AnneGa : «Ma ténacité m’a permis de faire voyager notre musique»

La chanteuse de 28 ans communie avec la nature et aborde l’état préoccupant de l’océan dans « Losean », disponible sur les plateformes en ligne et qui sera inclus dans son second album, « Stories ». Elle nous partage ses projets et sa volonté de chanter davantage en créole.

« Losean » est un single engagé sur la question de l’environnement et nos actions sur l’océan. Pourquoi cette thématique vous touche-t-elle autant ?
Sur notre île, la mer fait partie de nous. Vivant sur la côte, la plage m’apporte une joie profonde. Avec Cedric Cartier, mon manager (Kabann Records), nous avons ressenti le besoin d’écrire une chanson pour sensibiliser les Mauriciens à la préservation de notre environnement. Notre lagon est d’une beauté exceptionnelle, mais si nous ne prenons pas conscience de l’impact de nos actions, rien ne garantit que les générations futures pourront en profiter de la même manière.

« Losean » est une chanson qui vise à sensibiliser ceux qui l’écoutent. Nous avons choisi la thématique de la crème solaire, car elle incarne un geste simple mais crucial pour la préservation de notre lagon. Personnellement, je n’étais pas consciente de l’importance de choisir une crème solaire adaptée avant de travailler sur le clip avec l’équipe de production ORIT. Il est essentiel de comprendre l’impact de nos actions sur notre environnement marin et d’agir en conséquence.

Mon deuxième album, ‘Stories’, qui sortira cette année, propose un bon mélange de chansons écrites en créole et en anglais»

Même le clip (cumulant plus de 18 000 vues au 22 mars) ne passe pas inaperçu sur le plan artistique. Le visuel, vous l’avez imaginé en écrivant les paroles ? 
Les paroles ont été écrites par Cedric Cartier et moi-même, sans aborder un sujet précis sur l’environnement. Il est également le co-compositeur. Nous avons travaillé sur plusieurs chansons ensemble, et le morceau a été arrangé par Yann Payet (membre d’Anonym). 

Une fois la chanson terminée, nous l’avons présentée à l’équipe créative d’ORIT. Ils ont réalisé le clip en faisant des recherches sur les effets néfastes de la crème solaire sur le lagon. C’est à partir de là qu’ils ont imaginé le scénario. 

Dans le clip, on peut clairement voir la peinture et la lotion. Dans la vidéo, je suis littéralement un corail. Le réalisateur souhaitait illustrer comment la crème solaire qui se déverse sur un corail contribue au blanchiment de celui-ci et finit par le tuer. 

C’était une prise de risque...
Nous avons pensé à cela au dernier moment, car nous avons réalisé qu’il y aurait peut-être des personnes qui ne comprendraient pas immédiatement le message. Heureusement, nous avons eu de très bons retours depuis le lancement du clip… 

Bien sûr, nous avons pris ce risque, car c’est un message qui mérite d’être diffusé. Nous en sommes très satisfaits jusqu’à présent. Des familles et des mamans m’écrivent pour me dire que leurs enfants de 3 à 5 ans ont écouté la chanson. Ces derniers ont vérifié si les crèmes solaires étaient écologiques et sûres pour l’océan. Cela a bien suscité une prise de conscience, ce qui est magnifique. 

Des familles et des mamans m’écrivent pour me dire que leurs enfants de 3 à 5 ans ont écouté la chanson»

L’on constate que vous chantez davantage en créole…
J’ai envie de raconter encore plus d’histoires en créole. Cependant, mon deuxième album, « Stories », qui sortira cette année, propose un bon mélange de chansons écrites en créole et en anglais. J’apprécie l’anglais, mais parfois, il y a des messages que je préfère transmettre en créole. Les titres « Losean » et « Lorizon », les premiers singles de cet album, en sont la preuve.

Puis, quand je chante en créole, je touche forcément davantage de Mauriciens. Néanmoins, ce n’est pas la raison principale. Cela me fait tout simplement plaisir de le faire.

Depuis vos débuts à VIBE Moris (2018) à ce jour, en passant par « Remember me » (2019) et « Sweet while » (2019), vous avez parcouru un bout de chemin…
Nous avons sorti notre premier single, « Remember Me », en 2019, qui a connu un beau succès. Ensuite, sont venus « Sweet While » et « Charlie », tous les deux sur l’opus éponyme « Remember Me », toujours en anglais. 

Lorsque j’ai commencé à collaborer avec Emmanuel Desroches, cela a élargi mon champ de vision et m’a beaucoup inspirée à créer des chansons en créole, plus enracinées dans notre tradition mauricienne. À partir de là, nous avons écrit tout ce qui nous venait en tête. D’ailleurs, un seul morceau en français figurera sur notre prochain album.

En outre, ma participation à VIBE Moris a été précieuse dans mon évolution. Ma ténacité m’a également permis de faire voyager notre musique. Je suis reconnaissante d’avoir un producteur tel que Cedric Cartier, qui a su ouvrir des portes et créer des opportunités, même en période de confinement. Il a organisé une Island Tour pendant deux ans et a même exporté le concept à la Réunion.

Je suis aussi reconnaissante du fait que nous avons pu écrire une chanson pour Air Mauritius, devenue leur chanson signature. Cela a été un immense travail d’équipe. J’ai la chance d’avoir un producteur qui croit énormément en nos projets.

J’ai également été approchée à plusieurs reprises par des émissions de télévision»

Justement, « Lorizon » (2023), qui est désormais l’hymne d’Air Mauritius, a-t-il favorisé votre carrière ? 
Bien sûr que oui ! C’est une immense fierté pour moi que la compagnie nationale d’aviation utilise ma chanson. J’ai grandi en voyageant à bord d’Air Mauritius. Aujourd’hui, je suis fière de contribuer à son histoire. Lorsque je voyage, j’entends ma chanson lors de l’embarquement et lorsque j’appelle Air Mauritius. C’est un énorme pas en avant pour nous.

On parle même de vous sur le site Condé Nast Traveller…
Au-delà de la presse mauricienne, c’est un incroyable coup de pouce. Nous avons de la chance qu’il y ait des personnes qui pensent à nous et qui estiment que nous représentons bien l’île.

Il est essentiel de comprendre l’impact de nos actions sur notre environnement marin et d’agir en conséquence»

Envisagez-vous de faire carrière à l’international ?
C’est un travail intense de tous les jours. Nous avons eu l’opportunité de chanter à la Réunion et en Suisse, et nous continuons sur cette lancée. Le travail ne s’arrête jamais. Il est essentiel de continuer à produire de nouvelles chansons et à développer un solide réseau… Ce qui doit arriver, arrivera.

Pour tout vous dire, j’ai également été approchée à plusieurs reprises par des émissions de télévision. L’année dernière, nous avons commencé à réfléchir sérieusement à cette possibilité, car l’année précédente, nous avions tout refusé. Mais, vous savez, cela ne correspond pas à notre direction artistique.

Pour finir, à quand la sortie de « Stories », votre second album ?
Nous allons sortir « Stories » cette année-ci. Par contre, nous n’avons pas de date précise. En dehors de l’album, je suis convaincue qu’il nous ouvrira de nouvelles opportunités. J’ai hâte de participer aux concerts prévus cette année, que ce soit à Maurice ou ailleurs.

Rachelle Veerasamy-Pierney