Arrêtés avec Rs 560 M de drogue à Madagascar : Avoula, Leratz et Plaiche seront jugés sous une accusation différente à Maurice

L’hôtel du gouvernement souhaite que les trois Mauriciens interceptés dans la Grande île, le jeudi 7 juin 2018, avec 81,2 kilos de gandia, 36,6 kilos de haschisch, 24,5 kilos d’héroïne et 4,1 kilos de méthamphétamine, soient jugés à Port-Louis. Une équipe de la police judiciaire malgache est attendue.

Jules Roddy Avoula, Jeremy Mardochee Leratz et Marc David Plaiche devront répondre de leurs actes devant la justice mauricienne. Nos trois compatriotes appréhendés avec Rs 560 millions de gandia, de haschisch, d’héroïne et de méthamphétamine le jeudi 7 juin 2018, à Madagacascar, seront d’abord jugés sur place avant d’être extradés. Ils seront alors inculpés sous des accusations distinctes prévues sous la Dangerous Drugs Act (DDA), indique-t-on à l’Hôtel du gouvernement.

Les émissaires de la Mauritius Revenue Authority (MRA) et de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) délégués dans la Grande île durant la semaine écoulée ont entamé des négociations avec les autorités malgaches pour le rapatriement du trio. Les Malgaches leur ont fait comprendre que la procédure doit suivre son cours avant qu’ils ne puissent être livrés. La procureure Odette Balisama Razafimielisoa, chargée du dossier, indique qu’une équipe de la police judiciaire malgache sera dépêchée à Maurice.

Le but de cette manœuvre consiste à favoriser une meilleure collaboration entre les autorités mauriciennes et malgaches pour casser les reins à ce réseau mafieux opérant entre les deux îles. Les aveux d’Avoula, Leratz et Plaiche aux enquêteurs malgaches seront transférés à Maurice afin que leurs complices soient formellement identifiés et poursuivis en justice.

Caïd en devenir

En raison d’une rivalité entre les services de douane de la MRA et l’Adsu, peu a été fait au niveau local pour identifier les éventuels complices d’Avoula, de Leratz et de Plaiche. Les services de douane mauriciens ont travaillé de concert avec leurs homologues malgaches pour coincer Avoula, Leratz et Plaiche sans mettre l’Adsu dans la confidence.

Les trois étaient dans le viseur de la police, notamment Leratz, car il était le skipper du bateau qui avait dérivé avec huit récidivistes aux larges de Tamatave en 2016. Il est soupçonné d’avoir alors agi pour le compte du réseau du caïd emprisonné Curly Chowrimoothoo, dont les proches, les Townsend, sont actifs à Cité Kennedy, à Quatre-Bornes.

Quant à Plaiche, il est le protégé de l’ami de sa mère, Jean Serge Alleemudder, aussi dit Jean Tiboute Short, accessoirement cousin de Jimmy Marthe, alias Jimmy Colosso. Les deux sont les fondateurs du gang « Démolition » connu pour trafic de stupéfiants et dont les membres, issus des faubourgs au nord de Port-Louis, ont des motos qui valent plus cher que leurs maisons. Plaiche est un caïd en devenir qui a lancé son propre réseau depuis que Colosso et Jean Tiboute Short ont été pris en grippe par l’Adsu.

D’origine rodriguaise, sans emploi, propriétaire d’une multitude de véhicules et menant grand train de vie, Plaiche semble avoir bien préparé son voyage dans la Grande île. Il a obtenu son passeport le 23 mai dernier et a fait son baptême de l’air le 5 juin. Avoula est parti le même jour, mais il a eu le malheur d’être arrêté par les autorités malgaches le jour de son anniversaire. Rodriguais comme Plaiche, Leratz était dans la Grande île depuis le 28 février.
Grosse opération

Les renseignements obtenus par Port-Louis indiquent que Leratz a été mandaté pour récupérer une cargaison avant de rentrer à Maurice à bord d’une vedette rapide affrétée sur place. Malheureusement ce type d’embarcation est difficile à trouver. Ce qui explique pourquoi Avoula et Plaiche ont fait le voyage. Ils en ont profité pour acquérir un stock additionnel. D’où la saisie de 36,6 kilos de haschisch, 24,5 kilos d’héroïne, 81,2 kilos de zamal et 4,1 kilos de méthamphétamine, selon un nouveau pesage avant leur destruction à Ambohitrimanjaka cette semaine.

Le trio a été intercepté avec huit complices locaux à bord d’un minibus à Manjakandriana alors qu’ils s’apprêtaient à rallier Nosy Be où une vedette rapide était prête à appareiller. Leur minibus était escorté par des hommes armés de Kalachnikov, ce qui a nécessité une grosse intervention de la gendarmerie, des douaniers et des services de renseignement malgache. En tout cas, si la collaboration malgache se poursuit dans cette affaire, elle devrait permettre de démanteler ce réseau.

Volasoa Razafitrimo, chef du Service malgache des affaires juridiques et de la lutte contre la fraude, explique que « la possibilité d’établissement d’une convention quelconque entre les deux administrations douanières n’est pas exclue ». Malheureusement, en 2007, le présumé trafiquant Anthony Steeves Sam, un marchand ambulant de Roche-Bois, est rentré à Maurice en compagnie de trois compatriotes alors qu’ils avaient été arrêtés avec 850 grammes d’héroïne évaluée à Rs 8,5 millions dans le cadre d’une vaste opération mise en place à Tana par l’Adsu et la police malgache.

En mars 2017, Anthony Sam avait été arrêté par l’Adsu dans un appartement de Trou-aux-Biches avec 10,5 kilos d’héroïne estimés à Rs 157,5 millions ainsi qu’une somme de Rs 900 000 en devises et en monnaie locale. Pour l’heure, aucun lien entre ce réseau et la saisie du jeudi 7 juin dernier n’a été établi.