Arrêté pour vols : la descente aux enfers d’Arnaud Casquette

Arnaud Casquette, 38 ans, a longtemps fait flotter haut le quadricolore à l’étranger. Cet ancien athlète de haut niveau et champion de saut en longueur a délaissé ses crampons après une grave blessure. Il a peu à peu sombré dans l’enfer de la drogue. Soupçonné de vols, il a été arrêté par la police le 27 septembre.

Paul, le père adoptif d’Arnaud Casquette, que nous avons rencontré à son domicile, tente de faire face à cette dure épreuve. « Arnaud est mon fils unique. Il s’est laissé influencer par de mauvaises personnes. Ces fréquentations l’ont conduit dans cet enfer », indique cet ébéniste de 78 ans.

Il brosse l’historique de son fils. « La vie n’a pas été tendre avec lui. Solange, mon épouse aujourd’hui décédée, était policière. Elle donnait un coup de main à une crèche de la ville. C’est comme cela qu’elle a aperçu Arnaud. Il avait cinq ou six mois.Personne ne savait où étaient ses parents. Nous n’avions pas d’enfant. C’était comme une évidence : nous l’avons adopté. »

Arnaud grandit entouré de l’amour de ses nouveaux parents. C’est un enfant épanoui. « Il a fréquenté l’école primaire du quartier. Après les heures de classe, il allait jouer chez le voisin. Lorsque nous rentrions, il n’était pas à la maison. J’ai demandé à mon épouse d’arrêter de travailler pour s’occuper de lui. »

À mesure qu’il grandit, Arnaud développe une passion pour l’athlétisme. « Li ti kontan galop partou. Il a fait du sport à l’école. Il n’y avait aucun club pour l’accueillir. Arnaud a fait ses études au collège Impérial où il s’est épanoui en athlétisme. Sportif doué, il enchaînait les victoires. Il collectionnait trophées et récompenses. Quand il a choisi de pratiquer le saut en longueur, nous l’avons encouragé », relate Paul.

Grâce à ses prestations, il se fait rapidement repérer pour représenter Maurice à l’international. « Il avait 15 ans quand il a participé à sa première compétition internationale », lance le père avec un large sourire. « Il se donnait à fond. À 18 ans, il s’est envolé pour le Sénégal. Il a passé quelques années au centre de Dakar pour s’améliorer. »

Paul se rappelle que lors de certaines compétitions, il veillait jusqu’à fort tard. « Il était au Canada. Je suis resté éveillé jusqu’à 2 heures du matin pour le voir sauter. Cette discipline lui apportait beaucoup. Il s’est fait des amis. Une fois, il a ramené deux entraîneurs étrangers à la maison. Zot ti bien kontan Arnaud. Stéphan Buckland, Fernando Augustin, Jonathan Chimier… tous ces athlètes étaient ses bons amis. »

En 2000, Arnaud représente Maurice aux Jeux olympiques de Sydney, en Australie. À 22 ans, lors de la phase qualificative, il prend la 18e place. « Nous étions fiers ma femme et moi quand nous sommes partis le récupérer à Plaisance. Tout allait pour le mieux. Arnaud avait même épousé une Italienne. »

Coup dur en 2005

En 2005, coup dur dans la carrière de l’athlète : il est contrôlé positif au cannabis lors des 5es Jeux de la Francophonie à Niamey. Il est suspendu durant six mois. « Arnaud ne s’est pas laissé abattre. Il a poursuivi son entraînement. » L’athlète reprend la compétition, quand une autre catastrophe s’abat sur lui.

« Lors d’une compétition, il s’est gravement blessé. Il m’a appelé pour m’informer. Je lui ai dit que je m’occuperais de tout. Il n’avait plus le moral. J’ai fait pression sur des dirigeants à Maurice pour qu’Arnaud soit opéré à l’étranger », se remémore le père.

Mais à son retour, Arnaud n’est plus le même. « Son allocation mensuelle est passée de Rs 20 000 à Rs 5 000. Il s’est découragé », se désole Paul. C’est le coup d’arrêt de la carrière de l’athlète. « Il a trouvé du travail comme instructeur de gym dans un hôtel au Morne. Puis, il a tout arrêté : c’était trop loin, trop crevant. Il a travaillé dans une salle de gym à Phœnix, mais là aussi cela n’allait pas. » Arnaud entame des démarches. « Li koumans gagn move frekentasion. Ses relations avec son épouse se détériorent. Elle retourne en Italie, en emmenant leur enfant avec elle », confie Paul.

Il se rappelle du soir où Arnaud a ramené deux « amis » à la maison. « Ils voulaient fim sa zafer-la dans sa chambre. Je les ai chassés à coups de pied. J’ai dit à Arnaud que je ne voulais pas de cela chez moi… »

« Mon épouse malade a tenté de le raisonner, en vain. Il n’en faisait qu’à sa tête. Il y a quatre ans, Solange a été emportée par la maladie. Les déboires d’Arnaud se sont aggravés. À chaque démêlé avec la justice, j’assumais tout. Je payais les cautions. Mais cette fois, c’en est trop », dit-il, pleurant à chaudes larmes.

Soupçonné de trafic de drogue : le portier de l’ASPL 2000 mis hors jeu

Le 27 septembre a également été marqué par l’arrestation de Joseph Kinsley Léopold, gardien de but de l’Association sportive de Port-Louis 2000 (ASPL 2000), à son domicile, à Batterie Cassée, Roche-Bois. Les limiers de la brigade antidrogue le suspectaient d’être mêlé à un trafic de drogue. Munis d’un mandat de perquisition, les policiers se sont rendus au domicile du jeune footballeur, champion de Première division la saison dernière.

La fouille s’est avérée payante : ils ont trouvé un gramme d’héroïne et 22 doses de cette drogue, d’une valeur marchande de Rs 25 000. De plus, les agents ont découvert des ciseaux, des bandes isolantes, des feuilles d’aluminium… soit, tout un attirail pour préparer les doses. Le suspect a été conduit au poste de police de Plaine-Verte. Les agents ont eu toutes les peines du monde à sortir du quartier, car une foule hostile les entourait. Il a fallu l’intervention de l’unité d’élite de la garde-côte (Marcoss) pour calmer les esprits. Le footballeur a été inculpé au tribunal de Port-Louis de « possession d’héroïne avec l’intention de la distribuer ». Il a été reconduit en cellule. L’enquête est supervisée par le chef inspecteur Ramburruth et le DCP Bhojoo.

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