Presram Sookur est soupçonné d’avoir revendu des biens immobiliers et des véhicules de ses victimes qu’il a ensuite enregistrés au nom de ses enfants. Son patrimoine mal acquis est estimé à plus de Rs 50 millions.
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Il est considéré comme l’un des plus gros usuriers (connu comme casseur chez nous) de Maurice. Après avoir récemment échappé aux filets de la justice, Presram Sookur a été appréhendé mardi par l’Independent Commission Against Corruption (Icac) pour blanchiment. Il a été inculpé devant le tribunal de district de Port-Louis pour avoir enfreint l’article 3(1)(a) de la Financial and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA). Il lui est reproché de s’être approprié des biens immobiliers, des bijoux et des véhicules appartenant à des personnes à qui il a illégalement prêté de l’argent.
L’habitant de Vacoas est accusé d’avoir offert un délai à ses victimes pour le rembourser mais s’empressait de disposer de leurs biens laissés en garantie sans respecter l’accord passé avec elles. Sept propriétés immobilières et treize véhicules qu’il a enregistrés au nom de ses enfants feront l’objet d’une saisie. Un audit de ses biens et de ceux de son entourage sera également conduit par la Commission anticorruption qui soupçonne que Presram Sookur a blanchi ses revenus en Australie où certains de ses proches sont installés.
Deux notaires dans le viseur
L’Icac soupçonne Presram Sookur d’être à la tête d’un patrimoine de plus de Rs 50 millions et d’avoir revendu une même propriété en plusieurs occasions le même jour. Il a été dénoncé il y a un peu plus de deux mois par l’une de ses victimes, ce qui avait conduit à une perquisition à son domicile il y a quelques jours. Des titres de propriétés et des cartes grises – communément appelées « horse power » à Maurice – de plusieurs de ses « clients » ont été saisis. Au moins cinq d’entre eux ont été convoqués et ont appris de la bouche des enquêteurs qu’ils n’étaient plus propriétaires de leurs biens alors qu’ils sont toujours en train de rembourser Presram Sookur.
Dans le cadre de cette enquête, deux notaires sont dans le viseur de l’Icac, car l’usurier a eu recours à leurs services pour mener à bien ses activités. Il poussait ses victimes à signer une procuration et en profitait pour les déposséder. L’un des notaires a déjà eu maille à partir avec la justice par le passé pour des vols de propriétés. Presram Sookur n’est pas un inconnu de la Commission anticorruption. Il y a sept ans, il avait formulé des allégations contre un fonctionnaire du ministère du Logement et des Terres, Marie Sydney Caitane.
Presram Sookur avait accusé ce fonctionnaire de s’être servi en fruits de mer valant Rs 3 500 dans son « cold storage » et de lui avoir exigé un pot-de-vin de Rs 1 500 pour faciliter ses démarches - toujours par procuration - pour le transfert d’un bien de l’État loué à bail à une tierce personne au nom de son « neveu », Afzal Khan Muslum. Le fonctionnaire a nié les faits et signalé à la cour intermédiaire que Presram Sookur est un « casseur ». Cet élément n’a pu être prouvé et Marie Sydney Caitane a été blanchi le 22 septembre dernier.
L’usurier a été condamné par le tribunal de district de Curepipe à six mois de prison en 2013, assorti d’une amende de Rs 10 000 pour escroquerie et détournement de fonds. Il était accusé d’avoir revendu le véhicule d’une de ses victimes bien avant le délai de remboursement qu’il avait conclu avec lui pour un prêt.
Pour le tribunal de Curepipe, il est clair que Presram Sookur est un escroc en puissance. Il faisait signer un « papier blanc » à sa victime et revendait ensuite son bien. Ce verdict a cependant été cassé en mai 2015 en Cour suprême, car la juge Saheeda Peeroo a relevé que l’acte d’accusation était incompatible avec le délit commis.
Une demande a été faite à la Law Reform Commission de se pencher sur ce cas. Libre, Presram Sookur avait fait part de ses intentions d’intenter des poursuites contre le beau-frère du ministre Nando Bodha, Me Kailash Trilochun, pour les honoraires de Rs 19 millions qu’il a perçus de l’Information and Communication Technologies Authority, relativement à l’affaire Emtel.
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