Depuis le début de l’année, au moins 10 cas d’arnaque en ligne ont été rapportés. Une tendance à la hausse observée depuis l’essor du numérique dans le sillage de la pandémie. La nouvelle loi sur la cybersécurité y mettra-t-elle bon ordre ?
Publicité
Deux à trois cas en moyenne sont enregistrés chaque jour par l’agence gouvernementale en charge de la cybercriminalité. À la Computer Emergency Response Team of Mauritius (CERT-MU) du National Computer Board, on dit d’ailleurs avoir observé une recrudescence des arnaques en ligne depuis l’émergence de la pandémie de Covid-19.
« En raison de la Covid-19 et de la pénétration de l’Internet en cette période, le commerce électronique est le premier choix pour bon nombre de gens à travers le monde », fait ressortir le Dr Kaleem Usmani, de la CERT-MU. « Malheureusement, cela représente une opportunité pour les escrocs. »
La CERT-MU observe, à travers son système de notifications, des arnaques en tous genres. Le Dr Kaleem Usmani cite le « drop shipping » parmi les cas les plus communs. « Ce sont des cas de drop shipping au niveau local, car avec les délais dans les achats à l’étranger en raison de la pandémie, les gens préfèrent acheter localement. » Les arnaqueurs, souligne-t-il, créent un faux compte avec différents noms et une fois que le client procède à la transaction monétaire, il n’est jamais livré. « Ces arnaques peuvent aller de la modique somme de Rs 500 à plus de Rs 100 000 », partage-t-il.
Néanmoins, ce responsable de la CERT-MU se dit confiant d’une future amélioration avec l’introduction de la Cybersecurity and Cybercrime Act 2021. Cette loi propose un nouvel arsenal légal et des sanctions plus sévères.
« Ce texte législatif vise spécifiquement les infractions sophistiquées en matière de cybersécurité, telles que les extorsions et fraudes électroniques », explique le Dr Kaleem Usmani. « Ses dispositions s’appliquent indépendamment de toute plateforme, de sorte que nous pourrons nous attaquer aux fraudes non seulement sur les médias sociaux, mais aussi sur d’autres plateformes », dit-il.
Il concède, toutefois, qu’en l’absence des fournisseurs de médias sociaux à Maurice, « il est plus difficile de signaler et d’obtenir une enquête et des poursuites pour ce type de cas ».
Noor Abdool Rohaman, de Cybernaptics : «La formation des internautes est primordiale»
Pour Noor Abdool Rohaman, Senior Network and Security Engineer chez Cybernaptics, le marasme économique engendré par la crise sanitaire n’est pas étranger à la recrudescence des arnaques en ligne. Il se dit, toutefois, mitigé quant à l’efficacité réelle de la Cybersecurity and Cybercrime Act 2021.
« Il y aura, sans doute, une augmentation dans les cas d’arnaques sur les réseaux sociaux comme Facebook », fait-il remarquer, en précisant que la nouvelle loi ne couvre pas des arnaques au faux crédit et par mail frauduleux provenant des entreprises. « Ce sera difficile de contrôler toutes les plateformes. »
C’est pourquoi il estime que la solution pour prévenir ces transactions douteuses est de sensibiliser le public. « Certaines personnes ne peuvent distinguer un e-mail frauduleux. À vrai dire, un point ou un numéro changé dans une adresse mail peut mettre la puce à l’oreille. Pour ce faire, la formation des internautes est primordiale, afin de renforcer la sécurité en ligne. »
Chandish Daiboo, de Cyberstorm.mu : «La nouvelle loi aura un effet dissuasif»
La recrudescence et le succès des arnaques en ligne s’expliquent, selon Chandish Daiboo, responsable de communication de Cyberstorm.mu, par l’absence de « présence physique pour la transaction monétaire ». Les clients sont plus vulnérables, car ayant moins d’éléments pour déterminer la véracité d’une occasion ou d’une offre. « Aussi, cela permet aux arnaqueurs de diminuer la traçabilité une fois leur forfait commis. »
La nouvelle loi sur la cybersécurité changera-t-elle la donne ? Elle viendra donner un nouveau souffle au système judiciaire, répond Chandish Daiboo. « Les dispositions de cette loi semblent toucher différents aspects légaux et les institutions parties prenantes pour combattre les arnaques en ligne. Elle va certainement avoir un effet dissuasif. »
Le responsable de communication de Cyberstorm.mu s’appesantit sur le rôle du National Cybersecurity Committee. Celui-ci, soutient-il, doit agir comme un garde-fou afin d’avoir une longueur d’avance sur les cybercriminels. « Ce comité doit pouvoir se réunir aussi souvent que nécessaire pour réévaluer la stratégie de prévention et de poursuites par rapport aux changements dans l’univers de l’informatique et la cybersécurité. »
Il va plus loin. « Il faudrait que ce comité ait un mandat et la responsabilité d’apporter des résultats concrets. » Il conseille, d’autre part, que la loi protège « les vendeurs et non pas juste les acheteurs » des arnaques.
Toujours est-il que pour Chandish Daiboo, une réforme s’impose, englobant la sensibilisation de la population sur l’utilisation optimale de divers outils pour les transactions en ligne et les réseaux sociaux. « Nos institutions de poursuite et notre système judiciaire à eux seuls ne pourront pas combattre la cybercriminalité. C’est éventuellement le devoir de toutes les parties prenantes de se protéger et de protéger. »
Il propose, ainsi, que les firmes fournissant les applications aient l’obligation d’encourager des pratiques sécuritaires. Il suggère aussi de se tourner vers des systèmes qui permettent au fournisseur de réagir dans les plus brefs délais après une alerte. Chandish Daiboo souhaite, par ailleurs, que les victimes soient encouragées à porter plainte, afin de maximiser la collecte d’éléments.
Conseils pour éviter les arnaques en ligne
Les moyens de vérifier la sécurité ou l’authenticité de la source particulière auprès de laquelle vous achetez :
- Soyez attentif au sceau émis par le fournisseur de médias sociaux, indiqué par une étiquette bleue. Il fournit l’authentification d’une page enregistrée ou d’un compte connu par la société de médias sociaux.
- Redoublez de précaution en vous renseignant sur la source d’achat avant d’aller de l’avant avec une transaction monétaire.
- Méfiez-vous des organisations inactives. Ceci peut être une indication d’organisation frauduleuse.
- Évitez d’acheter des produits via des services de messagerie.
- Soyez vigilants sur le mode de paiement. Optez pour les services bancaires sur Internet ou une carte de crédit. Autrement, ce sera difficile de retracer la transaction.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !