Interview

Armand Maudave, président de l’Association des propriétaires de campements : «On ne peut bloquer l’accès de la plage au public»

Armand Maudave Armand Maudave

En tant que président de l’Association des propriétaires de campements, comment trouvez-vous l’évolution de la situation sur les plages à Maurice ?
C’est une situation malsaine et il faudrait trouver le moyen de l’assainir. Comme je l’ai dit dans un communiqué, l’accès à la plage et à ses plaisirs est un droit légitime de la population. Nous n’avons aucun grief à ce sujet. Je suis surpris de voir qu’on a obstrué des passages, ce qui constitue un délit. Ceux qui l’ont fait se discréditent eux-mêmes. Je pense qu’on devrait dialoguer sur la question. Les propriétaires des campements et villas aspirent, eux, à la tranquillité. Il est un fait que des pique-niqueurs viennent avec leurs stéréos tonitruantes et hurlent en jouant au football, perturbant ainsi les gens d’à-côté, qui payent cher pour vivre paisiblement. De plus, les pique-niqueurs laissent souvent derrière eux un tas d’immondices.

Donc, le public a aussi des règlements à respecter...
Le public a un droit de passage entre la haute et la basse marée, mais il n’a pas le droit de squatter, c’est-à-dire de s’y installer en groupe, de faire la cuisine, de mettre la stéréo à fond et de jouer au football. C’est une question de bienséance et de respect pour la tranquillité des autres. Si les vacanciers ne faisaient que passer, il n’y aurait pas eu de problèmes.

L’autre grief concerne les barrages érigées sur certaines plages...
Il y a deux autres griefs. L’un concerne les clôtures qui sont érigées et l’autre les pancartes « Réservé aux membres ». D’abord, les propriétaires clôturent leurs terrains pour empêcher le public d’envahir leur espace privé. Ils mettent les clôtures à l’intérieur des bornes. C’est autorisé, comme stipulé dans leur contrat de bail. Concernant l’autre litige, les pancartes avec les inscriptions « Réservé aux membres du club », il est tout à fait normal qu’un club, qui paye son droit de bail, mette une enseigne pour signaler que c’est une propriété privée. Aussi longtemps qu’il ne bloque pas le passage donnant accès à la plage qui est du domaine public.

Quelle est la position de votre association par rapport aux propriétaires qui ont obstrué certains endroits ?
Ils n’ont pas le droit de le faire. Nous avons toujours dit qu’on ne peut bloquer les passages. Il faut faire attention, il y a les membres et les non-membres. Ça m’étonnerait que des membres de l’association obstruent les passages. S’ils l’ont fait, ils ont eu tort. La loi doit être appliquée. Le règlement existe pour être observé.

Vous avez organisé une mobilisation à Souillac contre la destruction d’une partie de la nature. Est-ce que ce problème a été réglé ?
Nous ne savons pas s’il a été réglé ou pas. Le bulldozer est parti. L’idée était de raser la plage pour faire un passage en béton, d’y mettre des bancs en béton, alors qu’il y a d’autres problèmes à la plage de Gris-Gris. Il y a deux roulottes qui enlaidissent l’accès à cet endroit. Depuis dix ans, nous demandons, en vain, qu’elles soient enlevées ou installées ailleurs, car elles sont horribles.

Vous avez été longuement associé avec le ministère du Tourisme. Comment voyez-vous la disparition de certaines plages publiques au profit des hôtels ?
Il faut que nous fassions bien attention. Le Mauricien doit se sentir chez lui. Si les hôtels continuent d’envahir les plages et que des étrangers achètent des bâtiments, comme c’est le cas sur la côte ouest, le Mauricien ne sera plus chez lui. Et ça, c’est dangereux.

A. Gheeseeawon, Deputy chief surveyor du ministère du Logement et des Terres : amende de Rs 10 000 et une année de prison

D’après le Deputy Chief Surveyor, il n’y a aucune loi à Maurice qui décrète qu’une plage est privée. Il explique que, selon la Beach Authority Act, une plage est l’espace entre la marée haute et la marée basse et deuxièmement, l’espace déclaré public par le ministre par publication dans le Government Gazette. Il affirme que la descente du ministre Mahen Jhugroo et de ses officiers sur certaines plages leur a permis de constater plusieurs cas d’obstruction, dont des barrages en face de la mer et des banderoles, à travers la plage pour interdire l’accès au public. D’après la Beach Authority Regulations 2004, cet organisme doit prendre les actions légales nécessaires. Tout contrevenant encourt une amende ne dépassant pas Rs 10 000 et une peine d’emprisonnement de pas moins de 12 mois.

Les autorités peuvent leur servir une notice de Beach squatting d’après la State Land Act. Il précise que, d’après la loi, on ne peut garer sa voiture sur une plage publique, ni jouer au football, entre autres.

 

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