Politique

Armoogum Parsuramen, ancien ministre de l’éducation : de la case en paille à l’Hôtel du gouvernement

Armoogum et Sheela Parsuramen.
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Aujourd’hui directeur de la Global Rainbow Foundation, organisation qui vient en aide aux handicapés, Armoogum Parsuramen a été le plus jeune ministre de l’Education que Maurice a connu. Il est aussi celui qui a servi le plus longtemps à ce poste. La route menant au succès a été longue, de Cap Malheureux, son lieu de résidence, jusqu’à l’Hôtel du Gouvernement. Pour la première fois, il raconte comment il y est parvenu, lui qui, dit-il, a « grandi dans une maison en paille avec un père planteur et une mère analphabète et où la famille, en situation précaire, avait à utiliser des sacs de « goni » pour se protéger du froid en hiver. »   

Armoogum Parsuramen – Dassen pour les intimes – doit sa réussite aux valeurs religieuses qui lui ont été inculquées par ses parents. « Rookoo, ma mère, priait toujours pour moi. Elle observait des carêmes pour assurer ma protection. Mon père était, lui, d’une grande sévérité, tout en me comblant de son affection. » Si le parcours scolaire a été un sans-faute jusqu’à l’Université de Maurice, il le doit à ses parents pourtant d’origine très modeste.

Il nous livre l’anecdote suivante : « J’étais élève au primaire et l’école ne m’intéressait pas. Mon père a su guider mes pas.  'Si tu ne veux pas aller à l’école, me disait-il un jour, alors accompagne moi au champ'. C’est ce que j’ai fait. Une fois sur place, j’avais à arroser les plantes, rassembler les légumes, les charger et les transporter et tout cela, toute la journée sous un soleil de plomb. C’était l’enfer. Je comprenais que c’était le sort qui m’était réservé. De retour à la maison, mon père m’a posé la question suivante : 'Alors, qu’est-ce que tu préfères, travailler au champ ou aller à l’école ?' Ma réponse a été immédiate : 'Je préfère l’école' ».

Armoogum Parsuramen  et sa mère.
Armoogum Parsuramen et sa mère.

Mais en dépit des grandes résolutions de bien se conduire, un jour, la tentation fut trop forte et Dassen a décidé de faire l’école buissonnière pour une partie de pêche : « Ce jour-là, j’avais pris mes affaires comme d’habitude. Au lieu de prendre la direction de l’école, je suis parti rejoindre mes amis.  Nous nous sommes ensuite dirigés vers la plage. Je n’avais pas remarqué que ma cousine m’observait. Après avoir passé toute la journée à la mer, je suis donc rentré à la maison, persuadé que mon escapade passerait inaperçue. J’ignorais que ma cousine s’était empressée d’aller tout raconter à mon père. Or, c’est sans me méfier que je suis rentré chez moi. Mon père m’attendait au coin de la porte.  Il m’a administré une volée de bois vert dont je me souviens encore aujourd’hui.  J’ai dû mon salut à la fuite et dans ma folle course, j’ai franchi une barrière pour disparaître dans la nature. Cette aventure m’a ôté toute envie de récidive et m’a finalement servi dans la vie. »  Un excellent parcours scolaire en a découlé, jusqu’à l’Université de Maurice. 

Armoogum Parsuramen se lance ensuite dans l’enseignement au collège Friendship. Puis il va se sentir attiré vers la politique « dans le but de servir. » Il se rappelle le moment où, après 14 ans dans l'enseignement, il fait la connaissance d’un certain Harrish Boodhoo. Le jeune homme se laisse porter par la vague d’une nouvelle mouvance dans la vie politique mauricienne au sein de laquelle la spiritualité était mise en avant. Il sera ainsi membre fondateur du Parti Socialiste Mauricien (PSM), un parti qui, en alliance avec le MMM, va infliger une cuisante défaite au Parti travailliste en 1982.

Hommage rendu à ses parents et à ses professeurs

Après la « cassure » et l’avènement du Mouvement Socialiste Militant sorti victorieux des urnes en 1983, il se verra confier le portefeuille de ministre de l’Education, des Arts et de la Culture, poste qu’il va occuper durant 14 ans. Il choisit de tirer sa révérence en politique en 1993 pour offrir ses compétences à la Banque mondiale pendant deux ans, puis douze ans à l’Unesco. 

En fils reconnaissant envers ses parents, Armoogum Parsuramen les fait goûter aux joies de voyager. « Je les ai emmenés à Paris, en Inde, en Malaisie, à Singapour et à Rodrigues. Mon père avait peur de l’avion, mais ma mère, elle, était plus téméraire et voulait découvrir le monde. C’est ainsi qu’elle a pu se rendre seule à New York.  En rentrant au pays, elle proclame fièrement en s’adressant à son mari comme pour le narguer : 'Mo fine visit Manhattan' ! ». 

Ses professeurs ne seront pas oubliés. Armoogum Parsuramen se souvient de Philippe Cunden, son professeur de maths, ou encore de Gaëtan Reynald, un autre enseignant à qui il rend un vibrant hommage en donnant son nom au collège SSS de Belle-Rose. Une fois ministre, il va rendre visite à tous ses professeurs, l’un après l’autre, en témoignage de sa reconnaissance.  

Une mission encore à accomplir ici-bas."

2010 ouvre une période sombre de sa vie lorsqu’il attrape une hernie nécessitant une intervention chirurgicale. Il doit à l’intervention divine, dit-il, d’échapper à une mort certaine. Après l’intervention chirurgicale à l’hôpital de Chennai, le médecin lui dit qu’il peut marcher. Il obéit, mais à peine se rend-il dans la salle d’à côté qu’il s’affale dans un fauteuil.  « I think he is gone », dit le médecin, alarmé. Mais trois minutes plus tard, le malade ouvre les yeux et retrouve ses sens.  Un véritable miracle. Armoogum Parsuramen en a la confirmation en rencontrant un homme religieux qui lui dit qu’on ne veut pas de lui là-haut, car il a encore une mission à accomplir ici-bas. 

Et cette prédiction se réalise car, une fois de retour au pays en novembre 2011, Armoogum Parsuramen crée la Global Rainbow Fondation, qui devient une organisation très active dans l’aide aux plus démunis de la société, en particulier les personnes handicapées à qui elle procure des prothèses à bas prix. Il lance en même temps un programme de prévention contre les amputations. 

Son père et sa mère sont partis en 2000 et 2008, mais chaque jour, avant de se rendre à son travail, Dassen se recueille devant leurs photos placées dans un temple érigé dans sa cour pour leur demander leur bénédiction. Ce geste qu’il honore quotidiennement lui procure toujours la force, la paix de l’esprit et la joie de se mettre au service de la communauté. 
 

 

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