Après les défaites subies aux élections générales de 2014 et de 2019, Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste, a réussi à inverser la tendance, venant à bout de Pravind Jugnauth, que beaucoup considéraient comme invincible.
Après une traversée du désert longue de 10 ans, marquée par deux défaites électorales consécutives en 2014 et 2019, Navin Ramgoolam est sur le point de retrouver le pouvoir. Un retour qui intervient dans un contexte où son leadership au sein du Parti travailliste (PTr) avait été remis en cause à plusieurs reprises, et où ses ambitions politiques semblaient sur le point d’être anéanties.
En 2019, sa tentative de représenter la circonscription n°10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière Sud-Est) s’était soldée par un échec. Toutefois, ce n’est pas seulement ces défaites électorales qui ont marqué ces années difficiles, mais aussi une série de batailles juridiques.
Les accusations retenues contre lui, notamment l’affaire des Rs 220 millions retrouvées dans son coffre-fort, avaient gravement entaché son image. Malgré leur annulation, il reste encore sous le coup d’une procédure judiciaire, dont une audience prévue le 14 novembre 2024, où il contestera des dispositions légales qu’il considère contraires à ses droits constitutionnels. Ces péripéties judiciaires ont non seulement terni sa réputation, mais ont aussi alimenté une opposition interne au sein du PTr.
En dépit de ces revers, Navin Ramgoolam a su résister à plusieurs tentatives de contestation interne. Le plus marquant a été l’opposition menée par Arvin Boolell en 2015, suivie par d’autres membres comme Satish Faugoo ou Devanand Ritoo, qui ont, eux aussi, exprimé des doutes sur sa capacité à diriger le PTr. Cependant, au fil des années, Navin Ramgoolam a habilement consolidé sa position, parvenant à faire revenir certains de ses détracteurs dans son camp, tout en s’imposant comme le seul leader capable d’affronter Pravind Jugnauth et le Mouvement socialiste militant (MSM).
Les relations entre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth ont été marquées par une animosité constante, notamment lors des dernières années de gouvernance du MSM. Pravind Jugnauth, bénéficiant de l’appareil d’État, a souvent cherché à discréditer Navin Ramgoolam, notamment par des attaques sur sa santé et des aspects de sa vie privée. Mais face à ces attaques, Navin Ramgoolam a compris que seul un rassemblement de l’opposition pourrait lui permettre de reconquérir le pouvoir.
Cette stratégie d’alliance a cependant été semée d’embûches. Si après les élections de 2019, Navin Ramgoolam est parvenu à s’associer au Mouvement Militant Mauricien (MMM) et au PMSD, les relations avec ces partenaires n’ont pas toujours été sereines. En 2024, le départ du PMSD de l’alliance semblait marquer un coup dur pour Navin Ramgoolam. Cependant, cette séparation a permis au leader du PTr de revoir sa stratégie, en nouant des liens avec les dissidents du PMSD sous la bannière des Nouveaux Démocrates (ND) et en s’associant avec le parti de gauche Rezistans ek Alternativ.
Ce tournant stratégique a permis à Navin Ramgoolam de reconstruire son alliance et de revitaliser sa campagne, en dépit des critiques qu’il a essuyées. Son retour sur la scène politique s’est accompagné de rassemblements populaires dans plusieurs circonscriptions, témoignant d’un regain d’intérêt et de soutien de la part d’une partie de l’électorat. Le départ du PMSD en avril 2024, qui semblait au départ être un revers, s’est finalement s’avéré être un atout, offrant à Navin Ramgoolam une meilleure position pour affronter Pravind Jugnauth.
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