Ashok Hauradhun: le maître du temps

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15334","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-25704","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"449","alt":"Ashok Hauradhun"}}]] L’horlogerie est d’abord une histoire de précision.

</div> Il est presque 10 heures.  Haut perché dans le ciel, le soleil darde de ses rayons. Mais à l’abri, un homme a les yeux rivés sur les engrenages d’une montre qui a subi l’usure du temps.  Rien de ce qui se passe autour de lui l’intéresse.  Sa concentration semble même le pousser à retenir sa respiration. C’est finalement notre « bonjour », qui finit, toutefois, par l’extirper de son travail délassant sa montre dans une mallette en bois, il se présente. « Je m’appelle Ashok Hauradhun. J’habite Roches-Noires et suis horloger depuis 35 ans », nous lance ce père de famille de 60 ans. Fermant les yeux comme pour remonter le temps mentalement, Ashok se redresse sur sa chaise pour nous raconter ses débuts. « J’ai commencé quand j’avais à peine 15 ans. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours été attiré par cette profession qui n’était pourtant pas une histoire de famille. » Pour son apprentissage, Ashok ira lui-même se faire embaucher comme un grand. « Un jour j’ai pris mon courage à deux mains pour aller voir Rémond Labonté, qui avait un petit atelier à Flacq. Je lui ai dit que je voulais apprendre les ficelles du métier et il a bien voulu me prendre comme apprenti. À l’époque, je ne touchais que 25 sous par semaine. » Quand on est apprenti horloger, on ne touche pas une montre tout de suite. Du moins pas avant cinq ans. « Par le passé, quand on est apprenti, on commence d’abord par confectionner les cadrans en verre pour les montres. Puis on passe aux réveils. Ce n’est qu’après un passage sur les pendules que Rémond Labonté m’a permis de me faire la main sur les montres. » [row custom_class=""][/row]

Fidèle clientèle

[row custom_class=""][/row] Ce qui coûtera à notre horloger en herbe une autre formation de cinq ans. « Il vous faut encore cinq ans pour apprendre le fonctionnement d’une montre. Surtout qu’à l’époque, il y avait que les montres mécaniques, comprenez ceux qu’on remontait manuellement. C’est d’ailleurs des montres qui nécessitaient une très grande minutie au moment de leur réparation. » Puis Ashok quittera son mentor pour, cette fois, accepter un poste chez Boodhoo Bijouterie et Horlogerie, à Port-Louis. « J’ai passé 30 ans chez Boodhoo Bijouterie et Horlogerie. Toutefois, après le décès du patron, le travail n’a plus été le même. J’ai donc décidé de me mettre à mon compte. » Pour rester proche de sa clientèle, Ashok décidera de s’installer sur le trottoir en face de l’entrée principale de Mauritius Telecom. « Je travaille ici depuis huit ans. J’ai pu retrouver presque les mêmes clients que quand je travaillais chez Boodhoo. » Et quand on parle de clientèle, celle de notre horloger est hétéroclite. « Il y a autant de messieurs et de dames qui me donnent leurs montres à réparer. J’ai surtout une clientèle qui m’est fidèle. » Par ailleurs, si les clients d’Ashok lui jurent fidélité, c’est surtout parce que ses prix sont abordables. « Mes tarifs varient entre Rs 50 et Rs 500. Tout dépend de l’effort que je dois fournir pour faire le travail. Ainsi le changement d’une pièce peut coûter dans les Rs 500, surtout s’il faut en faire une autre. » C’est justement une autre particularité d’Ashok. Parce qu’il faut savoir que notre horloger est aussi tourneur. « Je peux fabriquer n’importe quelle pièce défectueuse dans une montre ou une horloge. Et en deux jours, le client peut repartir avec son objet en parfait état de marche. »