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Anil Kumar Dip : «Nous appliquons la loi sans pour autant ‘fer dominer’»

Anil Kumar Dip

Anil Kumar Dip, le Commissaire de police par intérim, annonce ses priorités pour l’année 2022. Il fait le point sur son style de commandement.

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Presque cinq mois à la tête des Casernes centrales, quel constat faites-vous sur la situation du Law and Order ?
Contrairement à la perception, les indicateurs disponibles démontrent une baisse de la criminalité en général. En outre, le nombre d'accidents fatals accuse une diminution assez conséquente, comparativement aux années précédentes. Les saisies record de drogue sont on ne peut plus éloquents. Mais il y a encore du chemin à parcourir. Il ne faut pas oublier que la criminalité est une chose dynamique. De ce fait, on doit toujours revoir nos différentes stratégies mises en place pour une meilleure gestion du "Law and Order". D’ailleurs, nous travaillons actuellement sur un plan stratégique, qui s’échelonnera sur une période de quatre ans, basé sur de nouveaux piliers importants qui vont transformer l’organisation dans son ensemble.

Quelles sont les mesures que vous comptez mettre en avant pour améliorer la lutte contre le trafic de drogue et sa prolifération dans le pays ?
Les trafiquants trouvent toujours des astuces pour essayer de passer entre les filets des autorités, mais ils sont sans savoir que nous avons plus d'une corde à notre arc.

Bien sûr, nous misons beaucoup sur des informations et une étroite collaboration non seulement de la part de la population, mais aussi à travers des échanges d'information tant au niveau régional qu'international. Il est à noter que l’introduction de la “Maritime Intelligence Cell” et d’une cellule d’analystes au QG porte déjà les résultats escomptés. Par exemple, l’interception d’un hors-bord par une équipe de la NCG à Grand-Baie, ayant abouti à la saisie d’une quantité de drogue. Pour le bon déroulement de nos opérations en vue de contrer les trafiquants, je ne pourrais dévoiler toutes mes batteries à ce stade. L’apport des caméras Safe City est substantiel. Le combat contre le fléau de la drogue n'est pas uniquement l'affaire de l'ADSU, mais de nous tous. Je peux affirmer que le fléau de la drogue et les moyens de le combattre, sont prioritaires dans le plan stratégique énoncé plus haut.

Sur les réseaux sociaux, il y a une perception de "fer dominer" en ce qu’il s’agit des contraventions concernant les règlements sanitaires. Quelle est la position de la Police HeadQuarters ?
Le monde est actuellement en état d'urgence sanitaire avec la propagation de la Covid-19 et ses variants tributaires. De ce fait, Maurice ne peut être une exception. Il y a des règles à respecter et nous sommes là pour veiller à ce que nos citoyens les appliquent. Et quand il y a des infractions, c'est de notre devoir d'appliquer la loi sans pour autant de faire "dominer". L’action policière vise en premier la protection de nos citoyens pour éviter tous risques de contamination. On ne peut négliger la santé publique. Les instructions sont claires, sévir contre tout contrevenant, afin de s’assurer que nous nous adaptons à la nouvelle normalité.

On a vu récemment l'arrestation des suspects "Wanted" depuis des lustres, parmi Hansley Neptune. Quel est le secret ?
Ce n’était certainement pas par miracle, mais plutôt un travail assidu, basé surl'Intelligence" et le dévouement, aussi bien qu'une bonne coordination et une stratégie bien définie. Comme annoncé en amont, cette unité d’analystes au QG fait un travail de fourmi en vue d’élucider des cas complexes qui sont restés en suspens.

L'affaire Michaela Harte et Nadine Dantier reviennent souvent sur le tapis. Comment comptez-vous donner un réel coup de pouce pour faire avancer ces dossiers poussiéreux ?
En ce qui concerne ces deux cas, les enquêtes sont toujours en cours. Les équipes auxquelles elles ont été confiées, font de leur mieux et on espère analyser le plus d'informations possible afin de faire la lumière sur ces deux cas particuliers.

Cette année 2021, malgré le confinement, nos routes ont fait une centaine de victimes. Quels sont les remèdes ?
Il faut savoir qu’il y a plusieurs facteurs qui contribuent aux accidents de la route. Le facteur humain en fait majeure partie : il y a l’attitude, le comportement et l’indiscipline. Quoique nous déplorons le nombre de victimes. Chaque cas, c'est un de trop. Nous nous attelons à faire sentir notre présence sur nos axes routiers, en exerçant des contrôles rigoureux et stricts. Parallèlement, nous allons accentuer nos campagnes de sensibilisation à travers l’île pour imprégner une culture de prévention. Nous serons intransigeants vis-à-vis de ceux qui enfreignent la loi.

