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Ariapen Cathan, 102 ans : «J’ai passé ma vie à travailler sans regret» 

Ariapen Cathan

Il a 102 ans, mais a encore un souvenir vivace de son parcours d’une vie qui ne lui a pas fait de cadeau. Mais, le vieil homme ne regrette rien et vit paisiblement le crépuscule de sa vie. Rencontre avec Ariapen Cathan.

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Ariapen Cathan voit le jour le 15 novembre 1917 à Queen-Victoria, Flacq. Ce petit vieillard de 102 ans est le benjamin d’une fratrie de deux, père de trois enfants et de six petits-enfants. Il arrête l’école en quatrième et prend la pioche sur la route du travail très tôt, dû aux situations financières précaires de la famille. 

Effectivement, Ariapen a commencé à travailler très jeune, enchaînant des petits boulots. Tantôt tailleur, tantôt laboureur dans des champs de cannes ; le doyen raconte qu’à cette époque, la pauvreté était bel et bien une réalité et qu’il fallait prendre le chemin du travail relativement tôt pour faire bouillir la marmite. « J’ai arrêté l’école en quatrième. J’ai eu une enfance courte, mais remplie de bons souvenirs, on jouait aux cerfs-volants, aux billes et à la ‘pallankuli’. De plus, pendant les vacances, on partait pêcher à la rivière. Cependant, la vie était chère et il fallait sacrifier le temps de jouer aux cerfs-volants pour apprendre un métier », explique-t-il. 

Voyager à travers la culture 

Et d’ajouter qu’à cette époque, les jeunes trouvaient difficilement du travail : « À 18 ou 20 ans, il y avait certains qui ne trouvaient pas de travail. Ils passaient leur temps à la boutique jouant aux billes. Lui comptait grandement sur la saison de coupe de la canne pour se faire un peu 
d’argent. » Lorsqu’il était tailleur, Ariapen a également travaillé parallèlement comme servant à l’église du village de St-Julien pendant dix ans. « Le métier de tailleur était difficile, car ça coûtait cher de faire coudre des costumes, soit dix roupies, qui était une somme considérable à cette époque. Il y avait des clients qui économisaient leur paie d’un an pour pouvoir s’offrir une coupe de costume Tissot. Du coup, je n’avais pas beaucoup de clients réguliers et je suis devenu servant. » 

Le centenaire n’a certes pas eu la chance de poursuivre des études, mais cela n’a jamais été une barrière à sa soif pour la découverte de l’art et de la culture. Eh oui ! Il a toujours été fervent de la bonne musique, mais surtout un fan du septième art. Lorsqu’il était adolescent, il a découvert le monde fascinant du cinéma. 

Ariapen n’a jamais mis les pieds dans un avion, mais les films lui ont permis de voyager, de s’instruire et de découvrir différentes formes d’art. « Il y avait une salle de cinéma là où j’ai grandi, étant adolescent ma seule passion et récompense en fin de semaine était d’aller voir des films français et bollywoodiens. J’ai été exposé au théâtre grâce aux films parlants et a des ‘Natak’ (NDLR : pièce de théâtre indienne d’antan où les hommes s’habillaient en femmes et vice versa.) C’était notre petit moment de détente en toute quiétude. Nous passions la plupart de notre temps dans les salles de cinéma », narra-t-il. 

Contre vents et marrées 

À la suite d’un problème de santé, dont une congestion qui avait causé une paralysie partielle il y a dix ans, Ariapen a intégré une maison de retraite pendant trois ans pour ensuite, cinq ans de cela, atterrir au Meenatchee Home, Ste-Croix. Cependant, aujourd’hui, il se porte formidablement bien avec la capacité d’être autonome grâce à ses médecins. « C’est sûr que je n’ai plus le même courage qu’avant, je me déplace à l’aide d’une badine et j’ai une vue réduite, mais je suis autonome, je marche jusqu’à la salle-à-manger et pour prendre mon bain », partage-t-il. 

Même s’il ne le fait plus aussi souvent, il adore faire de la lecture. Il connaît le récit de ‘La Conscience’ qu’il a appris en quatrième par cœur comme s’il l’avait appris hier. Vous serez d’autant plus surpris par la lucidité de ce petit vieux qui connaît les paroles de la Marseillaise sur le bout de ses doigts. D’ailleurs, il est non seulement fan des chanteurs tels que Tino Rossi, Juan Kiepura ou Luis Mariano, mais il s’adonne lui-même au chant. 

102 ans, un parcours digne d’une comparaison à une montagne russe avec des hauts et des bas, mais Ariapen vit avec une seule philosophie : « Aide toi-même et le ciel t’aidera », soit expliqué par Ariapen, « Vis pour toi-même, dans le présent jamais dans le passé. Aide ceux qui sont dans la peine tant que tu peux, s’ils sont malades donne leur de quoi fermer les yeux en paix. Mais ceux qui sont plus de ce monde ne doivent pas être regrettés, car la vie continue. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour assurer l’avenir de ma famille et mes enfants en surmontant les aléas de la vie. Maintenant, je vis dans le présent avec contentement. »

Et le mot de la fin : « J’ai passé ma vie à travailler, mais je vis le restant de mes jours sereinement, sans aucun regret ».  

 

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