Depuis le début de l’année, le fret maritime des conteneurs en provenance d’Asie a connu une augmentation conséquente de plus de 300 %. Cependant, une tendance à la stabilité semble actuellement s’installer.
L’année 2024 a débuté avec le fret maritime atteignant des sommets inédits. Les ports congestionnés, la pénurie de conteneurs et les retards logistiques ont tous contribué à cette flambée des prix, explique Mahendra Gondeea, président de l’Association professionnelle des transitaires (APT).
« Si un conteneur de 40 pieds en provenance d’Asie coûtait entre 2 300 et 2 400 USD en mars dernier, il faut actuellement compter une moyenne de 9 200 dollars », indique-t-il. Quant au conteneur de 20 pieds, il fait ressortir que le fret est actuellement à 5 200 dollars contre 1 300 USD en mars dernier.
Cependant, depuis quelque temps, une certaine stabilité est observée sur le coût du fret. « Il n’y a pas eu de nouvelle hausse récemment et nous n’avons pas reçu de communication des compagnies maritimes indiquant que le fret va augmenter davantage dans un avenir proche », affirme Mahendra Gondeea.
Un importateur majeur, sous couvert de l’anonymat, abonde dans le même sens. « Après une montée en flèche depuis le début de l’année, nous constatons que le fret demeure stable actuellement. Enfin, nous avons déjà traversé la ‘peak season’ dans le secteur maritime », explique-t-il
Le secrétaire général de la Freeport Operators Association, Afzal Delbar, fait le même constat. « Nous avons observé une certaine stabilité sur le fret maritime en provenance d’Asie depuis quelque temps. Il faudra attendre jusqu’au mois de septembre pour avoir une meilleure visibilité sur l’évolution du fret », dit-il.
« wait and see »
Selon nos interlocuteurs, il y a une possibilité que le fret baisse dans les semaines à venir. « Cependant, nous ne pouvons pas le prédire avec certitude, car il y a plusieurs facteurs externes qui déterminent le fret. Tout dépendra de la situation dans les ports asiatiques », précise Mahendra Gondeea. Selon lui, s’il n’y a pas de nouveaux chamboulements, une légère baisse devrait se faire sentir à partir du 15 septembre. Un avis partagé par Afzal Delbar. « Nous sommes actuellement dans une situation de ‘wait and see’ », dit-il.
Mais entre-temps, les prix des produits importés vont continuer à grimper et cette augmentation durera jusqu’à la fin d’octobre. En effet, selon l’importateur contacté, les répercussions de la hausse du fret se font ressentir pendant au moins 12 semaines. « Les produits que nous avons importés durant le mois de juillet, avec un coût de fret très élevé, coûteront plus cher en octobre prochain », fait-il comprendre. Les consommateurs mauriciens doivent ainsi se préparer à une nouvelle flambée des prix.
Il faudra attendre jusqu’au mois de septembre pour avoir une meilleure visibilité sur l’évolution du fret"
Le Commerce en consultation avec les comagnies maritimes
La ministre du Commerce, Dorine Chukowry, a déclaré à l’Assemblée nationale, le 30 juillet, que la question des coûts élevés du fret a été discutée avec les principales compagnies maritimes, à savoir CMA-CGM Mauritius Ltd, Mediterranean Shipping Company (Mauritius) Ltd et Maersk Mauritius Ltd. Elle a souligné que son ministère travaille en collaboration avec ces entreprises et d’autres ministères concernés pour développer des solutions à court, moyen et long terme afin de faire face à cette situation complexe. Dorine Chukowry a précisé que l’augmentation continue des coûts du fret maritime est un problème mondial échappant au contrôle direct de son ministère. Pour aider les citoyens à faire face à ces défis, le gouvernement, rappelle-t-elle, octroie d’importantes subventions, totalisant Rs 4,6 milliards, pour des produits essentiels comme le gaz, la farine, le riz et le pain.
La solution proposée par Ehsan Juman
Face à la hausse du coût du fret, le député du Parti travailliste, Ehsan Juman, propose une solution. D’ailleurs, il a déjà écrit au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, à ce sujet. « Je recommande d’appliquer la TVA sur la valeur FoB (Free on Board) au lieu de la valeur CIF (Cost, Insurance and Freight) afin d’alléger le fardeau des Mauriciens », indique-t-il. Citant l’exemple d’une boîte de lait en poudre importée, il explique : « Si le produit coûte Rs 100 et le fret Rs 10, la TVA est normalement calculée sur la valeur CIF, c’est-à-dire Rs 110. Or, je propose que la TVA soit calculée sur la valeur FoB, exemptant ainsi le coût du fret. »
Ehsan Juman affirme qu’en excluant le fret, les consommateurs payeront moins cher pour les produits importés. « Je propose cette solution pour l’importation de tous les produits jusqu’à ce que la situation retourne à la normale », dit-il.
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