Interview

Anthony Salcito, vice-président de Microsoft : «Maurice est prête pour la numérisation de l’école»

Anthony Salcito, vice-président de Microsoft

Anthony Salcito, Microsoft Vice President of World Wide Education, revient sur la digitalisation de l’école notamment à Maurice. Il estime que le pays est prêt pour cette transition et donne des pistes pour son financement.

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« La transition vers le numérique dépend de l’importante infrastructure technologique »

Comment les Mauriciens bénéficieront-ils de la numérisation de l’éducation ?
L’éducation a changé. La manière dont nous apprenons, la manière dont nous utilisons les outils pour collaborer et nous connecter créent d’immenses opportunités pour les étudiants. Ils peuvent accéder à une base infinie de données. Il faut donner aux élèves le matériel pour créer et partager avec le monde. Nous pensons souvent qu’il ne s’agit que de changements dans les salles de classe, mais nous oublions que la manière dont le monde est connecté a aussi changé, offrant des opportunités aux étudiants.

Selon moi, c’est là que des opportunités se présentent pour Maurice qui peut participer à cet excitant paysage global de l’éducation. Les écoles sont témoins de la numérisation et réfléchissent à la manière d’intégrer la technologie dans les classes, et comment améliorer l’environnement d’apprentissage des élèves. Les pays qui font cela correctement peuvent construire un système de classe de niveau mondial et créer les fondations pour la croissance économique.

Des problèmes de connexion à Internet demeurent à Maurice. Comment Microsoft peut-elle déployer la technologie dans les écoles dans ces conditions ?
La transition vers le numérique dépend de l’importante infrastructure technologique. Nous savons que nous devons travailler dur pour une meilleure connectivité en œuvrant avec les opérateurs de télécommunication et les institutions financières. Nous travaillons à rendre notre technologie disponible et efficace hors connexion. Il s’agit d’une priorité pour de nombreux pays. Nous travaillons aussi avec les gouvernements pour rendre les connexions plus accessibles.

À Maurice, nous avons connu des difficultés dans la distribution de tablettes tactiles dans les écoles. Pensez-vous que le pays est prêt à adopter les technologies de Microsoft ?
Bien sûr. Maurice est prête pour la numérisation de l’école. Nous le voyons dans d’autres pays en Afrique. Office 365 (NdlR : solution bureautique comprenant entre autres Word, Excel, OneNote, PowerPoint et Outlook) dans sa version éducation est accessible gratuitement aux écoles, pour les professeurs et les élèves. Des appareils sont construits ou assemblés dans certains pays d’Afrique. La technologie, notamment pour l’éducation, devient de plus en plus abordable. Je pense que la technologie doit devenir la fondation du changement. Les appareils les plus adaptés ne sont pas forcément les mêmes dans chaque cas.

Parfois, les tablettes seront les plus adaptées, parfois ce seront les ordinateurs portables. Il ne s’agit pas de trouver une solution à l’accessibilité des appareils, mais d’étudier les besoins. Quelquefois, la meilleure chose à faire est de prendre son temps pour mieux considérer les meilleures solutions. Les technologies deviennent de moins en moins chères et de plus en plus puissantes. Parfois, acheter les meilleures technologies dans la précipitation et sans préparation se traduit en échec. Il faut d’abord préparer le terrain en formant les professeurs. Dans de nombreux cas, des écoles s’équipent en appareils de qualité et développent leur environnement numérique au lieu de simplement acheter des tablettes parce que leurs prix sont abordables.

Qui paie pour la numérisation des écoles ? L’État, les parents ou les écoles ?
Cela varie d’un pays à l’autre. Si les parents ont la possibilité de participer, c’est un avantage. Bien sûr, l’État peut financer la numérisation des écoles. Il y a un autre aspect à considérer, il s’agit d’économies qui seront réalisées. Quand on parle de la technologie à l’école, on imagine uniquement celle déployée dans les salles de classe, mais elle peut être utilisée plus généralement dans les établissements scolaires. Cela passe par la gestion des énergies et des infrastructures, et la réduction de l’utilisation du papier et la du nombre d’employés. Il faut également voir comment les entreprises privées peuvent tirer avantage de la numérisation des écoles. Il y a un lien entre les investissements dans l’éducation et la croissance économique d’un pays. Les entreprises ont besoin de talents pour leurs futurs postes. Le lien est donc important.

On peut donc s’attendre à voir des Partenariats Public-Privé (PPP) ?
Les PPP sont nécessaires car les entreprises ont besoin de s’assurer que les compétences dont elles auront besoin demain sont inculquées aujourd’hui à l’école. Nous voyons dans le monde une déconnexion entre les compétences produites et celles recherchées par les entreprises. Les PPP sont des win-win situations.

Quand une école acquiert des technologies Microsoft, ce sont des revenus à long terme pour la firme car les logiciels et les appareils doivent être constamment mis à jour. Les écoles ne deviennent-elles pas dépendantes de Microsoft quand elles se numérisent ?
Il est vrai que nous devons nous assurer que les technologies dans les écoles s’améliorent constamment. N’oubliez pas que la plateforme Office 365 est gratuite pour les écoles. Cette plateforme est également utilisée par de nombreuses entreprises dans le monde. Les élèves sont donc familiarisés avec un aspect du monde du travail et les outils sont améliorés, notamment avec l’apport des entreprises.

C’est donc une opportunité pour les écoles. Nous soutenons également les professeurs dans leurs formations. Je ne crois pas qu’il y ait une dépendance des écoles à Microsoft. Avec le dynamisme du Cloud Computing, les écoles peuvent passer d’une plateforme à une autre sans avoir à investir dans de nouvelles infrastructures physiques. Nous voyons aussi le contraire où ce sont des écoles qui apportent des innovations dans la technologie.

 

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