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Se considérant comme un fardeau pour ses parents et ne pouvant plus supporter de les voir patauger dans la misère, Keshav - fils unique de 16 ans et étudiant - a décidé de les aider. Comment ? En volant des poissons d’aquarium de valeur qu’il revend pour remplir la galette du soir des siens, a-t-il dit aux policiers. Il a été arrêté et est passé aux aveux.
Comment offrir de meilleurs jours et des repas dignes de ce nom à une maman handicapée après une attaque cérébrale et un papa presque aveugle ? D’autant qu’à 16 ans, chauffant encore les bancs de l’école, devant prendre des leçons particulières qui coûtent, il n’est point facile de s’enlever ce poids qu’est le dénuement total qui fait le quotidien de cet adolescent. Pour Keshav*, qu’importe les moyens, il lui fallait agir, pour remplir la panse des siens.
Mal lui en a pris, car Keshav a été appréhendé par les hommes de l’inspecteur Gunga après avoir fait main basse, dans une Pet Shop, sur des poissons d’aquarium, connus comme Koi, d’une valeur de Rs 360 000. Il doit passer devant le magistrat en février 2018, de même que son camarade complice, libérés tous deux après avoir fourni une caution.« Mon premier salaire »
L’astuce de Keshav est simple : l’étudiant en Form IV vole des poissons, réputés chers, de cet aquarium du Nord et va les revendre dans la capitale. L’argent récolté, il ne le dépense pas en frivolités, mais passe dans une superette et remplit son caddie de vivres de bonne qualité dont se privent ses vieux depuis longtemps, par manque de moyens financiers. Aux enquêteurs, l’adolescent a justifié son geste : « J’ai, à trois reprises, volé des poissons Koi dans cette Pet Shop que j’ai revendus à Port-Louis afin de venir en aide à mes parents ».
« Mon père qui était maçon et a dû arrêter de travailler. On se débrouille avec la pension de ma mère et celle de mon père. Zot fer fasa boukou difikilte e zot fini tou zot larzan pou mo lekol apre zot pa res nanye pou zot », confie Keshav.
Vu qu'il est en vacances scolaires, il décide de mentir à ses parents en leur disant qu'il a eu un emploi à temps partiel dans un magasin. « Mo al kokin pwason Koi kot enn misie ki ena enn lakwayom e mo al Porlwi pou van ban pwason la. Avec l'argent que j'obtiens, j'achète de la bonne nourriture pour mes parents et d'autres produits alimentaires. Quand j'ai vu qu'ils étaient joyeux avec « mon premier salaire », j'ai volé à nouveau des poissons Koi pour subvenir aux besoins de mes parents. Je voulais qu'ils soient heureux », raconte Keshav.
Sanjay*, le père de Keshav, est également en larmes : « Mo pa ti pe trouv ditou akoz mo ena diabet. Avec l'œil droit, je ne vois toujours rien et mon médecin m'a dit que je dois également me faire opérer. Mais si je subis cette intervention, ma femme, qui souffre d'un handicap, se retrouvera seule et je ne pourrai pas l'aider, car après cette opération, il me faudra trois mois de convalescence. Je me sens très mal, car mon fils a volé pour subvenir à nos besoins. Mon épouse et moi percevons une pension. Avec cet argent, je paie les leçons de mon fils et les factures. Et je donne à mon fils de l'argent pour qu'il achète des vivres. On se débrouille avec ce qu'on a », dit Sanjay.
Pour ce père, son fils Keshav a agi par naïveté. « Sa mère et moi nous l'excusons, car il est naïf. Mo leker inn desire kan monn kone mo garson kokin pou ed nou. Je lui ai demandé de ne plus faire de bêtises. Mo finn fer li kompran ki so mama ek mwa nou kontan avek seki nou ena e li pa bizin trakase pou nou. Mo sagrin boukou pou Keshav. Je présente mes excuses au propriétaire des poissons et je lui demande de pardonner au nom de mon fils », dit Sanjay.
Rita, la mère, est en larmes. « En voulant nous aider, Keshav a gâché son avenir et je suis affligée par son erreur ».
(*Keshav, Sanjay et Rita sont des prénoms modifiés)
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