
Après les commentaires du Premier ministre par intérim Paul Bérenger, Air Mauritius justifie sa décision d’annuler le vol MK 288/289 vers Antananarivo du 13 octobre. La compagnie invoque un risque sécuritaire « inacceptable » dans un contexte de crise politique et de violences à Madagascar.
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Dans un long communiqué daté du 16 octobre, la compagnie nationale a justifié sa décision d’annuler le vol MK 288/289 prévu le 13 octobre 2025 entre Maurice et Antananarivo. C’est une décision qui a été commentée par le Premier ministre par intérim, Paul Bérenger. Celui-ci a regretté la suspension du vol, évoquant un « manque de coordination » et un « préjudice diplomatique et humanitaire » pour les Mauriciens restés bloqués à Madagascar.
Le président du conseil d’administration d’Air Mauritius, Kishore Beegoo, a pris la plume pour expliquer les raisons qui ont conduit la direction et le conseil à adopter une position de prudence absolue. Il a mis en avant la priorité accordée à la sécurité des passagers, des équipages et des appareils.
Décision réfléchie
Le communiqué explique qu’une réunion extraordinaire du Management Safety Review Board a eu lieu avant l’annulation du vol. Y siégeaient les principaux responsables de la compagnie : l’Accountable Manager, le Head of Corporate Safety, le Head of Technical Services, le Head of Ground Operations et le Head of Compliance Monitoring, entre autres.
Selon Kishore Beegoo, « la décision de suspendre le vol n’a pas été prise à la légère », mais sur la base d’un rapport complet de sécurité et d’une analyse multidimensionnelle des risques, incluant la situation politique et sociale explosive à Antananarivo.
Les experts ont relevé que Madagascar traversait alors une crise majeure : affrontements violents, morts parmi les manifestants, pillages et même saccage des bureaux d’Air Mauritius dans la capitale malgache.
Des compagnies internationales comme Air France, Emirates et Turkish Airlines avaient d’ailleurs suspendu leurs vols en raison du climat d’insécurité. Air France, par exemple, avait annulé ses opérations entre Paris et Antananarivo du 11 au 13 octobre, invoquant « une aggravation rapide de la crise sécuritaire ».
Risques élevés
Le comité de sécurité d’Air Mauritius a mis en avant huit motifs déterminants :
• Absence d’assistance technique à Antananarivo, rendant impossible toute réparation d’urgence en cas d’avarie.
• Sécurité du personnel navigant, menacée par les troubles et les risques d’arrestations arbitraires.
• Risque d’immobilisation de l’appareil (AOG), avec des conséquences « catastrophiques » pour les opérations.
• Informations concordantes de la presse internationale (AFP, BBC) signalant des tensions à l’aéroport.
• Suspension des vols d’autres grandes compagnies, jugée significative.
• Atterrissage d’un jet privé transportant des personnalités politiques malgaches en fuite vers Maurice, perçu négativement à Antananarivo.
• Montée d’un sentiment anti-mauricien sur les réseaux sociaux. Air Mauritius était présentée comme un symbole proche du régime malgache.
• Risque d’attaque ciblée, même minime, contre l’avion ou l’équipage.
Le rapport interne souligne qu’« un seul projectile ou incident aurait pu paralyser l’appareil et l’équipage pour une durée indéterminée », et que les assureurs refuseraient toute indemnisation si le vol avait lieu malgré une évaluation défavorable.
Sécurité
Air Mauritius a rappelé que la sécurité l’emporte sur toute considération politique, diplomatique ou commerciale. « Nous comprenons les inquiétudes exprimées, mais il est de notre devoir de ne jamais compromettre la sécurité des vies humaines », souligne le communiqué. Il ajoute que les décisions d’annulation ou d’ajout de vols relèvent du conseil d’administration et non du gouvernement.
Kishore Beegoo précise qu’il a informé le ministre des Affaires étrangères de la décision prise « par respect pour la situation de nos compatriotes bloqués à Madagascar ».
Le communiqué ajoute qu’en cas d’incident sur un vol opéré malgré une évaluation négative, les administrateurs pourraient faire face à des poursuites pénales pour négligence. « La responsabilité d’un conseil d’administration est d’agir dans le meilleur intérêt de l’entreprise et de la vie humaine. »
« La situation est suivie heure par heure », assure la direction, qui réaffirme son engagement à reprendre les opérations dès que les conditions seront réunies.

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