Interview

Ashit Gungah: «L’Etat ne peut intervenir pour tous les produits»

Ashit Gungah revient sur les raisons qui ont motivé la baisse des prix de l’essence et du diesel. Il passe en revue le rôle de la State Trading Corporation concernant la stabilité des prix du gaz ménager et autres denrées. Le ministre est d’avis que le libre commerce doit s’épanouir. Le prix de l’essence baisse de Rs 7,10 par litre en moins de trois mois. Le litre du diesel coûte Rs 6 moins cher. Le Petroleum Pricing Committee (PPC) n’aurait-il pas pu faire mieux ? Si nous n’avions pas changé la formule de calcul du prix en octobre 2015, il n’y aurait pas eu de baisse. J’ai pris la décision de revoir le mécanisme du fait que les prix à Maurice ne reflétaient pas le cours mondial. Deux changements majeurs ont été apportés. Le prix de référence est maintenant calculé sur une moyenne de six mois (trois mois précédents et une projection des trois mois à venir), alors qu’auparavant il l’était sur douze mois (six mois précédents et six mois à venir). Le prix de référence actuel est plus proche du cours mondial. Nous avons changé les règlements pour pouvoir puiser dans le Price Stabilisation Account (PSA). Auparavant, ce fonds était uniquement utilisé pour absorber les hausses sur le cours mondial pour soulager le consommateur mauricien. Dans la nouvelle formule, nous avons fixé un plafond de Rs 1,5 milliard comme marge de sécurité pour assurer la stabilité des prix et tout excédent est passé au consommateur. Par exemple, fin octobre 2015, le montant dans le PSA était de Rs 648,1 millions et l’excédent a été passé au consommateur. Ce qui a permis une baisse de Rs 4,60 sur l’essence et de Rs 2,75 sur le diesel. Et quand le PPC s’est réuni le 3 février, on a eu une baisse de Rs 2,50 sur l’essence et de Rs 3,25 sur le diesel. Ceci démontre l’efficacité de la nouvelle formule.
Jusqu’à quel niveau la STC pourrait intervenir pour maintenir le prix ? La STC n’intervient pas dans le changement de prix. C’est le Petroleum Pricing Committee, après le calcul selon la formule du Petroleum Pricing Mechanism, qui décide des prix. Si une hausse est de moins de 4 %, on puise du PSA pour maintenir le prix. Si la hausse est plus que 4 % et qu’il y a suffisamment d’argent dans le PSA, on s’en sert pour ramener la hausse à moins de 4 %. Ainsi le prix restera inchangé. Dans l’éventualité où il n’y a pas suffisamment d’argent dans le PSA, la hausse de plus de 4 %, mais limitée à 10 %, est passée aux consommateurs. Avec la nouvelle formule et le plafond de réserve de Rs 1,5 milliard, je suis confiant qu’on pourra maintenir le prix pendant quelques mois, dépendant bien sûr de la fluctuation du prix du carburant.
[blockquote]« J’ai lancé un appel aux opérateurs et industriels locaux pour qu’ils jouent le jeu. C’est une baisse conséquente dans les coûts d’opération et le citoyen doit en bénéficier »[/blockquote]
À ce jour, seuls les propriétaires de véhicules en profitent. L’usager du transport public et qui achète son pain maison ne voit rien venir. En tant que ministre du Commerce, quelle est votre position sur la question ? Mon collègue Nando Bodha a déjà annoncé l’intention du gouvernement de revoir les tarifs d’autobus. Le gouvernement a revu certains tarifs concernant l’électricité. Par rapport au prix du pain, il y a des nouveaux règlements qui sont en préparation. Le cadre actuel est dépassé avec les nouveaux types de pains, l’arrivée du pain industriel et les boulangeries dans les hypermarchés. Il y a plusieurs aspects à prendre en considération. Le National Price Consultative Council est chargé de veiller à ce que le prix pratiqué sur certains produits soit justifié. À quand une baisse des prix des produits Made in Moris destinés au marché domestique ? À quel niveau comptez-vous intervenir ? Avec la baisse des prix des carburants, j’ai lancé,  cette semaine, un appel aux opérateurs et industriels locaux pour qu’ils jouent le jeu. C’est une baisse conséquente dans les coûts d’opération et le citoyen doit en bénéficier. Le contrat avec la société indienne Mangalore Refinery and Petrochemicals Limited (MRPL) expire mi-2016. Des discussions sont en cours pour un nouveau contrat. En quoi serait-il plus bénéfique pour Maurice par rapport au précédent ? Durant ma visite en Inde en janvier, accompagné de mon secrétaire permanent et du directeur général de la STC, nous avons profité de l’occasion pour visiter la raffinerie et le Petrochemicals Plant de Mangalore. Et bien sûr, la question du renouvellement du contrat a été évoquée. Nous avons ainsi eu une réunion bilatérale avec le ministre indien du pétrole et des gaz naturels, Shri Dharmendra Pradhan, et ses officiels, incluant les représentants de MRPL. J’ai expliqué la vision de notre gouvernement de faire de Maurice un bunkering hub. Et pour y arriver, nous devons être compétitifs. Le ministre indien a souligné que les relations historiques et diplomatiques doivent primer sur l’aspect économique et financier. Les autorités indiennes s’assureront que les propositions de MRPL soient dans l’intérêt des deux parties. On attend les propositions de MRPL qui seront analysées par la STC. Le gouvernement prendra par la suite la décision quant au renouvellement du contrat. L’état subventionne le gaz ménager. Jusqu’à quand cette mesure sera-t-elle soutenable, sans mettre en péril les caisses de la STC ? La STC dépense moins pour le subside sur le gaz ménager à la suite de la baisse du prix sur le cours mondial. Souhaitons que dans les mois à venir, la baisse s’accentue. En 2014, le montant alloué pour le subside sur le gaz ménager était de Rs 665,5 millions alors qu’en 2015, le fonds alloué est estimé à Rs 167,6 millions. Le gaz est un produit dont le prix est volatile, comme le carburant. On doit être prudent dans nos observations. Barres de fer, lait, grains secs… Autant de produits importés sur lesquels la STC pourrait intervenir afin de stabiliser les prix. Est-ce envisageable dans un proche avenir, quand le cours mondial reprendra de l’altitude ? Les événements liés à l’importation du lait Amul ou du gros pois, dans le passé, nous poussent à réfléchir à deux fois avant d’entrer dans le commerce de ces types de produits. L’état ne peut intervenir pour tous les produits, il faut laisser le libre commerce s’épanouir. Mais s’il y a lieu, on le fera. à travers nos instances comme la Consumer Affairs Unit et le Mautius Standards Bureau (MSB), nous veillons à ce que les normes de qualité soient respectées. Votre ministère brasse large en ce qu’il s’agit des denrées. Quelles sont les actions concrètes futures pour améliorer la qualité des produits, tels le riz et la farine ? On a apporté des améliorations dans le système de stockage aux entrepôts de la STC. Avec la collaboration du Mauritius Standards Bureau et du ministère de la Santé, il y a des vérifications régulières. Nous comptons construire un nouvel entrepôt. Les travaux ont été retardés, car le terrain alloué à la STC n’est pas approprié. Nous avons sollicité  l’aide du ministère du Logement et des Terres pour  identifier un nouveau site.
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