
- Il doit réunir Rs 462 000 pour son traitement en Inde
À 58 ans, Ibrahim Dawood affronte la douleur et le handicap au quotidien. Père et grand-père, il puise sa force et son courage dans l’amour de ses petits-enfants et l’espoir de retrouver son autonomie.
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Dans les ruelles de Résidence Mangalkhan, à Floréal, vit un homme que la douleur n’a pas réussi à briser. Maderbocus Ibrahim Dawood, 58 ans, père et grand-père dévoué, continue de se rendre au travail chaque jour malgré un corps affaibli par des années de souffrance. Ancien croupier devenu inspecteur au Casino de Curepipe, il se bat contre la paralysie de son bras droit et la faiblesse de ses jambes. Un combat quotidien mené dans la dignité et le silence.
Mais cet homme qui refuse toujours de baisser les bras pourrait enfin trouver un espoir. Aujourd’hui, son seul recours réside dans un traitement vital en Inde, qui pourrait lui rendre un peu de mobilité et, surtout, lui redonner le droit de vivre sans douleur. Une chance qu’il ne peut, cependant, saisir seul.
Depuis plus de 20 ans, Ibrahim Dawood mène un combat invisible. Tout a basculé le 12 mai 2003, un jour qui reste à jamais gravé dans sa mémoire. Ce matin-là, comme tant d’autres, il se rend au travail dans un van de la compagnie. Un banal trajet qui se transforme en cauchemar en quelques secondes.
« Mo ti pe al travay, enn loto ti tap avek van-la par deryer. Mo finn gagn bann fraktir grav dan mo likou ek mo kolonn vertebral. Mo lame drwat inn paralize net », confie-t-il, la voix encore tremblante à l’évocation de ce moment.
« Mo dir mo pou kontinie »
Transporté d’urgence à l’hôpital de Rose-Belle, il y passe plus d’un mois entre la vie et la mort. Les chirurgiens ont dû poser une plaque métallique dans son cou et sa colonne vertébrale. Une intervention qui lui a sauvé la vie, mais qui a marqué la fin de sa liberté de mouvement. Depuis ce jour, chaque geste du quotidien est devenu un effort : marcher, se lever… Même se nourrir nécessite une volonté de fer.
Et pourtant, Ibrahim Dawood n’a jamais cessé de se battre. Quand il a compris que sa main droite ne répondrait plus jamais, il n’a pas renoncé. « Mo ti pe travay kouma kroupie dan Kazino Kirpip. Quand j’ai perdu l’usage de ma main, je pensais que c’était fini pour moi… me mo pa ti oule res koumsa. Mo ti dir mo pou kontinie. » Depuis, il continue de travailler comme inspecteur au casino, refusant de laisser le handicap le définir.
Mais les années ont eu raison de son corps. La douleur s’est installée comme une ombre constante, et sa condition s’est lentement aggravée. Les jambes d’Ibrahim Dawood se dérobent, sa hanche craque à chaque mouvement, et les chutes se multiplient. « Ena fwa li tom net dan bis. Ena fwa li tom dan lakour. Li pe vinn pli feb », témoigne Amina, sa sœur, la voix chargée d’émotion.
Aujourd’hui, Ibrahim Dawood ne peut plus s’habiller seul. Sa main droite ne répond plus, ses jambes flanchent. Il dépend entièrement de son fils pour les gestes les plus simples de la vie : s’habiller, se laver, ou même tenir une cuillère. « Li manz avek so lame gos e avek boukou difikilte. Li soufer boukou, me li pa plegne », ajoute Amina.
Sa raison de vivre
Sa raison de vivre ? Ses petits-enfants, âgés aujourd’hui de 10 et 8 ans. Quatre ans plus tôt, la vie lui a porté un coup encore plus cruel. Sa fille aînée, âgée de seulement 21 ans, est morte subitement, trois mois après avoir mis au monde son troisième enfant, terrassée par une anémie sévère. Le deuil aurait pu briser Ibrahim Dawood définitivement. Au lieu de cela, il a pris sous son toit ses petits-enfants.
