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Après sept ans de calvaire : pourquoi un senior a-t-il accueilli avec soulagement le décès de son fils ?

Jean Christian Solax

En cas de décès d’un enfant jeune ou moins jeune au sein d’une famille, tout le monde est anéanti. Certains n’arrivent pas à se relever, tant la douleur est difficile à supporter. Pourtant, tel n’est pas le cas pour Jean Christian Solax. Cet habitant de Port-Louis, âgé de 62 ans, a retrouvé un sens à sa vie depuis la mort de son fils Jonathan.

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Il nous explique avec franchise pourquoi la mort de son fils est vécue comme un soulagement : « Lorsque mon fils est décédé à l’âge de 33 ans suite à une overdose, j’ai accueilli sa mort avec soulagement. Désormais, je comprends la souffrance des familles qui doivent subir les excès et les écarts de conduite de leur proche devenu victime de la drogue ». Jean a été interrogé à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées. Il a profité de cet événement pour revenir sur cette période sombre de sa vie, qui a duré sept longues années.

« Si je vous raconte tout cela, c’est pour vous faire comprendre qu’il est impossible de ramener un drogué sur le droit chemin. J’en ai fait la triste expérience personnelle... »

Le jour du décès de son fils, Jean épluchait des légumes dans sa cuisine quand soudain, le cri déchirant de sa fille a retenti dans la maison, car elle avait découvert Jonathan étendu par terre dans la cour. Jean a tout de suite remarqué que son fils présentait tous les symptômes d’une overdose, en l’occurrence une rigidité et des spasmes musculaires. Il était dans un état comateux. Jonathan, toxicomane, s’était administré un puissant mélange d’opiacés. Jean, accompagné par d’autres membres de la famille, a emmené son fils à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo en voiture. Durant le trajet, Jonathan ne donnera aucun signe de vie et son décès sera confirmé à son arrivée à l’hôpital. Un décès qui a mis fin  à sept années de terreur, de conflits et de brutalité. « J’ai enfin retrouvé la paix », dira Jean, qui ne regrette pas la mort de son fils.

« J’ai enfin retrouvé la paix »

Vols en série et flambée de violence

Les relations conflictuelles entre Jean et Jonathan ont débuté en 2007, quand ce dernier a été pris dans l'engrenage de la drogue. Jonathan ne travaillait pas, mais il lui fallait trouver Rs 1 800 à
Rs 2 000 pour ses doses quotidiennes et c’est pourquoi il volait tout ce qui lui tombait sur sa main. Le jeune homme attaquait les personnes vulnérables de sa localité et les menaçait de représailles s’ils rapportaient le cas à la police. « Si to all garde, bal kot twa ! ». Dès qu’un cas de vol avec violence était rapporté dans la région, tout le monde savait déjà que Jonathan y était mêlé.

La famille de Jonathan n’a pas été épargnée. Jean, impuissant, assistait à la dilapidation de ses biens. Son fils volait tout, l’argenterie, des outils et même un lapin considéré comme un membre de la famille et qui faisait la joie des enfants. Jean raconte : « Le lapin étant introuvable, tout le monde, dont Jonathan, s’était mis à le chercher. Jonathan a déclaré que le chat l’avait dévoré, une thèse très vite écartée. Finalement, j’ai appris que Jonathan avait été vu à la foire de Port-Louis avec un lapin dans les bras ».

Au fil du temps, le jeune homme est passé maître dans l’art du cambriolage. Il avait toujours en sa possession un nombre incalculable de téléphones portables qu’il écoulait sur le marché, une activité lucrative qui lui a permis de mener la belle vie. Il se baladait dans certaines régions du pays, surtout celles du littoral, en costume.

Jonathan faisait régulièrement des séjours en prison et quand il retournait à la maison, il était toujours accueilli, en particulier par sa mère. Cette dernière, qui était toujours attentive à ses moindres désirs, disait: « Li pe vini bizin prepare ene bon cari poisson qui li content pour li. »  

Les choses se dégénérent

En revanche, son père avait adopté une autre attitude à l’égard de son fils avec lequel il se disputait fréquemment. Un jour, les choses ont dégénéré. Jonathan a agressé son père avec un cutter. Jean, qui a failli avoir la carotide tranchée, s’en est sorti avec une estafilade le long de la gorge. Il a eu des points de suture et il a été hospitalisé. Pauvre Jean. Il ne s’est jamais senti en sécurité, car les choses pouvaient dégénérer à tout moment quand il se trouvait face à son fils.

« Si je vous raconte tout cela, c’est pour vous faire comprendre qu’il est impossible de ramener un drogué sur le droit chemin. J’en ai fait la triste expérience personnelle et je plains véritablement ces familles qui se retrouvent dans la même situation. »

Certes, Jean a retrouvé la paix, cependant, rien ne sera plus jamais comme avant. Il vit au milieu de sa famille avec ses petits-enfants qu’il comble de son affection. Il est bercé par le souvenir des années durant lesquels il militait pour la sauvegarde des intérêts des travailleurs de la défunte CHA aux côtes de Jack Bizlall et de Paul Bérenger.

 

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