?
Au contraire, il est crucial de considérer les travailleurs du transport comme ceux qui fournissent des services essentiels. Si nous laissons simplement le transport fonctionner sur la base du profit, cela posera problème à long terme. Des bus sont déjà opérés par un seul conducteur, ce qui a déjà conduit à des pertes d'emplois pour des travailleurs du transport. Si plus de personnes utilisent les transports en commun, il faudra plus de bus sur la route.
Quant au métro, il est en service, mais il nécessite encore une surveillance et une assistance constantes de la part des officiers. Pour continuer à fonctionner efficacement, un système de cartes est nécessaire, comme dans d'autres pays, pour mieux contrôler l'utilisation.
Si cela implique une réduction de la main-d'œuvre, ce que je ne pense pas, nous devons réfléchir à la manière de progresser sur le plan social et de protéger les travailleurs.
Pensez-vous que le transport gratuit pour tous pourrait encourager un changement de comportement durable, notamment en diminuant l'utilisation de la voiture individuelle et en favorisant des modes de déplacement plus écologiques ?
Nous devons changer notre état d'esprit. Le système de métro avait déjà prévu des feeder buses, où les bus emmèneraient les passagers à la station de métro. Tout dépendra de ce qui sera inclus dans le package. En plus des feeder buses, nous pouvons également envisager des services de location de vélos pour compléter le système comme j’ai mentionné.
Il est crucial de trouver des moyens pour que chacun puisse sortir de chez lui et se rendre à son travail, en connectant tous les modes de transport dans un système de transport national. Cela encouragera naturellement davantage de personnes à utiliser les transports en commun.
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