Interview

A.R. Rahman : «J'ai l'impression de mener une double vie»

Malgré ses nombreuses reconnaissances internationales, A.R. Rahman est candide, simple et calme. Le célèbre compositeur indien s'est livré à cœur ouvert aux journalistes lors d'un point de presse, précédant son premier concert tenu le samedi 10 décembre au SVICC à Pailles. C'était à l'hôtel La Pirogue à Wolmar. À un moment de sa vie, il a même songé à mettre fin à sa carrière à Bollywood.

Publicité

Selon les organisateurs de Stepmedia, vous avez livré votre concert à Maurice après deux années de négociations. Pourquoi cela a pris du temps ?
J'ai beaucoup entendu parler de l'île Maurice. Je suis content d'être finalement ici. (Ndlr : A.R. Rahman part ce lundi 12 décembre).

« J'ai beaucoup entendu parler de l'île Maurice. Je suis content d'être finalement ici. »

À l’époque, j'avais plusieurs choses à gérer dont les offres à Bollywood qui s'enchaînaient ainsi que mon orchestre de 110 personnes et 18 chanteurs. Il fallait que je me concentre à réduire ce nombre afin d'avoir la bonne vibration pour livrer un spectacle digne de ce nom. Cela m'a pris 20 ans pour rebâtir ma confiance en moi et monter l'orchestre souhaité. Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais pu emmener 200 personnes !

Darshinee Choolun, une fan remettant un tableau à A.R. Rahman.

Le film tamoul ‘Roja’ a été un tournant dans votre carrière. Expliquez-nous cela ?
Le projet ‘Roja’ est un rêve qui s'est concrétisé. De 14 à 25 ans, j'ai évolué dans un lieu où j'étais lassé de voir les mêmes visages. J'avais soif de nouveauté. Je m'apprêtais à quitter l'industrie cinématographique et de me lancer dans le privé. Mais le directeur dont j'admire le travail, Mani Ratnam, m'a alors fait une proposition. Il m'a demandé de composer la bande sonore de son film ‘Roja’. Je n'ai pas pu le refuser. Trois ans plus tard, je bosse sur mon premier film à Bollywood, Rangeela de Ram Gopal Varma. L'aventure continue de plus belle. La musique est venue comme une bénédiction et il me reste tant de choses à découvrir.

R.K.Shekhar, votre père, était un compositeur très célèbre pour les films tamouls et malayalam. À quel point c'était difficile pour vous de vous lancer à Bollywood ?
Ma carrière à Bollywood est comme une montagne russe. Mon premier film Rangeela a empoché toutes les récompenses. Depuis, les offres se sont enchaînées une après l'autre. À un moment, c'était impossible de tout gérer. Je devais m'imposer une limite. Je commençais par comprendre ce que les gens attendaient de moi, quand et où.

Vous êtes considéré comme l'un des meilleurs compositeurs de musique au monde. Mais avez-vous déjà connu des échecs ?
Qui vous a dit que j'étais parmi les meilleurs ? (Rires) J'en ai connu beaucoup. Il ne s'agit pas des échecs, mais de l’incompréhension. Dès fois, je fais quelque chose et les gens l'interprètent différemment. Ils prennent du temps à me comprendre. Au fil des années, je me suis habitué à des réactions mitigées. Souvent, il m'arrive de ne pas aimer mes compositions. Puis, je commence à apprécier certains morceaux une semaine plus tard.

Vous êtes récipiendaires de deux Oscars et plusieurs reconnaissances. Comment est-ce que cela vous a changé ?
Ces récompenses ont changé ma vie. Je peux aller dans un studio à Hollywood et on me reconnaît tout de suite comme ce fut le cas à Walt Disney. L'industrie cinématographique américaine est fascinante. Je m'y rends régulièrement. Entre Bollywood et Hollywood, j'ai l'impression de mener une double vie.

À quand un nouvel album ?
Nous sommes tous occupés. Il y a six mois de cela, nous en avons parlé dans le groupe. Rien ne s'est encore concrétisé. It might happen !

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !