Deux semaines de tensions avaient fragilisé l’alliance du Changement. Mais Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont renoué le dialogue, évité la rupture et rétabli un équilibre politique jugé vital.
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Pas de démission de Paul Bérenger comme Deputy Prime Minister pour regagner les bancs du Parlement. Et moins pour aller renforcir les bancs de l’opposition. Pas non plus de Bureau politique spécial ce vendredi, ni de Comité central d’urgence samedi.
La tempête semble donc contenue. Entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, la cohésion – que certains pensaient irrémédiablement fragilisée – paraît restaurée. Les deux dirigeants ont d’ailleurs pris part cette semaine à deux réunions jugées « essentielles » dans l’entourage du gouvernement : mercredi, une séance consacrée au dossier sensible des Chagos ; jeudi, une rencontre stratégique sur le renforcement de la coopération bilatérale avec le Qatar.
Dans les cercles travaillistes, un sentiment domine : pour préserver l’unité gouvernementale, le Premier ministre a dû consentir à des concessions substantielles. « Pour Navin, il n’est pas question de révoquer Bérenger. Il refuse d’en faire une victime. Il a joué l’apaisement. Ce n’est pas dans l’intérêt du pays d’aller vers une cassure. La population croit toujours en nous », confie un Senior Minister du PTr.
Nos recoupements indiquent que le Premier ministre a accepté de ne pas renouveler les contrats du Commissaire de police et du Commissaire des prisons, une fois ceux-ci arrivés à terme. Quant au poste de directeur général de la Financial Crimes Commission, il demeure vacant par choix : Navin Ramgoolam entend mettre en œuvre, d’ici la fin de l’année, une mesure clé annoncée dans le Discours programme, à savoir le remplacement de la FCC par la National Crime Agency (NCA). Ainsi que le prévoit le texte officiel : « A National Crime Agency (NCA) will be set up to investigate financial and economic crimes, corruption and money laundering. The NCA will be an independent body with investigative powers only, while prosecution will rest with the Office of the Director of Public Prosecutions. »
Parallèlement, le chef du gouvernement avance désormais « à pas accélérés » sur le chantier de la réforme électorale. Le Conseil des ministres de ce vendredi devrait ratifier la décision formelle de dissocier la réforme électorale de la réforme constitutionnelle, afin d’engager rapidement les consultations et la rédaction des amendements nécessaires.
Un retrait évité… faute de troupes ?
Mais derrière les apparences d’une réconciliation sur le fil, plusieurs voix – aussi bien au PTr qu’au MMM – estiment que Paul Bérenger n’a pas franchi le Rubicon pour une raison bien plus pragmatique : la majorité des députés mauves n’étaient nullement disposés à quitter le gouvernement.
« Sans l’ombre d’un doute, Paul Bérenger a dû se rétracter, car partir avec une maigre poignée de fidèles ne lui aurait pas fait honneur. Mais il faut reconnaître sa sagesse : il n’a pas voulu nager à contre-courant de son propre parti », confie un Senior Minister du MMM, compagnon politique de Bérenger depuis plus de 30 ans.
Un autre ministre mauve va plus loin : « Pratiquement personne n’a adhéré à la position initiale du leader. Les différends ne justifiaient en rien une rupture. Au MMM, nous sommes intraitables sur la gouvernance et l’intégrité. Si les points de discorde avaient relevé de cela, une majorité de députés l’aurait suivi. Là, ce n’était pas le cas. »
L’équation interne du MMM, où le leadership de Paul Bérenger est moins solidement aligné qu’autrefois, semble avoir renforcé la position du Premier ministre. Plusieurs observateurs, dans les deux camps, jugent que la configuration actuelle bascule clairement en faveur de Navin Ramgoolam, qui ressort de cette séquence plus consolidé que fragilisé. Il a eu confirmation que la majorité des Mauves veulent poursuivre leur mission au sein du gouvernement. « C’est vrai qu’à la lumière de la tempête le rapport de force penche du côté du Premier ministre. Mais il commettra l’erreur monumentale de croire qu’il a eu une carte blanche. Et qu’il peut faire ce qu’il veut. Attention aucun élu mauve n’acceptera des dérives. Et encore moins qu’on humilie son leader », prévient un élu Mauve.
Pour les élus des deux partis et leurs partisans respectifs, ce dénouement a valeur de soulagement. Tous espèrent que ce retour au calme ne sera pas de courte durée et que de nouvelles bourrasques ne viendront pas, à nouveau, hypothéquer une stabilité gouvernementale jugée cruciale dans le contexte national.
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