C’est pour eux qu’il se lève chaque matin, malgré la douleur. C’est pour eux qu’il continue de travailler, même quand son corps refuse. « Li pe debat pou zot. Li donn zot lamour, li fer zot riye, mem si limem li dan douler », raconte Amina, en retenant ses larmes.
Il y a des jours où la fatigue est trop forte, où les jambes ne répondent plus, où se lever semble impossible. Mais à chaque fois, il pense à eux. « Ena zour li pena lafors pou leve, me li dir mwa : mo bizin tenir pou mo bann ti-zanfan. » Cette phrase résume toute son existence. Malgré la souffrance, Ibrahim Dawood refuse que la maladie l’emporte avant d’avoir vu ses petits-enfants devenir des hommes.
Les médecins mauriciens n’ont plus de solution à lui offrir. Les examens nécessaires pour comprendre l’évolution de ses blessures ne peuvent être faits ici, à cause du métal implanté dans son corps depuis plus de deux décennies. Seul un hôpital en Inde, équipé des technologies adéquates, peut l’aider.
L’hôpital Venkateshwar de Delhi a été identifié comme capable de prendre en charge sa situation. Alertée par son cas, l’OMCA Foundation s’est mobilisée. Après consultation, les médecins indiens ont confirmé la gravité de la situation : Ibrahim Dawood doit être pris en charge sans délai. Le coût global du traitement, du voyage et de la rééducation s’élève à Rs 462 000. Une somme inatteignable pour un homme qui ne gagne que le minimum, mais pas impossible si la solidarité mauricienne s’unit autour de lui.
Le refus de l’abandon
Lorsque nous le rencontrons, Ibrahim Dawood tente lentement de se lever. Ses mains tremblent, ses jambes vacillent, mais son regard reste empreint d’espoir. Il ne demande pas la pitié. Il demande simplement une chance : « Mo pa anvi res koumsa. Mo anvi retourn kouma avan, travay, marse, viv normal. Mo pe travay ankor kouma inspekter dan Kazino Kirpip, mem avek andikap. Mo anvi retrouv mo lotonomi. »
Son rêve n’est pas luxueux. Il veut seulement pouvoir marcher sans tomber, s’habiller sans aide, vivre avec un peu moins de douleur. Son regard se tourne vers ses petits-enfants qui jouent dans la cour de sa modeste maison. « Zot mama inn ale. Mo bizin la pou zot. Mo pa kapav abandon zot. » Sa voix reste ferme. Il n’abandonnera pas.
Dans cette pièce modeste où il vit, la douleur et la dignité se côtoient chaque jour. Ibrahim Dawood ne cherche ni pitié, ni faveur. Il a travaillé toute sa vie. Il a donné ce qu’il pouvait. « Mo finn travay tou mo lavi. Mo pa pe rod sarite, mo pe rod enn deziem sans. » Sa sœur Amina ajoute avec émotion: « Li finn tro soufer, li merit leve ankor enn fwa. »
Ibrahim Dawood esquisse un sourire et murmure doucement : « Mo krwar ena dimounn deor ki pou ed mwa. Mo krwar dan bonte dimounn. Mo pou resi gagn mo gerizon, ek mo pou remersie sak dimounn ki pou ed mwa. »
Ce n’est pas seulement une histoire médicale. C’est celle d’un homme, d’un père, d’un grand-père… et d’un combat contre l’abandon. Chaque don, chaque parole de soutien, chaque partage peut transformer le destin d’un homme qui a tout perdu, sauf la foi.
Comment lui venir en aide
Pour aider Ibrahim à se relever :
OMCA Foundation – Official Account (Ref: Dawood)
MCB : 000450 149935
IBAN : MU62MCBL0944000450450149935000MUR
(Contributions Zakât acceptées)

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