Victime d’un vol, dimanche dernier à Grand-Baie, Mélanie s’est rendue à la police pour dénoncer le voleur. Toutefois, elle a été arrêtée pour « soliciting male for immoral purposes ». Récit…
Mélanie, 37 ans, a cinq enfants âgés entre 4 et 19 ans. Sous traitement de méthadone, cette habitante d’un faubourg de la capitale exerce le plus vieux métier du monde depuis une quinzaine d’années. « Je dois nourrir mes enfants et essayer de leur offrir une bonne éducation », dit-elle. En journée, elle est au Jardin de la Compagnie et le soir, c’est à Grand-Baie qu’elle cherche des « clients ».
Dimanche 24 avril, Mélanie arpente les rues de Grand-Baie. À 21 heures, elle est approchée par un chauffeur de 34 ans, originaire de Cap-Malheureux. « Il m’a demandé le tarif. Je lui ai dit Rs 1 000. Il n’avait que Rs 500. Nous sommes tombés d’accord pour une fellation », raconte la jeune femme.
Le chauffeur lui propose une balade en voiture jusqu’à Cap-Malheureux dans un lieu discret. Mélanie refuse. Elle conduit son « client » sur le parking d’un supermarché. Le client lui remet les Rs 500, mais les choses tournent mal. « Je lui ai demandé de mettre un préservatif, mais il a refusé. Nous nous sommes disputés. Linn insilte mwa e linn dir mwa ran so kas. Monn refize parski mo ti deranze pou vinn ar li. Linn riss mo sak linn sove », explique Mélanie.
Dans le sac, il y avait son passeport et la carte médicale d’un de ses enfants malade. Mélanie s’est alors rendue au poste de police de Grand-Baie pour porter plainte.
Barres de fer et matraque
La jeune femme explique aux policiers sa mésaventure, précisant la nature de son métier et les circonstances du vol. « Mo ti pe tras enn lavi kan klian la inn kokin mo sac. » Elle leur fournit une description du voleur et le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture. Plus tard, la police intercepte la voiture sur une aire de stationnement. Lors d’une fouille du véhicule, les policiers découvrent des barres de fer, une matraque et le sac de Mélanie. Le chauffeur sera placé en état d’arrestation. Mélanie aussi sera inquiétée. Elle est accusé de « soliciting a male person for an immoral purpose ». Après une nuit en cellule, le chauffeur et la prostituée ont été traduits devant le tribunal de Mapou. Mélanie écopera d’une amende de Rs 3 000 et le chauffeur est relâché sous caution. C’est la troisième fois que la jeune femme se fait coincer sous cette accusation. Cela ne la décourage pas pour autant. Faire le trottoir, dit-elle, est « la seule façon » pour elle de faire bouillir la marmite. « Zame monn les mo zanfan san manze. Mem si ena Rs 25, nou aste mine nou manze. Mo sorti pou al tras mo lavi pou nourri zot. Mo pa fer sa par plezir me par obligasion », dit Mélanie. La jeune femme confie que ses enfants sont issus de pères différents. Issue d’une fratrie de huit enfants, elle est la seule à avoir sombré dans l’univers de la prostitution et de la drogue. Elle a 21 ans quand son époux la quitte. Sans le sou, son seul recours est la prostitution. « Au départ, je me rendais dans une boîte de nuit réputée de Grand-Baie. Chaque nuit, je me faisais Rs 3 000. J’avais de l’argent. Puis, je suis tombée dans l’enfer de la drogue », dit-elle. Mélanie croise des toxicomanes et des proxénètes. Elle se retrouve très vite avec cinq enfants à charge. Elle dit être consciente d’avoir « touché le fond », mais précise n’avoir aucun recours pour sortir de cet enfer. « Kisana pu donn enn prostitie travay ? » Elle dit être fière de ses enfants. Après avoir réussi le School Certificate, son aînée a dû abandonner ses études, faute de moyens. « Je suis un mauvais exemple pour mes enfants. La prostitution et la drogue ne font que du tort. Mes enfants ne suivront pas mes pas. Kan zot vinn gran ek independan, mo pu arete », dit Mélanie.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !