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Après avoir reçu sa résiliation de bail : la famille Poinen à la rue pendant l’hiver

Poinen La famille Poinen.

Il fait froid actuellement, un froid encore plus vif sur les hauts plateaux. Là où habitait la famille Poinen. Par des temps pareils, tout le monde veut être au chaud, à l’intérieur de sa maison, dans un nid douillet… Hélas, ce n’est pas le cas des Poinen. Même si elle n’est pas la seule famille à se retrouver dans une telle situation.

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Raj BissessurSerge Edouard Poinen, 68 ans, est un homme de condition très modeste. Jusqu’à tout récemment, il louait une maison. Toutefois, il avait déjà reçu, en décembre dernier, sa résiliation de bail… Le propriétaire a été assez généreux pour lui permettre de rester dans la maison jusqu’au mois de mai. Cependant, après cinq mois, il a perdu patience et a fait appel à la loi pour que Serge évacue sa maison.

Du coup, le vieillard s’est retrouvé à la rue avec sa famille. Leurs effets personnels ont été placés dans un hangar.

Pour Serge, la situation est vraiment compliquée. Veuf, il vit avec un fils handicapé des deux pieds. Agé de 24 ans, celui-ci est marié et père de trois enfants âgés respectivement de 7, 4 et 1 an. Le cadet souffre d’asthme. C’est donc un couple avec trois enfants en bas âge et le grand-père de ces derniers, qui approche les 70 ans, qui se sont retrouvés à la rue il y a quelques jours, en plein hiver.

De bons Samaritains

Est-il possible de rester insensible à une situation aussi dramatique ? Marie-France, une dame d’une soixantaine d’années qui connaît bien la famille Poinen, veut lui venir en aide. Elle et sa famille, ainsi que des amis, se sont concertés pour financer la construction d’un deux-pièces sur un terrain appartenant à Serge et situé à Froberville, Allée-Brillant, Floréal. Un héritage légué à Serge par son père. Seulement voilà, la construction de ce deux-pièces est parsemée d’embûches.

Pour pouvoir aller de l’avant avec cette construction, la famille a, bien évidemment, besoin d’obtenir tous les permis nécessaires. Le seul qui fait défaut, c’est l’autorisation venant du Central Electricity Board (CEB). Pour que la famille Poinen puisse disposer de l’électricité, le CEB souhaite d’abord qu’un pylône, qui se trouve dans la cour, soit déplacé. Un travail compliqué, puisque les fils qui pourvoient en électricité plusieurs familles du coin lui sont reliés.

Marie-France avance que le CEB a exigé que les Poinen fassent déplacer le pylône en question à leurs frais, sinon ils n’obtiendront pas la clearance. Elle déclare que la famille, qui ne vit que grâce à des pensions, trouve difficile de payer la somme réclamée par le CEB. De ce fait, la construction de la maison ne pourra se faire. Donc, pour l’instant, elle reste bloquée.

Va-et-vient

Marie raconte que Serge a fait beaucoup de va-et-vient entre deux municipalités et le siège du CEB. « Il a d’abord entamé des démarches auprès de la municipalité de Curepipe. De novembre 2018 à mars dernier, il n’a eu aucune nouvelle de la mairie. Le 8 mars, enfin, il a appris qu’il avait eu l’aval de la Central Water Authority, mais pas celui du CEB. Il a continué à faire le va-et-vient entre la mairie et le CEB de Curepipe. Il s’est rendu à ces deux endroits les 8, 15, 22 mars. Puis, on lui a demandé de retourner le 1er avril. Cette fois-ci, on lui a demandé de se tourner vers le CEB de Vacoas. »

« Serge n’a rien entendu de la part du CEB de Vacoas jusqu’à mai 2019. Puis, on lui a dit : Monsieur, on ne pourra rien faire pour vous, car il y a un pylône sur votre terrain, vous devez le faire enlever à vos frais. Personne ne lui a dit qu’il pouvait soumettre une plainte en remplissant un formulaire de couleur bleue. Ce n’est que plus tard qu’on lui en a fait part. Entre-temps, le pylône est resté sur place… », ajoute Marie.

Les mauvais documents

Intervenant auprès du CEB pour la famille Poinen, la rédaction a plaidé pour que cet organisme débloque la situation sur une base humanitaire. Aansa Bedacee, Corporate Communication Officer du CEB, a expliqué que de mauvais documents que la municipalité de Vacoas a fait parvenir au CEB sont à l’origine du retard dans le déblocage de la situation.

« D’après la Local Government Act, toutes les demandes d’électricité doivent passer par la municipalité qui, à son tour, les relaie au CEB. Dans le cas de cette personne, la municipalité concernée n’a pas envoyé au CEB des documents le concernant, mais ceux d’une autre personne. Le CEB a informé la municipalité qu’elle avait cinq jours pour lui envoyer les bons documents, ceux qui correspondent à la demande de M. Poinen », a-t-elle expliqué.

« Finalement, la municipalité a envoyé les documents appropriés à la fin du mois de mars, le 29 plus précisément. Aussitôt, le CEB s’est rendu sur place pour une site visit. Les officiers se sont rendu compte qu’une clearance immédiate était impossible, vu que cela exigeait d’abord le déplacement de plusieurs lignes. »

« Après avoir demandé, le 2 mai, à M. Poinen de soumettre une nouvelle demande, le CEB s’est de nouveau rendu sur place le 4 mai. Le 14 mai, les techniciens du CEB ont été informés du travail à faire. L’ordre d’exécuter le travail a été donné le 20 mai », ajoute la Communication Officer. 

Elle a aussi souligné que nulle part dans le rapport du dossier, il n’est mentionné que le CEB a exigé une somme d’argent à M. Poinen pour faire déplacer le pylône. « Le CEB n’exige pas de montant à payer dans des cas pareils », a-t-elle confirmé.

Elle a aussi déclaré que le client n’a pu être mis au courant de toutes les informations parce que, dans un premier temps, le CEB ne pouvait pas entrer en contact avec lui. « C’était le devoir de la municipalité concernée de l’informer de ce qui se passait », a-t-elle insisté.

Famille dispersée

Aucun développement n’a eu lieu jusqu’à présent, même si c’est un hardship case. Ne pourrait-on pas accorder une priorité à cette famille, agir sur une base humanitaire, avoir recours à une fast track, comme c’est la pratique dans plusieurs secteurs ? « Bien sûr. Nous allons faire le nécessaire. Je note d’ailleurs que the work has been planned by CEO as soon as possible on a humanitarian ground », a déclaré Aansa Bedacee.

Entre-temps, la famille Poinen a été dispersée. La belle-fille de Serge a trouvé refuge chez quelqu’un avec deux de ses enfants. Son mari et son autre enfant ont été accueillis par Marie. Serge se débrouille par lui-même, dormant ici et là. Que ce doit être difficile pour un homme âgé de 68 ans !

 

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