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Après huit mois dans un abri : un couple défavorisé récupère la garde de ses quatre enfants

Deeksana est heureuse de pouvoir enfin prendre dans ses bras ses quatre enfants, trois filles et un fils.

Deeksana et Ritesh Sing D. sont soulagés. Ce couple d’agents de sécurité a dû batailler pendant de longs mois pour récupérer ses quatre enfants. Depuis mercredi, la famille est au complet.

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Un couple vivant dans des conditions extrêmement difficiles a retrouvé le sourire, le mercredi 15 mars. La cour leur a, en effet, rendu la garde de leurs quatre enfants. Ces derniers avaient été placés dans un abri depuis huit mois. Une décision de justice rendue possible grâce à l’aide de Me Lovena Sowkhee.

Deeksana et Ritesh Sing D. sont mariés civilement depuis neuf ans. Le couple a quatre enfants : Yashini, 6 ans, Laeticia, 5 ans, Zahir, 3 ans, et Zerina, 2 ans. La famille vit dans des conditions précaires, mais le couple travaille dur pour subvenir aux besoins de ses enfants. Deeksana et Ritesh Sing, qui est en liberté sous caution, sont tous deux agents de sécurité. Ils ont mis en place un système pour surveiller les enfants. La mère travaille durant la journée et c’est le père qui veille sur les enfants jusqu’au retour de sa femme.

Le 14 juillet 2022, comme d’habitude, Ritesh Sing a quitté le domicile vers 14 h 30. Comme Deeksana rentre généralement à 16 h 30, il a confié les enfants à sa mère, après avoir récupéré les deux plus jeunes à l’école maternelle de Vuillemin, Quartier-Militaire, sise à quelques pas de la maison. Puis, il s’est rendu sur son lieu de travail, à Ébène, où il a reçu un coup de fil d’une proche pour lui annoncer la terrible nouvelle. Des officiers de la Child Development Unit (CDU), accompagnés de policiers, sont venus à son domicile et ont pris les enfants. Une descente qui fait suite à l’appel d’une proche qui aurait alerté la CDU après avoir remarqué que les deux plus jeunes enfants du couple étaient livrés à eux-mêmes.

Nous étions choqués de constater la dégradation physique de nos enfants»

Pour Deeksana et Ritesh Sing D., c’était comme si le ciel leur était tombé sur la tête. Ils ne savaient même pas dans quel abri leurs enfants avaient été placés. Ils ont frappé à plusieurs portes pour revoir au moins un des quatre enfants auprès de la CDU. Ce n’est qu’au début de janvier dernier que leurs efforts ont été récompensés, quand ils ont retrouvé leurs deux aînées. 

Toutefois, ils disent avoir eu le choc de leur vie. « Nous étions choqués de constater la dégradation physique de nos enfants. Je pense que mes deux filles ont été maltraitées. Une personne a coupé sauvagement les longs cheveux de notre fille aînée. Elle portait également des traces de griffures sur les bras. Mo tifi dir mwa kan nou pou ale, bann zanfan dan shelter pou bat zot ankor », relate Deeksana. 

Les parents ont interrogé les cinq employées de la CDU présentes à ce moment-là sur la raison pour laquelle leurs deux plus jeunes enfants n’avaient pas été emmenés en même temps. L’une d’elles a répondu que c’était en raison d’un manque de transport. 

Par la suite, quand le couple revoit ses quatre enfants, le 31 janvier dernier, au bureau de la CDU, il remarque que trois d’entre eux portaient des traces de blessures. Leur fille aînée de 6 ans avait des plaies sur le bras, leur fils de 3 ans avait une marque près de son œil et leur enfant de 2 ans était blessé au front. Les parents ont pris des photos des blessures, puis le lundi 13 mars dernier, Deeksana s’est rendue au poste de police de Quartier-Militaire, où elle a déposé une plainte pour maltraitance envers ses trois enfants. 

Les parents ont sollicité l’aide de Me Lovena Sowkhee pour récupérer leurs enfants. L’avocate a accepté de les aider bénévolement. La récupération de la garde des enfants a été conditionnée par le respect de plusieurs directives édictées par la CDU à l’encontre du couple. « Les officiers de la CDU m’ont dit que je devais arrêter de travailler. Apre, kom mo res dan enn lasam tol 10 par 10, zot dir mwa separ li avek enn rido. J’ai fait ce qu’ils m’ont demandé », confie Deeksana. 

Me Lovena Sowkhee : « Demander à la mère de cesser de travailler n’est pas une solution »

Selon Me Lovena Sowkhee, qui s’est confiée à Le Dimanche/L’Hebdo, l’histoire de ce couple est un cas parmi tant d’autres. Elle estime qu’il y a une faille dans le système. Alors qu’en 2023, on parle de l’intégration et l’autonomisation économiques des femmes, la réalité est différente, déplore-t-elle.

« La CDU a exigé que Deeksana arrête de travailler, alors que son mari et elle touchent le salaire minimum et ont quatre enfants sur les bras. Avec un seul salaire, comment vont-ils faire pour vivre ? Déposer les enfants à la crèche peut être la solution, mais cela coûte cher. La CDU a demandé à la mère d’arrêter de travailler, mais ce n’est pas une solution. Ki pour ariv li san oken alokasion sosial. Au contraire, le gouvernement aurait dû se charger des frais de la crèche pour qu’elle puisse travailler », déclare l’avocate. 

Me Lovena Sowkhee révèle que la bataille légale devant le tribunal des enfants, le mercredi 15 mars, a duré une demi-journée, car cette affaire est compliquée. Elle a dû expliquer au tribunal que ce n’était pas la faute des parents s’ils étaient pauvres et qu’ils vivaient dans une seule chambre. Selon l’avocate, la proposition de la CDU de séparer la pièce avec un rideau n’est pas la solution. Il faudrait, en revanche, aider le couple à trouver une maison décente. « Tous les parents ne disposent pas d’une maison avec deux ou trois chambres », fait-elle ressortir.

 

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