Âgés entre 16 et 18 ans, ils bénéficient d’une formation poussée par Promotion et Développement. Ils seront à La Réunion du 23 au 28 avril dans le cadre d’un programme d’échange et aussi pour se rendre compte que l’art peut nourrir son homme.
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Ils ont des rêves pleins la tête et, par-dessus tout, du talent à en revendre. Cinq jeunes Mauriciens qui se passionnent pour les arts plastiques et dont la formation est assurée par la société Promotion et Développement - qui gère Le Caudan Waterfront - à travers le programme ArtIs (Ndlr : à lire en anglais) s’envolent pour La Réunion ce dimanche pour participer à différents ateliers de travail dans le cadre d’un programme d’échange avec le lycée Ambroise Vollard de Saint-Pierre.
Ces collégiens âgés entre 16 et 18 ans auront l’occasion de côtoyer des étudiants de l’Ecole d’architecture, de l’Ecole des Beaux-arts, entre autres, ainsi que des artistes de l’atelier La Friche tout le long de la semaine prochaine. Cette initiative vise avant tout à leur permettre d’avoir un frottement avec les artistes étrangers et à les conscientiser au fait qu’il existe des métiers de l’art qui peuvent faire vivre son homme, contrairement aux idées reçues à Maurice.
L’art et le sport sont bien souvent relégués au profit des performances académiques par des parents qui souhaitent un emploi rémunérateur et stable pour leurs enfants. Originaire de Rodrigues et habitant Sainte-Croix, Emmanuel Clair, 18 ans, l’un des bénéficiaires du programme vit ce cliché au quotidien. « Si mo ti ekut lakaz zamé mo ti pu vini… mo pa pran zot kont », avoue le garçon lorsqu’il raconte comment il a atterri à la formation dispensée par Promotion et Développement.
L’élève du Collège Père Laval se dit déçu que des cousins ayant développé une certaine créativité artistique à l’adolescence aient tout plaqué sitôt arrivés à l’âge adulte car leur priorité première consistait à faire vivre leurs familles. Doué pour les portraits, Emmanuel Clair n’a pas lâché ses crayons depuis qu’il est haut comme trois pommes et la démarche de Promotion et Développement ne l’a pas laissé insensible après que Géraldine Hennequin-Joulia, qui pilote le projet ArtIs, soit venue à son collège pour inciter des jeunes talents à s’y inscrire.
Lancé il y a trois ans, le projet ArtIs est la représentation de la volonté du secteur privé mauricien à s’engager dans le développement de la formation artistique et culturelle de la jeunesse mauricienne. Il accompagne ces jeunes dans une formation structurée qui leur permet également d’envisager de mener une carrière en tant qu’artiste, artisan d’art ou dans des métiers liés aux arts. Un programme de formation, pratique et théorique, favorise leur accès aux lieux et aux événements culturels ainsi qu’à des rencontres avec des artistes et artisans d’art.
Une douzaine de formateurs se succèdent autour de ces jeunes pour un programme pérenne, notamment grâce à des interactions avec des acteurs de la scène artistique. Une cinquantaine de jeunes ont déjà bénéficié de ces actions et un espace est mis à leur disposition au Caudan Waterfront. Lors de leur séjour à l’île sœurs, ces cinq jeunes participeront à divers ateliers et pourront manipuler des matériaux comme le métal, le papier et le textile sous la direction de Frédéric Dussoulier, Masami et Margaux Riberoux, entre autres.
En retour, cinq lycéens réunionnais seront à Maurice du 21 au 25 mai. Ils seront encadrés aux côtés des collégiens mauriciens par Pierre Argo pour des ateliers en photographie sur le thème intitulé « Le Port ». Trente clichés - paysages, portraits de travailleurs, de marin, lieux de travail et de vie, etc - seront exposés au Caudan, à l’Institut Français de Maurice et dans quelques collèges, notamment dans les établissements fréquentés par les jeunes Mauriciens pour inciter d’autres à leur emboîter le pas.
« Nous voulons une approche du beau et du bon. Ces jeunes bénéficient non seulement de programme de formation à la peinture, à la sculpture et à la photographie mais sont aussi exposés à l’histoire de l’art », explique Géraldine Hennequin-Joulia, de Promotion et Développement qui pilote ArtIs. Ancienne journaliste, elle a aussi travaillé comme Chargée de communication au Musée Fenaille, un musée français spécialisé en archéologie, et a été conseillère à la cellule « Culture et Avenir » au bureau du Premier ministre sous le précédent gouvernement.
Son parcours donne des idées à Emmanuel Clair : il souhaite devenir restaurateur d’œuvre d’arts. « À l’étranger », lance-t-il, conscient que ce job est quasiment inexistant dans l’île. Ses camarades ont aussi de grandes ambitions : Anaelle Jolicoeur, l’artiste-peintre de 18 ans du Sodnac SSS ambitionne d’être commissaire d’exposition. Voire conservatrice de musée. La benjamine du groupe, Lorina Pierre, fan de Salvador Dali et élève du London College, a le cœur qui balance entre le métier de bédéiste, d’illustratrice et de styliste pourvu qu’elle ait des crayons entre les mains.
Repéré depuis 2015, le seul ayant bénéficié de trois ans de formation soutenu à contrario de ses camarades, Ryan Azenor, 17 ans du Collège du Saint-Esprit de Rivière-Noire, se voit bien dans la peau d’un galeriste. « Géraldine a été une source d’inspiration. Elle m’a poussé à mieux faire. Elle m’a faire croire en mes potentiels », lance celui qui démontre déjà des talents de sculpteur.
Keane Jata, 18 ans, lui, s’est démarqué lors du casting d’il y a un an par deux portraits et un dessin de Bob Marley se voit déjà encadreur après que Géraldine Hennequin-Joulia lui ait présenté un professionnel dans ce domaine. « Au départ mo pas ti conne narien... », lance l’élève du Collège Père Laval qui explique son futur choix de métier par le fait que « mo kontan copié ».
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