Plusieurs photos circulent sur les réseaux sociaux. D’aucuns pensent que les requins se fient à leur instinct de chasseur pour rôder autour des fermes aquacoles. Alors que le ministre du Tourisme n’a reçu aucun rapport sur la présence de requins capturés dans nos lagons.
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Les images parlent d’elles-mêmes. De nombreuses photos d’un requin bouledogue (Ndlr : particulièrement agressif) capturé à Grand-Gaube le dimanche 19 août circulent sur les réseaux sociaux et sont médiatisées. Toutefois, Anil Gayan, le ministre du Tourisme, avoue n’avoir pas eu vent de la présence de requins dans les parages de Grand-Gaube. « Je n’ai pas reçu de rapport quant à la présence de requins à Grand-Gaube. Je ne suis pas au courant », assure-t-il. Le ministre de la Pêche, Prem Koonjoo, quant à lui, demeure injoignable.
Judex Rampaul, président de l’Association des pêcheurs, un habitué de la haute mer, affirme que c’est durant la nuit ou pendant une mer agitée qu’il note la présence de requins dans nos lagons. D’autre part, il souligne que les fermes aquacoles risquent d’attirer les requins. « C’est l’afflux de poissons retenus dans les filets de l’aquaculture qui attirent les requins. Ces requins se fient à leur instinct de prédateurs, car ils ont faim », explique le pêcheur. Selon lui, ces prédateurs se retrouvent nez à nez avec une myriade de poissons pris en otages dans un énorme filet. « C’est pourquoi, les requins rôdent dans nos parages. Les requins ont faim », ajoute Judex Rampaul.
Selon l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo, les requins sont présents dans tous les océans du monde. « Seules quelques espèces sont réputées dangereuses pour les humains : le requin blanc, le requin-tigre et le requin-bouledogue, car ils sont associés à la majorité des attaques de requins sur les humains. C’est un animal surpuissant qui peut attaquer sa proie à la verticale en s’appuyant sur sa queue, et dont la présence est parfois signalée dans les grands fleuves d’eau douce », indique-t-il.
D’autre part, les requins sont des prédateurs qui vivent naturellement près des fermes aquacoles. « Ces fermes représentent un «supermarché » facile d’accès pour ces requins, car il y a une grande concentration de poissons, facilement accessibles », précise l’océanographe. Selon lui, les filets des fermes aquacoles sont souvent déchirés par les requins. « C’est un fait scientifiquement et mondialement connu que les requins-bouledogues et requins-tigres sont des espèces réputées pour leur agressivité envers les humains. Ces gros filets à poissons agissent comme un appât à requins », souligne Vassen Kauppaymuthoo. Selon lui, certains scientifiques pensent que la présence des requins à La Réunion est causée par l’installation d’une ferme aquacole. De plus, l’océanographe ajoute que « le fait que ces requins se retrouvent autour des fermes aquacoles représente un danger pour les humains ».
Difficile de concilier tourisme durable et fermes aquacoles à Maurice. D’après lui, les risques sont énormes si les requins s’approchent davantage des côtes mauriciennes. « Si les requins-bouledogues s’approchent des côtes à cause des fermes aquacoles, cela pourrait engendrer une perte pour notre industrie touristique qui rapporte beaucoup d’argent annuellement. »
« Il n’y a pas de requins autour de la Fish Farm de Grand-Gaube », avait affirmé Anil Gayan
Le ministre du Tourisme intervenait lors d’une visite des lieux à Grand-Gaube, lundi 8 janvier. Il avait affirmé qu’il n’y a aucune présence de requins autour des fermes aquacoles. Pour assurer la population, une équipe de plongeurs a vérifié s’il y avait des requins présents. « Au ministère du Tourisme, nous nous assurons que les fermes aquacoles soient compatibles avec le tourisme. Si nous constatons qu’il y a des risques, nous allons certainement reconsidérer tous les projets d’aquaculture », avait déclaré Anil Gayan lors de cette tournée en début d’année après qu’un requin a été capturé par les pêcheurs de la région. « Il n’y a pas de requins autour de la Fish Farm de Grand-Gaube », avait-il soutenu.
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