Arbuste sauvé grâce aux biotechnologies : Maurice témoin d’une «première mondiale» 

L’événement est peut-être passé inaperçu à Maurice, mais elle est de taille, au point où les médias étrangers, dont le réputé journal français Libération, y consacrent de la place dans leurs colonnes. Le jeudi 4 juillet 2024, environ 100 Cylindrocline lorencei, arbuste endémique de Maurice, ont été réintroduits en nature. 

Une bonne partie a été plantée à Pétrin, dans le parc national des gorges de la Rivière-Noire. La particularité du Cylindrocline lorencei est qu’il avait totalement disparu des milieux naturels depuis les années’ 90, à cause de la déforestation et des espèces végétales invasives. 

La plante avait été sauvée in extremis de l’extinction par le botaniste français et fondateur du Conservatoire Botanique National de Brest, Jean-Yves Lesouëf, qui avait réussi à collecter quelques graines qui ont été conservées dans la banque de graines de Brest. Un problème de taille se posait cependant : les graines ne pouvaient pas germer naturellement. 

Mais grâce aux progrès réalisés dans le domaine des biotechnologies, le Conservatoire Botanique National de Brest a réussi en 1993, en collaboration avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture (INRA) à Ploudaniel, à régénérer la plante entière. Par la suite, le Cylindrocline lorencei a été propagé avec succès grâce à la culture d’embryons et plus tard par des techniques de culture in vitro. 

À partir de 2009, le conservatoire s’est tourné vers le centre de recherche appliquée français, Vegenov, pour multiplier à plus grande échelle, par micro-propagation in vitro, des centaines de plantes. La région de Pétrin a été choisie, car elle présente les mêmes conditions biotiques et abiotiques que l’habitat original à Plaine-Champagne. 

Cette centaine de plantes nées à Brest, selon un protocole précis, sont maintenant réintroduites dans les zones de gestion de la conservation de Maurice, avec une cinquantaine de plantes à Pétrin. Le protocole a été soumis au National Parks and Conservation Service afin d’assurer le retour durable du Cylindrocline lorencei dans son environnement naturel ainsi que sa survie à long terme. 

Cette réintroduction est une initiative conjointe du Conservatoire Botanique National de Brest en France et du National Parks and Conservation Service de Maurice. Le projet est financé par la Mauritius Commercial Bank Ltd.