
En avril 2025, l’United World College Costa Rica a vibré au rythme de sa première Semaine africaine. Anesh Mungur, premier boursier de la Westcoast International Secondary School à y faire son Baccalauréat international, y a porté haut les couleurs mauriciennes.
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«Qui aurait imaginé, il y a un an, que je danserais le séga au Costa Rica ? » C’est avec un éclat dans la voix qu’Anesh Mungur, 17 ans, se remémore ce moment où, sur la scène de l’United World College (UWC) Costa Rica, il a fait résonner les rythmes mauriciens bien loin de nos côtes. Premier boursier de la Westcoast International Secondary School à Maurice à poursuivre un Baccalauréat international à l’UWC, le jeune Mauricien a porté haut les couleurs de son île natale lors de la toute première semaine africaine organisée par cet établissement, en avril 2025. Arborant fièrement le quadricolore mauricien, il a contribué à un événement inédit, placé sous le signe de l’Ubuntu, cette philosophie africaine incarnant l’humanité et l’interconnexion.
Depuis sa fondation en 2006, l’UWC Costa Rica célèbre la diversité à travers des semaines thématiques consacrées aux régions du monde. Ces événements rythment la vie du campus et permettent aux étudiants de partager leur culture à travers défilés, spectacles, gastronomie et traditions. Derrière ces rendez-vous hauts en couleur, des mois de préparation intense de la part des « Familles Régionales » - des groupes d’étudiants soudés par leurs origines géographiques (African Fam, Caribbean Fam, CUM Fam- Canada, États-Unis et Mexique). Et cette année, la semaine africaine a marqué un tournant, notamment pour Anesh Mungur.
« C’était une expérience riche en émotions, en travail acharné et en passion », confie-t-il au Dimanche/L’Hebdo. Répétitions nocturnes jusqu’à minuit, heures passées derrière les fourneaux pour le festival culinaire, élaboration des tenues, création de teasers pour attiser la curiosité… La préparation fut intense. « Nos journées sont déjà bien remplies par le Baccalauréat international, un programme très exigeant. Ajouter un tel projet relevait du défi », souligne-t-il.
Mais la motivation était là : l’amour de l’Afrique et la fierté de leurs identités. « Nos répétitions ne ressemblaient jamais à une corvée car nous dansions sur des musiques authentiques de nos pays. L’énergie venait toute seule. » Pour lui, travailler ensemble afin de représenter chaque pays et région de sa « Famille Régionale » était une priorité absolue. « À la fin de la semaine, chaque élève connaissait au moins un aspect des cultures africaines présentes sur le campus, ce qui rendait nos efforts plus que gratifiants », souligne-t-il.
La quête de perfection a également galvanisé sa « Famille Régionale ». « Nous voulions que chaque danse, chaque détail du spectacle atteigne son sommet. Cette rigueur a fait de notre show l’un des plus mémorables de l’histoire du campus de l’UWC comme l’ont affirmé de nombreux étudiants », raconte Anesh Mungur avec un sourire.
Cette semaine africaine a débuté en fanfare avec un spectacle d’ouverture mêlant danses, chants, présentations culturelles et réflexions sur les défis du continent. L’authenticité et l’honnêteté dans la représentation du continent africain étaient essentielles. « Si nous avons mis en avant la richesse culturelle et historique de l’Afrique, nous avons également ressenti la responsabilité de parler des réalités souvent ignorées comme le génocide silencieux au Rwanda, les crises politiques qui paralysent des nations comme le Burkina Faso et la République démocratique du Congo, ainsi que les conséquences post-coloniales que presque tous les pays africains continuent de subir. »
Point d’orgue de la semaine : le festival gastronomique. « J’ai cuisiné un briani de légumes, un chutney de coriandre, un raïta au concombre et à la menthe, et bien sûr des gâteaux piments », détaille-t-il. Le tout préparé grâce à une cocotte-minute, des épices ramenées de Maurice et… un appel vidéo prolongé avec sa mère, qui l’a guidé pas à pas.
Enfin, la grande soirée culturelle « African Night : The Spirit of Ubuntu » a offert un feu d’artifice de séga mauricien, danses ougandaises, slam et jeux de culture générale. Anesh y a présenté un medley de séga comprenant Kayambo, Sime la limiere en hommage à Kaya, Kifer to pa le danser de Jason Heerah, l’un de ses artistes préférés, ainsi que l’incontournable Touss Sali.
Anesh Mungur se remémore ce moment unique où, sur scène, il dansait le séga devant une foule enthousiaste. Il évoque le pouvoir de la culture mauricienne, qui, selon lui, « a traversé l’océan Indien pour se faire une place jusque dans les festivités d’Amérique centrale ». Fier de ses racines, l’adolescent avoue qu’il ne pourra jamais mesurer ce qu’il ressent en tant que Mauricien. « Où que j’aille, j’ai ce besoin viscéral de faire connaître notre île et sa richesse culturelle à ceux qui n’en ont jamais entendu parler. Mais avec ça, il y a aussi une pression : celle de bien représenter Maurice. À l’UWC Costa Rica, beaucoup découvrent mon pays à travers moi », confie-t-il.
Cette « responsabilité » le pousse à se dépasser. « Chaque fois que je prépare quelque chose en lien avec Maurice, que ce soit une danse ou un plat, j’y mets toute mon énergie, toute ma passion. » Pour lui, cette semaine culturelle africaine a été bien plus qu’un simple événement : « Elle m’a rappelé l’urgence de préserver notre culture. Et quel privilège d’avoir pu, grâce à l’UWC, mettre en lumière notre île dans un tel cadre. » Une mission qui, dit-il, « résonnera en moi à jamais ».

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