Mise à jour December 28, 2025, 6:00 pm

Anil Bachoo : ses blessures, ses racines

Ajagen Koomalen Rungen 
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Pour Anil Bachoo, la famille est le fil conducteur de sa vie.
Pour Anil Bachoo, la famille est le fil conducteur de sa vie.

Fragilisé par la perte de ses proches et marqué par des décennies au service de l’État, Anil Bachoo délaisse le costume de ministre pour celui de patriarche. Il parle de ses fils avec fierté, de ses absences avec émotion, et délivre un message urgent.

Dans son regard, on devine autant de fierté que de regrets, autant de gratitude que de mélancolie. Ministre de la Santé, acteur de la vie publique mauricienne depuis des décennies, Anil Bachoo sait mieux que quiconque ce que les responsabilités coûtent en temps et en présence. Il parle avec calme et sincérité de ce qui compte pour lui, des joies, des manques, des pertes, et de ce fil rouge qui guide sa vie : sans la famille, rien n’a vraiment de sens.

« La famille, c’est ce qui vous tient debout quand tout vacille », dit-il simplement. Ses mots sont mesurés, sans fioritures, mais on sent l’expérience derrière chaque phrase. Quand ses enfants étaient petits, Anil Bachoo portait déjà de lourdes responsabilités sur ses épaules. La politique, les obligations ministérielles et le travail ne laissaient que peu de place à l’insouciance familiale. « Je n’ai pas toujours pu être là comme je l’aurais voulu. C’est une réalité qui me touche encore aujourd’hui », admet-il sans détour.

Les réunions tardives, les déplacements, les urgences nationales ont souvent empiété sur les moments simples : les devoirs du soir, les sorties en famille, les instants de complicité du quotidien. Mais jamais le lien n’a été rompu. « Même quand le temps manquait, l’intention était là. Et aujourd’hui, je mesure encore plus la valeur de chaque instant partagé. » Le peu de temps qu’il lui restait, il le consacrait entièrement à sa famille. Chaque instant partagé prenait alors un poids particulier. 

Aujourd’hui, il parle de ses enfants avec émotion. Son fils aîné, Paavan, 35 ans, ingénieur informatique dans le privé, marié à Shivani, incarne pour lui la réussite fondée sur le travail, la rigueur et l’humilité. « Je suis fier de l’homme qu’il est devenu », dit-il simplement.

Son autre fils, Nikil Anand, 32 ans, médecin spécialiste exerçant dans le privé, a choisi une voie qui résonne particulièrement avec la vocation paternelle. « Voir son enfant soigner, soulager, guérir… c’est une immense fierté. La médecine est une mission noble. »

Et puis il y a les petits-enfants, Khiyansh, 2 ans, et Rihansh, à peine 3 mois, qui illuminent son quotidien. « Ils sont une bénédiction. Quand je les regarde, je vois l’avenir, l’innocence, l’espoir. » Avec eux, le temps semble suspendu. 

Les absences qui restent

Ces dernières années ont pourtant été marquées par une douleur immense. Anil Bachoo a perdu sa mère il y a trois ans, son père il y a dix ans, et cette année encore, sa sœur. Trois piliers arrachés à sa vie. « La douleur est là, toujours. On apprend à vivre avec, mais elle ne disparaît jamais. » Sa voix se fait plus grave, le silence s’installe.

Ces pertes successives ont renforcé une certitude : le temps est précieux, fragile, irréversible. « On pense toujours qu’on aura le temps. Mais le temps ne prévient pas. » C’est cette conscience aiguë de la fragilité de la vie qui nourrit aujourd’hui son message aux Mauriciens : « Passez du temps avec vos proches. Partagez les instants simples. Assurez-vous que chaque membre de votre famille se sente aimé. » 

Les valeurs familiales qu’il défend aujourd’hui – le respect, l’écoute, la solidarité, la foi – Anil Bachoo les a héritées de ses parents. « Ce sont ces valeurs qui m’ont construit et que j’ai essayé de transmettre à mes enfants. » Loin des projecteurs, Anil Bachoo est un homme qui chérit les moments simples : un repas en famille, le rire de ses petits-enfants... Ce sont ses respirations dans un quotidien chargé. « C’est là que je puise la force d’aller de l’avant. »

Au fond, son message tient en peu de mots : aimer, protéger, transmettre. Et surtout : ne pas oublier que le temps passé en famille est le plus précieux de tous. « Si la famille va bien, la société va bien », résume-t-il.


Shanon Devi, le soutien de tous les instants 

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Anil et Shanon Devi Bachoo sont comblés par leurs petits-enfants, Khiyansh, 2 ans, et Rihansh, à peine 3 mois.
Anil et Shanon Devi Bachoo sont comblés par leurs petits-enfants, Khiyansh, 2 ans, et Rihansh, à peine 3 mois.

Au cœur de l’équilibre familial, une présence essentielle : son épouse, Shanon Devi Bachoo. Discrète mais déterminante, elle a toujours été bien plus qu’une compagne de vie. « Elle est le pilier silencieux de notre famille », confie Anil Bachoo. 
Ancienne enseignante du secondaire puis rectrice, elle a consacré sa carrière à transmettre des valeurs de rigueur, de respect et de bienveillance. Des valeurs qu’elle a également insufflées au sein du foyer, faisant de la maison un espace de stabilité, d’écoute et de cohésion.

Lorsque la vie politique imposait ses exigences, ses absences et ses responsabilités, Shanon Devi veillait sur le quotidien familial, maintenant l’harmonie et apportant un soutien constant. « Elle est aux petits soins de la famille », dit-il simplement, comme une évidence. Présente dans les grands moments comme dans les périodes de doute, elle n’a jamais cessé d’accompagner son époux, tant dans la sphère privée que lors des étapes marquantes de son parcours politique.

Pour Anil Bachoo, la chance est immense. « J’ai à mes côtés une épouse exemplaire, une mère admirable et aujourd’hui une grand-mère formidable », souligne-t-il avec fierté. Une présence discrète, constante, qui l’accompagne depuis toujours, loin des discours et des projecteurs.

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