Interview

Anwar Husnoo: «Les marchands ambulants doivent coopérer»

Anwar Husnoo, ministre des Collectivités locales
Chaque samedi, l’équipe de l’émission « Au cœur de l’info » décortique l’actualité de la semaine. Les divers invités apportent, au micro de Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul, un nouvel éclairage aux débats en cours. Nous en reproduisons les extraits saillants. Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de reloger les marchands ambulants ? Ce problème dure depuis 30 ans. Tout le monde sait à quel point cela affecte les citadins, maraîchers, magasins… En plus, il y a des problèmes sociaux qui y sont liés, des cas de vols notamment. Le gouvernement veut trouver des solutions acceptables à tous. Quel est l’impact sur la capitale ? Le feedback est dans l’ensemble positif. Il n’y a qu’à circuler dans les rues de Port-Louis pour s’en rendre compte. Les piétons ont retrouvé le droit de marcher tranquillement. Même les cas de vol ont diminué. Les sites proposés seraient étroits et manqueraient d’aménités… L’ancien gouvernement voulait également reloger les marchands ambulants à la rue Decaen. Ces derniers avaient accepté. Ils ne peuvent dire aujourd’hui que l’endroit est étroit. Pour ce qui est des aménités, la mairie de Port-Louis a dépensé plusieurs centaines de milliers de roupies sur cet item. Il y a deux blocs de toilettes. L’un a été victime de vandales. La mairie va pourvoir aux réparations. Il est bon de préciser que ce n’est qu’une solution temporaire. Une fois que le projet à la gare Victoria sera complété, les marchands auront un endroit décent. Faut-il, comme le demande la députée Danielle Selvon, des rues piétonnières et une Hawkers Authority ? Avons-nous suffisamment de place à Port-Louis pour des rues piétonnières ? Je ne le crois pas. Ce n’est pas une solution viable à long terme. La députée Selvon a évoqué la rue John Kennedy. Il faut savoir qu’il y a trois ambassades dans cette rue (indienne, américaine et australienne). Dans quel pays voyons-nous des marchands obstruer l’entrée d’une ambassade chaque jour ? D’autre part, je ne crois pas qu’il faille une autorité régulatrice pour les marchands ambulants. D’abord, le problème n’est pas le même à Rose-Hill, Rivière-des-Anguilles, Flacq… Puis, dans ces régions mentionnées, des mesures ont été prises et elles portent des résultats. Quel est la solution ? Le projet à la rue Decaen est une solution temporaire, en attendant la complétion des travaux à la gare Victoria. Nous allons créer une esplanade reliant la place Decaen au Caudan et nous y installerons 1 000 marchands. Ils seront à l’abri du soleil et pourront bénéficier du passage de quelque 50 000 personnes traversant la gare Victoria chaque jour. Ils doivent coopérer, car c’est un projet à long terme. Puis, il y a le jugement de la Cour suprême qu’il nous faut respecter.  
   

Danielle Selvon: « Des rues piétonnes »

La députée indépendante Danielle Selvon soutient les marchands ambulants. Elle a adressé des propositions au Premier ministre et explique qu’il faut de l’ordre, « mais dans le dialogue et pas de façon à blesser des gens ». Parmi ses propositions : des rues piétonnes, une Hawkers’ Palace au ruisseau du Pouce et une Hawkers Authority. « Je propose ce que plusieurs gouvernements successifs ont évoqué. C’est trop étroit à la rue Decaen. Hommes et femmes vont se retrouver à travailler dos à dos. La rue John Kennedy pourrait être transformée en rue piétonne, tout comme l’espace entourant le Paille-en-Queue Court », dit-elle.  
     

Budget 2016-2017

Radhakrishna Sadien: «Améliorer la condition des gens»

« Une croissance qui n’est pas suivie d’une amélioration des conditions de vie de la population n’a pas de sens. » Propos du syndicaliste Radhakrishna Sadien, qui évoquait ce qui devait être la philosophie du prochain budget. Et d’ajouter : « Nous avons un problème de chômage à Maurice. Il touche surtout les jeunes. Nous avons aussi un problème de law and order, découlant d’une érosion des valeurs. Sans compter des mauvais employeurs qui utilisent la loi pour leurs propres bénéfices. Dans ce contexte, le concept de travail décent doit devenir une réalité et le salaire minimum est une nécessité. »

Pradeep Dursun: «Le secteur privé n’est pas dans un mood hésitant»

Le Chief Operating Officer de Business Mauritius explique que le secteur privé a rencontré le Premier ministre dans le cadre des consultations budgétaires. « Nous avons fait des demandes qui auront une incidence sur la productivité, qui vont promouvoir l’investissement, créer de l’emploi, mais surtout permettre au pays de retrouver une croissance de plus de 4 % », affirme Pradeep Dursun. Interrogé sur les propos du Premier ministre concernant une « hésitation » du secteur privé, Pradeep Dursun insiste que tel n’est pas le cas. « Ce n’est pas vrai de dire que le secteur privé ne veut pas investir. Nous faisons de notre mieux, mais nous prenons note du constat du Premier ministre. On peut toujours s’améliorer et je suis certain que les mesures qui seront proposées dans le prochain budget permettront aux entreprises de contribuer davantage à l’appareil productif et cette contribution sera perçue de manière plus significative », dit-il.

Georges Chung Tick Kan: «Voir l’aspect production»

« Le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait au niveau de la demande. Il faut maintenant s’attaquer à l’aspect production. » Tel est le constat de l’économiste Georges Chung Tick Kan, conseiller économique du gouvernement. Il explique que l’État a augmenté le pouvoir d’achat en injectant Rs 9 milliards dans l’économie, avec la hausse des diverses pensions et les augmentations salariales depuis janvier 2015. Sur la philosophie du prochain budget, Georges Chung soutient qu’elle visera à accélérer la croissance afin de créer de l’emploi pour les jeunes, combattre la pauvreté, réduire les inégalités, travailler sur la détérioration des mœurs et poser les jalons pour atteindre le deuxième miracle économique. Il souligne que l’économie océanique est « un concept qui va porter ses fruits à moyen et long termes », mais que dans des secteurs déjà existants, tels les Tic, l’agriculture et le tourisme. « Il y a suffisamment de marge de manœuvre pour stimuler la croissance », dit-il.  Il exhorte le secteur privé à « prendre avantage du couloir aérien au niveau du tourisme et du commerce international ».
Publicité
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !