Au bâtiment du Trésor, on est catégorique : ce n’est plus qu’une question de jours avant que l’Independent Police Complaints Commission ne voie le jour. On l’attend depuis 2016, quand sir Anerood Jugnauth, le Premier ministre d’alors, a introduit le texte de loi au parlement. La nouvelle commission remplacera l’actuelle Police Complaints Division de la Commission nationale des droits humains.
Publicité
Plus que quelques jours, voire d’heures, à attendre la création de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC). C’est ce que confient au Défi Quotidien des sources concordantes au Bâtiment du Trésor. Cette commission indépendante, chargée des enquêtes sur les bavures policières, remplacera la Police Complaints Division (PCD), qui fait partie de la National Human Rights Commission (NHRC). L’IPCC verra le jour avec deux ans de retard. Le projet de loi y relatif avait été introduit au parlement par sir Anerood Jugnauth alors qu’il était Premier ministre en 2016. Si aucune explication officielle n’est donnée pour ce retard, SAJ lui-même avait indiqué que le gouvernement avait du mal à identifier le futur président et ses assesseurs.
Tout indique que, désormais, les difficultés ont été surmontées. Interrogé par Le Défi Quotidien, un haut fonctionnaire impliqué dans ce dossier indique qu’il y aura « bientôt » des développements, sans plus. Une source à l’Hôtel du Gouvernement apporte des précisions. « Le texte de loi sera promulgué. C’est une question d’heures. » Selon cette deuxième source, le président de l’IPCC et ses deux assesseurs ont été identifiés. On n’attend plus que la promulgation pour tout officialiser.
Si nul ne s’est aventuré à expliquer les raisons de ce retard entre l’adoption de la loi et sa promulgation, on évoque la difficulté à trouver la personne de calibre pour la présider. En octobre 2017, sur Radio Plus, l’Attorney General Maneesh Gobin devait déclarer : « Certes, nous avons adopté la loi, mais il faut une personne de calibre et respectée de toute la hiérarchie pour présider cette commission. Ce sera fait bientôt. Nous avons voté le budget y relatif . » Ce « bientôt », c’est patienter encore six mois.
Les explications de l’Attorney General sur la personne devant présider la commission correspondent à une réponse écrite de sir Anerood Jugnauth en août 2016. « Des consultations sont en cours avec des personnes ayant le profil requis pour constituer ladite commission. Ces consultations requièrent la plus grande prudence et le plus grand soin. Cela prend du temps », expliquait SAJ devenu ministre Mentor.
C’est en juillet 2016 que sir Anerood Jugnauth introduit l’Independent Police Complaints Commission Bill au parlement en vue de remplacer la PCD actuellement présidée par Marie-Lourdes Lam Hung. Cette dernière a confié au Défi Quotidien qu’elle s’attendait à faire ses bagages, une fois que l’IPCC instaurée. Ladite commission comprendra un président, avec au minimum dix ans d’expérience comme avocat ou magistrat, ou ayant servi à la Cour suprême, épaulé par deux autres membres. Ces membres seront nommés par le président de la République, sur recommandation du Premier ministre, après consultation avec le leader de l’opposition.
L’IPCC a été critiquée par l’opposition pour son manque d’innovation dans ses rôles et fonctionnement. Veda Baloomoody, du Mouvement militant mauricien (MMM), avait qualifié l’adoption de la loi « d’exercice de ‘rebranding’ ».
65 décès en cellule policière : les solutions à l’hécatombe
La mise en opération de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) intervient une semaine après le dernier décès en cellule policière : celui d’Eddyssen Patchee. Le 65e depuis 1979 (voir tableau), selon une liste compilée par le parti politique Lalit. Le Défi Quotidien avait révélé, dans son édition du 29 mars, que le nombre de décès annuel par million d’habitants à Maurice était quatre fois supérieur à celui de l’Australie en se fondant sur un rapport du ministère de l’Intérieur britannique d’octobre 2017.
Ce même rapport évoque les mesures à appliquer pour réduire le nombre de victimes en cellule policière. L’une d’elle : trouver des alternatives à la cellule policière pour les personnes en état d’ébriété ou sous influence de drogues. L’aménagement de centres de désintoxication pour les détenus non violents est aussi proposé. Dans la même veine, le rapport propose des soins à certains détenus, dont le comportement criminel aurait pour source une maladie mentale / psychologique. L’évaluation des risques que représente un détenu avant son incarcération est aussi évoquée. Le screening des maladies mentales n’est pas fait par des officiers, ayant les compétences nécessaires.
L’installation de caméras CCTV pour assurer une meilleure surveillance est incluse dans la série de recommandations qui prévoit aussi une meilleure formation aux premiers soins des officiers de police auprès des professionnels de la santé. Ces recommandations ressemblent beaucoup à celles faites par la Police Complaints Division aux autorités, indique Marie-Lourdes Lam Hung : veiller à ce que les caméras CCTV fonctionnent correctement (celle de la cellule du policier Hurreechurn ne l’était pas), l’installation d’équipements de premiers soins : un screening pour identifier les allergies ou maladies des détenus avant de les incarcérer et la formation des policiers aux premiers soins.
Les personnes décédées en cellule policière (1979-2018)
|
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !