Un an après l’arrivée au pouvoir de l’Alliance du Changement, le ministre de la Sécurité sociale et dirigeant de Rezistans ek Alternativ, Ashok Subron, dresse un bilan nuancé. Invité de l’émission Au Cœur de l’Info, il reconnaît la frustration face à la lenteur des réformes, tout en invoquant des « circonstances atténuantes ».
« Nous sommes frustrés par la lenteur des implémentations, mais il y a des circonstances atténuantes que nous devons prendre en considération », a déclaré le ministre de la Sécurité sociale et dirigeant de Rezistans ek Alternativ (ReA), Ashok Subron. C’était lors de son passage dans l’émission « Au Cœur de l’Info », animée par Ashna Nuckcheddy-Rabot, le vendredi 7 novembre. L’entretien a permis de dresser un premier bilan après un an de mandat gouvernemental et d’éclairer la position de ReA au sein de l’Alliance du Changement, tout en abordant des sujets sensibles tels que les nominations, la réforme des pensions, la lutte contre la drogue et la gouvernance des institutions publiques.
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Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, a ouvert le débat en revenant sur les lenteurs observées dans certains dossiers gouvernementaux. Il a expliqué que ces retards ne traduisent ni un manque d’intérêt ni une incapacité à agir, mais résultent de la complexité du fonctionnement institutionnel. « Il y a deux pouvoirs : le pouvoir permanent, incarné par la fonction publique, et les partis politiques qui veulent agir rapidement. Faire cohabiter les deux est difficile », a-t-il souligné. Certaines nominations ont dû être rectifiées, a-t-il reconnu, mais ces ajustements reflètent avant tout la volonté du gouvernement de garantir des institutions solides et conformes à la loi.
Une alliance politique en quête d’équilibre
Abordant les tensions internes à l’Alliance du Changement, Ashok Subron a admis que des divergences peuvent parfois apparaître dans l’espace public avant d’être discutées en interne.
Pour lui, Rezistans ek Alternativ reste fidèle à sa ligne idéologique : « Nous sommes dans l’alliance pour implémenter ce qui a été convenu dans l’accord. Nous sommes frustrés concernant certaines réformes, mais nous restons concentrés sur leur mise en œuvre. »
Le ministre appelle à une meilleure coordination entre les quatre partis de la coalition afin de mieux définir la distinction entre le rôle des partis politiques et celui de l’État.
La réforme des pensions : une décision difficile mais nécessaire
Le bilan gouvernemental passe également par la réforme des pensions, l’une des décisions les plus impopulaires du gouvernement. Ashok Subron a rappelé la complexité du chantier : « Il y avait une urgence concernant la pension à 65 ans. La population supporte un fardeau fiscal important et il fallait recalibrer le système. Nous étions confrontés à une crise de la dette et devions agir rapidement pour respecter nos engagements vis-à-vis des instances internationales comme Moody’s. »
Conscient de la portée sociale et politique de cette réforme, il insiste sur la nécessité d’assurer un système durable et équitable. Des ajustements ont été introduits, notamment la possibilité pour les pensionnés de voyager jusqu’à douze mois à l’étranger tout en conservant leurs droits, ainsi que la mise en place de panels d’évaluation et l’élargissement des directives médicales.
« Il fallait prendre des décisions difficiles, mais responsables, pour garantir un régime de pensions juste et durable », a-t-il conclu.
Des ajustements pour plus d’équité sociale
Toujours sur la question des pensions, le ministre a évoqué d’autres chantiers en cours, notamment autour de la Disability Pension. Des travaux visent à établir de nouvelles directives pour rendre le processus plus fluide et éviter les interruptions injustifiées d’allocations. Il a également insisté sur la révision des allocations destinées aux carers, indispensables pour une meilleure prise en charge des personnes en situation de handicap ou de dépendance. « Nous devons valoriser ceux qui s’occupent des plus vulnérables », a-t-il affirmé, rappelant que ces réformes visent à renforcer la solidarité sociale.
Gouvernance et résistance au changement
Évoquant plus largement la gouvernance, Ashok Subron a reconnu les résistances inhérentes à tout processus de réforme. « Quand on change un gouvernement, les conservateurs persistent. Ils sont là pour combattre les avancées. Le peuple doit comprendre qu’il y a des forces conservatrices, mais tant qu’il y a la volonté et la possibilité, il y a de l’espoir pour un véritable changement », a-t-il expliqué.
Il a également évoqué la nécessité d’un débat plus ouvert sur la transparence et la modernisation institutionnelle, notamment concernant la National Agency for Drug Control (NADC) ou encore la gestion des affaires offshore. « La répression seule ne suffit pas. Il faut un débat sur la décriminalisation ou la dépénalisation. Je suis en faveur d’une approche légale mieux contrôlée, en m’inspirant des expériences d’autres pays », a-t-il ajouté.
L’affaire Ravatomanga et la question de l’offshore
Interrogé sur l’affaire entourant le magnat malgache Mamy Ravatomanga, actuellement visé par une enquête de la Financial Crimes Commission, Ashok Subron a salué la réaction du gouvernement mauricien : « Le Premier ministre par intérim a très bien fait. Il y avait un soulèvement à Madagascar, un méga profiteur en fuite à Maurice, et il fallait agir. Paul Bérenger a mis l’intérêt du peuple malgache en avant. »
Pour lui, cette affaire met en évidence les zones d’ombre du système offshore mauricien et la nécessité de repenser son fonctionnement : « Il faut un rethinking de l’architecture de l’offshore. Est-ce que nous avons aujourd’hui un système qui favorise une forme d’évasion fiscale ? Nous sommes jugés par des instances internationales, et il est essentiel de garantir la transparence. »
Évoquant la présence de Kushal Lobine dans le panel légal de Mamy Ravatomanga, il a reconnu la complexité éthique d’un tel positionnement : « C’est une question de déontologie. Si j’avais été à sa place, j’aurais eu des difficultés à gérer ce dilemme. » Quant aux rumeurs de lobbying au sein de l’alliance, il est resté réservé : « Je n’ai pas plus d’informations sur le sujet. J’ai lu cela dans la presse, comme tout le monde. »
Le ministre a conclu sur un message fort : « Mamy fait partie de ces seigneurs du monde qui pillent les ressources de la planète. Nous devons repenser notre système offshore pour qu’il reste conforme aux droits internationaux et serve l’intérêt collectif. »
Des réformes à poursuivre avec responsabilité
En conclusion, Ashok Subron a réaffirmé la volonté du gouvernement de poursuivre ses réformes sociales et économiques, malgré les contraintes et les frustrations. Les dossiers liés à la pension, à la carer’s allowance ou à la semaine de 40 heures dans les secteurs non essentiels demeurent, selon lui, des priorités nationales. « Nous devons poursuivre nos réformes et répondre aux attentes du peuple. Tout ce que nous gardons à l’esprit, c’est notre devoir collectif », a-t-il souligné, rappelant que chaque décision prise vise à construire un État plus juste, solidaire et moderne.
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