Je tiens à rappeler qu’on a vécu deux périodes de confinement depuis 2020.

Même si on ne se bombe pas le torse par rapport au nombre d’accidents fatals qui, d’après les statistiques disponibles, est à la baisse, il est un fait qu’un changement de mentalité de la part des usagers de la route est primordial. Il faut aussi se rappeler que dans plusieurs secteurs, les WAP (Work Access Permits) étaient octroyés. De ce fait, les véhicules, comme tous les usagers de la route, étaient bel et bien en circulation à travers l'île. De janvier au 27 décembre cette année, il y a eu 103 accidents fatals qui ont fait 107 victimes, alors que pour la même période en 2020, on comptait 118 accidents fatals pour 130 morts.

Nous avons aussi quelques dérapages parmi les membres de la force policière. Tantôt sur les réseaux sociaux, ou encore dans l'exercice même de leurs fonctions, tout en portant l'uniforme. Comment comptez-vous remonter les bretelles de ces derniers ?
Les dérapages sur les réseaux sociaux ne doivent pas être attribués qu’aux policiers. C'est un phénomène qui brasse beaucoup plus large. En tant que Commissaire de police par intérim, je compte prendre les mesures nécessaires pour recadrer ceux qui s'égarent. De toutes les façons, nous allons revoir et améliorer le “Professional Standard Department” dans un but d’apporter des mesures correctives. Je salue la grosse majorité de policiers qui, de par leurs performances, font honneur à l’uniforme. Mais je tiens à préciser, à travers votre plateforme, que les écarts de conduite de cette infime poignée, qui ternit notre image, ne seront pas tolérés.

Avec la technologie, la police est appelée à être de plus en plus à jour, vu que les criminels ne lésinent pas sur les moyens. Quelles seront les priorités des Casernes centrales en ce sens pour 2022 ?
Nous sommes tout à fait conscients qu’avec les avancées technologiques, le crime a pris une tout autre dimension et le criminel essaiera d’exploiter la technologie pour arriver à ses fins. En tant qu’organisation responsable et proactive, nous avons déjà pris des mesures nécessaires afin de prévenir et d’intervenir avec diligence dans des crimes commis dans de telles circonstances. 

Notre effort est basé sur plusieurs piliers, dont l’éducation et la formation de nos officiers dans les domaines tels que la crypto-monnaie ; l’acquisition d’outils informatiques dernier cri ; le recrutement d’experts en informatique, à travers notre Cadet Officer Scheme, et par le renforcement de coopération avec d’autres acteurs dans des secteurs tels que la finance, le renseignement financier et d’autres organismes publics et parapublics. 

Nous sommes à l’ère numérique et graduellement notre système conventionnel fera place à l’informatisation de nos services. D’ailleurs, pour ne citer que quelques-uns : le COTS (Crime Occurrence Tracking System), l’e-service au niveau de la “Traffic Branch” aussi bien que dans d’autres départements comme le Passport and Immigration Office, le Crime Record Office. L’IT Unit, qui a été créée deux décennies de cela, sera réorganisée afin de rendre nos services plus accessibles et efficaces.

La formation en continue est une de mes priorités. Je veillerais à ce que personne au sein de la police ne reste à l'écart des développements technologiques.

Vous vous êtes démarqué de vos prédécesseurs, en démontrant une proximité sans précédent avec vos officiers et le public. Quel est votre objectif ultime ?
Tout individu au sein de toute organisation a une façon de gouverner qui lui est propre. Une approche ne peut être évaluée comme efficace avant de jauger les résultats escomptés. En tant que chef de la police, je mise beaucoup sur une bonne communication. Je crois dans le dialogue et je pratique une politique de porte ouverte. Je tiens mes subordonnés en haute estime et en tant que meneur d’hommes, je porte toujours une oreille attentive à toutes suggestions visant à redorer nos blasons. Je veille à ce que toutes les instructions émises par mon bureau soient bien reçues à tous les échelons. Mon expérience au sein de la police aussi bien que dans plusieurs pays où j'étais en mission et où j’ai servi en position de commandement et ma formation académique et professionnelle me permettent de voir plus large. Donc, je vise à assurer une meilleure efficacité pour plus de sécurité. Je continuerais à œuvrer pour l’ordre et la paix, facteur déterminant pour la prospérité et le bien-être de tout un chacun. J'en profite pour présenter mes vœux à tous les Mauriciens, à l'occasion des fêtes de fin d'année.

 

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