Selon les derniers chiffres de Statistics Maurice, le taux de délinquance juvénile a augmenté de 2022 à 2023. Un document déposé à l’Assemblée nationale mentionne également une hausse des cas d’indiscipline et de harcèlement dans les établissements scolaires. Quelle est votre opinion sur ces différentes situations ?
La violence à l’école est un problème sérieux qui nécessite l’attention de tous : les chefs d’établissement, les enseignants, les parents, les travailleurs sociaux et d’autres acteurs impliqués. Une réflexion approfondie est indispensable, et il est grand temps d’organiser des débats sur ce sujet, en incluant tous les partenaires concernés, y compris les enfants eux-mêmes. À noter que la hausse des cas d’indiscipline et de harcèlement dans le milieu scolaire est une tendance universelle.
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Chacun de nous peut apporter sa contribution pour prévenir et éviter la violence à l’école. Cela peut passer par des mesures éducatives, des initiatives de sensibilisation, des programmes de soutien psychologique, et une meilleure communication entre tous les membres de la communauté scolaire. En travaillant ensemble de manière collaborative et proactive, nous avons la possibilité de créer un environnement scolaire plus sûr et plus sain pour tous.
Les parents et enseignants semblent désarmés face aux comportements des jeunes d’aujourd’hui…
Chaque génération a ses propres défis. La nature des problèmes des enfants et des jeunes a changé avec les avancées technologiques au cours de cette dernière décennie. Les adultes doivent assumer leurs responsabilités d’éduquer les enfants. En tant que premiers responsables et premiers éducateurs des enfants, les parents ont l’autorité parentale. Cela « pa ve dir trap piti-la donn li de kalot ».
L’autorité parentale correspond à l’ensemble des droits et des devoirs des parents vis-à-vis de leur enfant mineur. Ceux-ci doivent être exercés dans l’intérêt de l’enfant. Ils doivent le protéger en matière de sécurité, de santé, et de moralité. L’éducation des enfants commence dès la naissance, les enfants apprennent de leurs parents. Je mets l’accent sur la discipline et les « role models ».
En tant qu’Ombudsperson, je note que de plus en plus d’enfants sont exposés à l’écran dès un très jeune âge. D’où une manque d’interaction sociale, de partage et de dialogue au sein de la famille.
Il est impératif que les punitions corporelles soient interdites ! On ne peut pas combattre la violence par la violence. Il faut casser le cycle de la violence. Le Bureau de l’Ombudsperson a toujours prôné des alternatives constructives pour agir contre l’indiscipline, la violence et harcèlement. Les sanctions contre l’indiscipline doivent toujours respecter la dignité de l’enfant.
Quant aux enseignants, ils doivent bénéficier d’une formation continue sur les défis auxquels sont confrontés les enfants et les adolescents, ainsi que sur les mesures pour combattre l’indiscipline et la violence parmi les jeunes. Ils doivent également être formés sur la discipline positive à l’école.
L’article 28 de la Convention des droits de l’enfant préconise que les mesures prises contre l’indiscipline à l’école doivent respecter la dignité de l’enfant. En cas de non-respect des règles, il faut appliquer des sanctions constructives ayant pour but de faire comprendre à l’enfant que l’acte non désiré l’affecte tout comme il affecte les droits des autres.
Parmi les mesures prises, le bureau de l’Ombudsperson mène régulièrement des campagnes de sensibilisation, notamment dans les établissements scolaires, dans les Citizens Advice Bureau (CAB) entre autres. En juin dernier, le bureau de l’Ombudsperson pour les enfants en collaboration avec le ministère de l’Éducation a organisé un projet intitule « 3 Rs » : « Rights, Respect and Responsibilities » visant les enfants du primaire. Des activités ludiques à travers des chansons, l’art, les jeux, slam etc. ont été organisées pour sensibiliser les enfants à l’importance de respecter leurs droits tout en assumant leurs responsabilités.
Le cursus scolaire est-il trop centré sur la réussite académique au détriment des valeurs ?
L’Article 29 de la Convention relative aux droits de l’enfant stipule que l’éducation doit « favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentiels ». Il stipule également que le système éducatif doit « préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d’origine autochtone ».
Le cursus scolaire inclut l’apprentissage des valeurs humaines et l’éducation à la citoyenneté ainsi que l’interculturalité. L’emploi du temps prévoit l’enseignement des valeurs au niveau primaire et secondaire. Certes, la façon de s’y prendre diffère des techniques employées pour les matières académiques. Les valeurs doivent être incluses « across the curriculum », d’où l’importance de la formation continue des enseignants.
Des valeurs telles que l’empathie, le partage, l’écoute doivent être développées chez les enfants. Des méthodes différentielles doivent être adoptées pour être à la portée de tous les enfants.
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