Atteint de Refractory Hodgins Lymphoma, une forme de cancer, Yashveer, un adolescent de 16 ans, a décidé de devenir le porte-parole de tous les enfants malades inopérables à Maurice. Vivre : c’est leur souhait le plus cher. Par manque de fonds, il a vu ses petits camarades mourir. Aujourd’hui, il veut en parler, conscientiser et témoigner.
Vous vous souviendrez sûrement de lui parce que son histoire avait attiré beaucoup de compassion. Alors qu’il était en traitement en Inde, tout avait été brutalement supprimé par manque de fonds. L’appel de sa mère, Kavita Soharaye, avait touché le cœur des gens et heureusement que l’argent nécessaire a pu être récolté. De retour à Maurice, Yashveer doit maintenant suivre ses traitements à la lettre. Rencontré à son domicile à Camp-Levieux, jeudi après-midi, il nous a ouvert son cœur…
« Quand j’ai appris que j’avais cette maladie, je me suis d’abord dit que ce n’était pas très grave, je ne comprenais pas. Par la suite, le mot cancer m’a fait très peur mais je ne pensais pas que le traitement durerait aussi longtemps et que cela coûterait autant d’argent », confie-t-il. Depuis qu’il est en traitement en Inde, il a eu l’occasion de voir beaucoup d’enfants malades comme lui, certains plus jeunes, d’autres plus âgés.
« Parfois, on se regardait sans se parler mais on se comprenait. On avait tous cette rage de ne pas abandonner, de vivre. Malheureusement, beaucoup sont morts. Dans la plupart des cas, c’est parce que leurs proches n’avaient plus d’argent. »
Une pensée spéciale pour sa mère
Cela fait réfléchir lorsqu’un jeune homme de cet âge vous parle de la vie et de la mort. D’autant que malgré le fait de devoir se battre contre sa maladie, Yashveer veut aider d’autres enfants malades. « Aucune maman, aucun papa ne laisse son enfant mourir sans rien faire. Ils font toujours de leur mieux, à l’exemple de mes parents. Je sais que je ne pourrais jamais assez les remercier pour tout ce qu’ils ont fait afin de trouver l’argent nécessaire pour mes soins. Je vous parle ici de plusieurs millions de roupies. »
Yashveer vient d’une famille modeste. « Même en en travaillant toute une vie, on ne peut gagner cette somme. J’ai une pensée spéciale pour ma mère qui ne cesse de faire du porte-à-porte et des collectes publiques. Elle se fait insulter, qui reçoit des propositions indécentes mais qui ne baisse pas les bras. »
« Je suis en vie grâce à vous »
Il souhaite également remercier tous ceux qui leur sont venus en aide. « La liste est longue et elle comprend mes proches, mes voisins, mes amis et des inconnus. Je suis en vie grâce à vous tous ! » Loin d’avoir remporté la bataille, Yashveer a encore besoin de faire six injections au coût de Rs 150 000 à Rs 200 000 chacune. C’est donc un nouveau combat pour la famille. Actuellement, il est cloué à la maison, les sorties étant strictement interdites. Dès février, il commencera à faire des vaccins, car s’il a une apparence d’adolescent, à l’intérieur, son corps est comme celui d’un bébé et nécessite beaucoup de précautions. Il devra se rendre à nouveau en Inde pour ces injections. Où trouver plus d’un million de roupies ? Encore une fois, les membres de la famille ont fait appel au ministère de la Santé.
Sa mère confie : « Le médecin traitant de mon fils, en Inde, nous a dit qu’une autre personne souffrait de cette maladie. Il s’agirait d’un jeune médecin. Il nous a aussi dit avoir fait des recommandations au gouvernement mauricien pour importer ces injections. Mais je ne cesse de tourner en rond. Un jour, on me dit que c’est possible, le lendemain, on me dit non. à ce jour, je n’ai pas encore eu de réponse officielle.
Cette injection n’est disponible qu'aux États-Unis et le ministère de la Santé peut en importer. » Sollicité pour une réaction, un préposé de ce ministère avance que le dossier est à l’étude. « Nous communiquerons avec la dame une fois que nous recevrons les directives concernant cette demande. » En attendant, Yahsveer et ses parents n’ont d'autre choix que de faire à nouveau appel au public pour leur venir en aide. Ils souhaitent aussi que les décideurs revoient l’Overseas Treatment Scheme. « Aujourd’hui, Rs 800 000 sont mises à la disposition des malades pour leur premier déplacement à l’étranger et les autres charges ne sont pas pris en compte. Je comprends aussi que l’État ne peut subventionner tous les frais, mais je pense qu’il faut revoir le système et donner plus d’encadrement aux familles. Par exemple, on nous dit qu’un psychologue est là pour nous aider, mais ce n’est pas le cas. Une fois que nous recevons l’argent du ministère, nous sommes livrés à nous-mêmes et pour les autres fois on se sent complètement abandonnés. »
Le jeune Yashveer sait que, pour ne pas l'inquiéter, ses parents ne lui disent pas tout sur le montant qui manque pour ses traitements. « Je les comprends, car je pense qu’ils veulent que je ne me fasse aucun souci. Ils sourient souvent devant moi, ma mère ne pleure pas, mais je pense que tout au fond d’elle, elle ne cesse de hurler de douleurs chaque soir avant de s’endormir. »
Yashveer reste un battant. Dans sa tête, il sait que, malgré les difficultés, il va reprendre le cours de sa vie, retrouver ses camarades de classe et ses amis scouts qui lui manquent énormément.
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