Le ministre de la Santé se dit satisfait du bilan du gouvernement. Il affirme que de nombreux projets ont été menés à terme ou sont en cours de concrétisation, mais accuse la presse de ne pas en faire état.
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«Il faudra aussi mettre un frein d’ici fin décembre à la prescription abusive d’antibiotiques.»
Cela fait deux ans que l’Alliance Lepep est au pouvoir. Êtes-vous satisfait du bilan du gouvernement dans son ensemble ?
Quand on le compare avec le bilan négatif de la précédente équipe qui a été au pouvoir pendant neuf ans, je ne peux qu’être satisfait. Il nous a fallu un an pour mettre de l’ordre dans l’héritage qu’elle nous a laissé. Sans cela, de nombreux projets auraient déjà démarré. Le Good Governance and Integrity Reporting Bill a été voté. Les priorités ont été mieux définies dans les différents ministères et la police sera bientôt dotée d’un syndicat. Le Nine Year Schooling est sur les rails tandis que le nombre d’arrivées a déjà dépassé la barre du million de touristes. Beaucoup a été fait, notamment au sein du ministère de la Santé. Malheureusement, la presse n’en fait pas état...
La presse a bon dos. Votre discours s’apparente à celui de Navin Ramgoolam et Paul Bérenger durant la campagne pour les dernières élections…
Certains ont cru que ces deux-là allaient remporter les élections. Ils n’ont toujours pas assimilé la victoire de l’Alliance Lepep. Une campagne systématique est menée contre le gouvernement. L’un des derniers critiques les plus virulents, Brian Glover, vient de tomber le masque en prenant la parole au meeting du Parti travailliste.
Les critiques ne sont-elles pas justifiées ? Beaucoup a été promis, mais aucun chantier n’est sorti de terre.
Ils vont démarrer dans le courant de la semaine prochaine. Une Smart City ne peut être assimilée à un plat qu’on prépare d’un claquement de doigts. Il faut toute une préparation. Le design et l’obtention des permis prennent beaucoup de temps. Je reprends les propos de mon collègue Nando Bodha qui a déclaré que 2017 sera l’année des grands chantiers.
Votre équipe donne cependant l’impression que chacun tire dans les pattes de l’autre. Qu’en est-il exactement ?
Le clash de personnalités est chose courante au sein d’une équipe, mais cela ne met aucunement en péril l’entente dans les rangs du gouvernement. C’est la presse qui prend un malin plaisir à tout monter en épingle. Je suis au Conseil des ministres tous les vendredis et il n’y a aucune dissension. La presse semble constamment chercher la petite bête et vouloir qu’il y ait des problèmes au sein de l’Alliance Lepep.
N’est-ce pas plutôt l’annonce de sir Anerood Jugnauth sur son retrait de la vie politique et la nomination d’un nouveau Premier ministre qui donne lieu à des spéculations ? D’ailleurs, quand va-t-il céder sa place ?
Chaque chose en son temps. Il y a un Premier ministre qui est en poste. Il décidera en temps et lieu.
Cela ne favorise-t-il pas l’attentisme ?
Je ne comprends pas cette attitude. Le gouvernement a été élu pour un mandat de cinq ans et tout peut arriver durant cette période. Au Royaume-Uni par exemple, David Cameron a organisé un referendum sur le Brexit et il a fini par démissionner. Cela n’a pas mis en péril son gouvernement. Quand SAJ partira, c’est le leader de l’équipe majoritaire à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire Pravind Jugnauth, qui le remplacera. C’est dans la logique des choses.
En attendant, ne sommes-nous pas confrontés au risque d’une direction bicéphale, avec la main droite qui ignore ce que fait la main gauche ?
Tel n’est pas le cas. Il y a un gouvernement, un seul Conseil des ministres et un unique Premier ministre.
Vous-même avez été source de polémique depuis votre nomination. Après vos propos liant des activistes du MMM à la méthadone et la drogue synthétique, vous visez cette fois la présidente de la République.
J’avais fait une boutade à propos des activistes du MMM... Le soi-disant problème qui allait être provoqué par la révision du traitement des toxicomanes par la méthadone a été créé par la presse. Le nombre de patients est resté le même après un an.
Qu’en est-il des déclarations au sujet d’Ameenah Gurib-Fakim ?
Encore une fois, la presse a fait monter la mayonnaise. Ce débat est clos.
Le rôle de la presse consiste à mettre en lumière des carences. Vous avez collaboré avec elle quand vous étiez dans l’opposition, n’est-ce pas ?
Certes. Le traitement de substitution à la méthadone n’a pas porté ses fruits car les patients n’ont pas bénéficié d’un accompagnement social par les ONG. On m’a accusé d’avoir voulu arrêter le programme alors que 5 000 personnes en bénéficient. J’ai déjà exposé la situation au cardinal Piat.
Lequel vous prend à contrepied quant à la prolifération de la drogue synthétique.
J’ai le plus grand respect pour le cardinal et je ne compte aucunement polémiquer avec lui. Si les travailleurs sociaux et les chefs religieux faisaient leur travail, en communiquant des informations à qui de droit, le fléau de la drogue serait derrière nous. Récemment, un prêtre faisait état des ravages de la drogue synthétique, mais il a refusé de donner les noms de ceux qui font ce business. C’est de l’irresponsabilité. Il y a une commission d’enquête présidée par l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, pourquoi ne pas lui donner ces informations de manière anonyme ? Le combat contre la drogue est le combat de tout un chacun.
Comment accueillez-vous le fait que vous êtes le ministre qui voyage le plus au sein de ce gouvernement ?
Ce n’est pas de l’information, c’est du voyeurisme. J’ai effectué deux voyages en Inde qui vont beaucoup apporter au pays en termes de formation des médecins pour des interventions chirurgicales qui ne pouvaient être effectuées à Maurice par des spécialistes. Encore une fois, la presse choisit délibérément de ne pas en parler…
Ou est-ce parce que vous communiquez mal ?
Je fais pourtant des annonces lors de mes conférences de presse, mais les journaux n’en pipent mot. Différents projets sont en cours. Une Cardiac Unit a ouvert ses portes à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo et une unité pour les opérations de l’œil a vu le jour à l’hôpital de Souillac. Un hôpital pour traiter les patients atteints de cancer s’ouvrira à la clinique MedPoint et les Indiens vont nous aider pour la deuxième phase du projet et pour équiper l’établissement.
Un bloc de neurochirurgie démarrera ses activités à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo avec l’appui de spécialistes indiens. Je suis également en train de revoir la répartition des ressources humaines, la formation continue et le shift system des médecins seront bientôt une réalité, de même que l’achat intelligent de médicaments. Il faudra aussi mettre un frein d’ici fin décembre à la prescription abusive d’antibiotiques.
Vous considérez-vous comme le ministre le plus mal aimé ?
C’est vrai que la presse ne m’aime pas. Mais je ne suis pas le seul. Il y a aussi Ivan Collendavelloo, Roshi Bhadain... Pravind Jugnauth subit ces jours-ci une attaque soutenue pour un soi-disant deal entre son père et lui. En 2014, nous menions campagne contre un éventuel gouvernement MMM-PTr. Nous voulions éviter qu’une dictature ne s’installe à la tête du pays. Nous ne nous sommes pas inquiétés de savoir qui prendrait la relève. Cela coulait de source que Pravind Jugnauth allait un jour succéder à SAJ. De plus, quand il y aura une passation de pouvoir, cela se passera dans le respect de la Constitution.
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