La State Trading Corporation (STC) envisagerait de faire l’acquisition de deux pétroliers. Ashit Gungah l’a déclaré sur les ondes de Radio Plus dans l’émission Au cœur de l’info. Le ministre de l’Industrie et du Commerce rassure, au passage, sur la disponibilité en carburants. De son côté, Veekram Bhunjun, patron de Betamax, lance un défi au ministre : rendre public le prix payé aux Seychellois et aux Arabes.
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Répondant aux questions de Nawaz Noorbux et de Jugdish Joypaul, Ashit Gungah a souligné l’enseignement qu’il fallait tirer de cette situation : Maurice détient un stock très limité en produits pétroliers et cela depuis des années. « Une fois le projet Mer Rouge Oil Terminal achevé, nous disposerons d’une capacité de stockage additionnelle. Si un pétrolier est en retard, nous aurons une marge de manœuvre », a-t-il déclaré.
Concernant le contrat d’approvisionnement avec Mangalore, « c’est un G-to-G arrangement conclu il y a 10 ans ». « Difficile d’obtenir le prix consenti par Mangalore ailleurs. Nous envisageons d’autres options, mais nous bénéficions beaucoup du gouvernement indien. Il nous apporte tout son soutien dans le projet Petroleum Hub. Notre contrat avec MRPL dure jusqu’à 2018 », a fait ressortir le ministre.
Ashit Gungah a souligné que ce serait un énorme avantage si Maurice disposait de son propre pétrolier. « Le STC a entamé les discussions avec les constructeurs de pétroliers. Nous attendons leurs propositions. Un navire ne suffirait pas : il en faudrait deux. Un pour le Light Oil et l’autre pour le Black Oil. »
Ashit Gungah n’a pas souhaité divulguer les prix payés par Maurice pour les cargaisons attendues des Seychelles et des émirats arabes unis. « La STC est auditée et ces chiffres seront rendus publics. Je ne veux pas embarrasser ces pays amis. » Toutefois, le ministre n’a donné aucune garantie que le prix ne serait pas majoré à la prochaine réunion du Petroleum Pricing Committee (PPC).
« C’est le PPC qui calcule le prix de l’essence et du diesel, en tenant compte de la hausse des prix sur le marché mondial. Il n’y aura pas de pénurie en carburants. Nous souhaitons un dénouement rapide et favorable devant la haute cour du Karnataka, et que la Cour suprême tranche en faveur de la STC. Quant à la compensation à payer à Betamax, la STC détient le budget requis pour cela. »
Ashit Gungah a contesté que le contrat de Betamax a été résilié brutalement. « Des réunions ont eu lieu pour renégocier ce contrat. Betamax devait faire des propositions, mais elle a omis de le faire. La STC paie moins cher le transport des produits pétroliers depuis cette résiliation. Nous faisons des économies », a-t-il indiqué
Swaley Kasenally, ex-ministre de l’Énergie et spécialiste du dossier de l’énergie, a, pour sa part, précisé que la situation était inquiétante, mais pas dramatique. « Tant que le litige opposant la STC à Betamax n’est pas résolu, notre approvisionnement restera difficile. J’invite les deux parties à trouver une solution appropriée. »
Selon Swaley Kasenally, la STC a recouru à des solutions temporaires pour pallier une pénurie. « C’est une solution temporaire. Le ministre ne s’exprime pas sur ces approvisionnements, donnant le sentiment d’une panique à la STC. 1 200 tonnes sont attendues des Seychelles, une cargaison infime, mais cela peut faire la différence entre samedi soir et dimanche matin. 11 000 tonnes sont attendues des Émirats arabes unis, cela aura un coût. L’amitié ne tient pas quand il s’agit d’intérêts commerciaux. Les pays qui nous vendent ces cargaisons majoreront leurs prix. Avec une petite cargaison, il faut craindre une majoration élevée. La STC et Betamax doivent s’entendre sur une compensation ou non et ne pas agir comme des enfants. »
Il a rappelé que Mangalore approvisionne le CEB en Heavy Fuel Oil. « Mangalore nous fournit en produits indisponibles ailleurs. Si le CEB n’a pas son carburant lourd, on risque une grave panne électrique.»
Swaley Kasenally a conclu qu’il fallait diversifier nos sources d’approvisionnement.
Une crise désamorcée in extremis
L’injonction logée par Betamax pour bloquer le pétrolier Pacific Diamond dans le port de Mangalore, avec 40 000 tonnes de produits pétroliers à son bord depuis le 1er décembre, sera réexaminée par la haute cour du Karnataka, en Inde, ce lundi.
Cette injonction aurait pu avoir des conséquences très néfastes pour Maurice, avec un risque de pénurie de carburants à la mi-décembre. Grâce à l’intervention de pays amis, tels que l’Inde, les Seychelles et l’Arabie saoudite, le pire a été évité.
Ainsi, le Seychelles Paradise a accosté samedi à Port-Louis avec 1 200 tonnes de produits pétroliers. Le Blue Sky I, avec 35 000 tonnes de produits en provenance de Mangalore est attendu lundi. Il transporte de l’huile lourde.
Le FS Sincerity et l’Ardmore Sealion, transportant 11 000 et 40 000 tonnes, en provenance d’Arabie saoudite, devraient mouiller à Port-Louis les 14 et 17 décembre. Cela suite à des négociations menées par Showkutally Soodhun.
Si la compagnie Betamax s’en est remise à la cour du Karnataka pour faire bloquer le Pacific Diamond, c’est qu’elle reproche à la State Trading Corporation (STC) de ne pas respecter le verdict de la cour d’arbitrage internationale de Singapour de juin dernier, pour rupture de contrat. La STC avait été condamnée à payer un dédommagement de Rs 4,5 milliards à Betamax, en sus des intérêts qui dépassent déjà les Rs 75 millions. La STC conteste ce verdict devant la Cour suprême mauricienne. L’affaire est fixée pour les 13, 14 et 15 mars 2018.
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