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Annonce budgétaire : Recrutement de managers hospitaliers : des syndicats dans le flou 

Le Premier ministre a annoncé, lors de la présentation du Budget 2025-26, le recrutement de cinq gestionnaires professionnels pour améliorer la gestion hospitalière. Cette mesure suscite toutefois interrogations et attentes de précisions chez des syndicats. 

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Cinq nouveaux gestionnaires professionnels suffiront-ils à révolutionner la gestion de nos hôpitaux publics et garantir qu’ils soient gérés selon les normes les plus élevées ? C’est la question que soulève l’annonce faite par le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, lors de la présentation du Budget 2025-26 jeudi. Cette mesure, assortie d’indicateurs de performance-clés stricts, demeure encore floue quant à ses modalités d’application.

Face à cette annonce, les syndicats des médecins du service public multiplient les interrogations et attendent des précisions. Leurs principales préoccupations portent sur les attributions et responsabilités de ces futurs administrateurs. « À ce stade, c’est seulement une annonce. Elle doit passer et être votée dans le Civil Establishment Order. C’est après consultation, en particulier avec les syndicats représentant tous les personnels hospitaliers, afin de passer en revue tous les paramètres de gestion », explique le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA). 

La question centrale porte sur le périmètre d’intervention de ces managers : s’occuperont-ils uniquement des finances des hôpitaux ou également de la gestion des ressources humaines ? Cette distinction revêt une importance capitale, selon le Dr Sewsurn. « Les centres de santé sont des lieux où on a affaire avec des patients et la vie des personnes. C’est aussi un domaine ’highly technical’ », fait-il ressortir. 

Le syndicat exprime des réserves quant à la capacité d’un gestionnaire sans connaissances médicales à diriger des domaines hautement techniques. « Si ces managers assureront la gestion des finances de l’hôpital ou de l’approvisionnement des équipements et des médicaments, cela peut passer. Mais pas en ce qui concerne les questions hautement techniques comme les médicaments à utiliser ou la façon de travailler », précise le Dr Sewsurn. 

Une préoccupation que partage le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Association (GMDOA). Il rappelle qu’aucune affirmation n’a été faite concernant un éventuel remplacement des Regional Health Directors (RHD) qui sont, rappelle-t-il, des médecins spécialistes et non des managers sans connaissances médicales.

Cette annonce intervient dans un contexte particulièrement tendu. De nombreuses plaintes émanent tant du public que des patients concernant les services dans les hôpitaux publics. Les griefs sont multiples : longues attentes, pertes de dossiers et allégation de négligences médicales. 

Cependant, une question se pose : ce seul recrutement suffira-t-il à résoudre tous ces problèmes ? D’autant plus que tous les établissements de santé sont confrontés à un manque chronique de personnel.

Les limites de l’expertise non médicale

Selon le Dr Sewsurn, cette mesure pourrait s’expliquer par l’opinion de certains selon laquelle les RHD « n’ont pas les capacités et les moyens de diriger un hôpital ». Néanmoins, il tient à rappeler un fait important : plusieurs de ces directeurs, passés et présents, sont détenteurs d’un Master in Business Administration (MBA). Ils sont donc parfaitement aptes à mener le rôle de gestionnaire.

Les deux présidents de syndicats s’interrogent sur la répartition future des responsabilités entre les nouveaux managers et les RHD existants. « Est-ce que l’annonce du recrutement de gestionnaires est un moyen de diviser les responsabilités ou une manière de dire que les RHD ne faisaient pas bien leur travail, ce qui n’est pas vrai ? », se demande le Dr Sewsurn. Il souligne avec force que « les RHD ont de bonnes performances en dépit des contraintes financières et du manque de ressources humaines ». 

Le Dr Abeeluck rappelle un élément crucial : chaque hôpital dispose déjà d’un Human Resource Manager et d’autres cadres chargés de la bonne gestion des établissements hospitaliers. Pour lui, « le secret d’une bonne gestion découle de l’engagement de tout un chacun à mener à bien le travail qui lui a été confié ».

L’implémentation de cette mesure nécessitera inévitablement la création d’un nouveau poste dans le Pay Research Bureau (PRB). De plus, l’établissement des Schemes of Duties par la Public Service Commission (PSC) sera indispensable, explique le président de la GMDOA. « Si d’un côté on dit qu’il faut réduire les dépenses, la création de ces nouveaux postes va à l’encontre de cette mesure », fait remarquer le Dr Abeeluck. 

Il insiste également sur la nécessité que les managers recrutés possèdent des qualifications en « hospital management » et considère qu’ils devraient avoir pour responsabilité d’assister les RHD, qui maîtrisent mieux les rouages de l’administration hospitalière. Face à l’absence d’informations détaillées, les syndicats adoptent une position d’attente. Le président de la MHOA estime qu’il faut « attendre d’avoir plus de détails et connaître tous les paramètres de cette annonce avant de pouvoir faire de plus amples commentaires ». 

Du côté du ministère de la Santé, on indique que le ministre concerné devrait faire des commentaires à l’Assemblée nationale lors des débats budgétaires. Aucune déclaration ne sera faite en attendant. Les Schemes of Service de ces managers ne sont pas encore connus, ce qui maintient l’incertitude sur leurs attributions réelles et leur articulation avec l’organisation existante.

Digitalisation des services de santé 

Parallèlement à cette annonce, Navin Ramgoolam a évoqué la mise en œuvre de solutions de santé numérique, notamment les dossiers médicaux électroniques, la télémédecine et les ordonnances électroniques, pour améliorer l’efficacité et l’accès aux soins. Bien que le ministre de la Santé Anil Bachoo ait annoncé le lancement du système e-Health au SAJ Hospital de Flacq dans le courant du mois de juin, certains acteurs du secteur restent sceptiques, le projet e-Health ayant été maintes fois évoqué sans se concrétiser. 

 

 

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