À la lumière de la récente foire commerciale malgache qui s’est tenue au centre commercial de Trianon, il s’est dégagé de véritables perspectives concrètes pour relancer les échanges de biens et de services entre Maurice et Madagascar.
Mais, il faut déjà établir le cadre légal, ainsi qu’une vitrine d’exposition des produits malgaches à Port-Louis, afin de fluidifier ce commerce bilatéral, estime Andriatsira Rakotoarisao, président du Comité national des mines de Madagascar et lui-même exposant durant cette foire.
« À l’exception du bois de rose et des diamants, tout peut être vendu à Maurice, où le marché est attractif », affirme sans ambages Andriatsira Rakotoarisao, très convaincu de l’existence d’une clientèle de haut de gamme à Maurice, à la fois domestique et étrangère. « Avec la croissance des arrivées touristiques haut de gamme à Maurice, c’est une véritable opportunité qui s’offre aux producteurs malgaches, mais aussi en termes de diversité de produits disponibles à Maurice », poursuit-il. Reste toutefois à régler un détail gros comme un pois, qui est d’ordre administratif, reconnait-il.
« Il existe malheureusement à Madagascar des personnalités très influentes qui agissent comme une organisation mafieuse et qui prélèvent leur part de bénéfices sur toutes les transactions commerciales. Elles représentent une véritable entrave au monde des affaires à Madagascar », fait ressortir notre interlocuteur, qui évoque aussi les séquelles laissées par le colonialisme dans la Grande Île. « Nous avons hérités d’un complexe d’infériorité légué par la présence de colons français, nous avons commencé par nous comporter comme un peuple soumis et à ce titre, nous avons intériorisé le sentiment d’être des incapables, des bons à rien, ce qui a induit en nous le défaitisme. Nous ne réussissons pas grand-chose par paresse ou par la mauvaise volonté à progresser. En fait, nous avons fini par n’avoir aucun attachement à notre pays. »
Accords commerciaux multilatéraux régionaux
Mais, cette situation peut être aujourd’hui renversée grâce à des initiatives regroupées qui comptent s’appuyer sur les perspectives offertes par les pays de la région, à commencer par Maurice. « Il faut d’abord prendre avantage des accords commerciaux multilatéraux régionaux », explique notre interlocuteur, qui fait observer qu’une bonne partie de richesses de Madagascar sont exportées, souvent d’une façon illégale et profitent à des intermédiaires étrangers, dont des Thaïlandais, Sri-Lankais, Indiens et Chinois. « Ils sont souvent des joailliers ou bijoutiers, ils sont très riches et s’entraident. Ils achètent à bon marché et ils s’arrangent que pour les Malgaches ne puissent pas exporter leurs produits. Malheureusement, ces derniers, ne sont pas regroupés et donc incapables de se faire valoir. »
Est-ce que le salut viendrait du marché mauricien pour l’écoulement des produits malgaches ? « Oui, s’empresse de répondre Andriatsira Rakotoarisao, car il y a un pouvoir d’achat à Maurice, enrichi d’un marché ouvert. Toutes les conditions sont réunies pour que nos deux pays s’engagent dans une ‘win-win situation’. Il existe à Madagascar des produits que les commerçants mauriciens vont chercher dans les pays lointains. Par ailleurs, Maurice, grâce à son ouverture sur l’Afrique et les bonnes notes des agences internationales, a une bonne réputation en termes de bonne gouvernance. »
Drogue et prostitution
Toutefois, le pari est encore loin d’être gagné, car il manque encore de visibilité au peu de produits malgaches commercialisés à Maurice. Dans les années 90, c’était les produits artisanaux malgaches qui trouvaient preneurs à Maurice, mais petit à petit, les revendeuses qui faisaient du porte-à-porte, ont laissé la place à des ouvriers et ouvrières engagés dans le textile. Il arrive parfois que d’autres Malgaches défrayent la chronique en raison de leur implication dans le trafic de la drogue, voire dans des réseaux de prostitution. C’est aussi cette réputation que souhaite effacer Andriatsira Rakotoarisao, à travers des relations commerciales saines avec Maurice.
À Madagascar, le Comité national des mines tente de mettre de l’ordre dans un secteur sur lequel la mainmise étrangère est quasi-complète. « Nous avons élaboré des textes réglementant les activités minières, nous avons aussi pour mission de les vulgariser et de faciliter la conciliation entre différents acteurs engagés dans les mines », explique Andriatsira Rakotoarisao, qui met aussi l’emphase sur le haut degré de professionnalisme des bijoutiers et joailliers malgaches. « Mais, ils ne gagnent pas leur vie, car ils ne trouvent pas de débouchés fiables pour leurs produits », indique-t-il.
Avant d’atterrir à Maurice, les exposants malgaches sont passés par Dubai et en Inde, « mais », reconnaît Andriatsira Rakotoarisao, « il fallait être plus modeste dans nos ambitions en prospectant d’abord à Maurice. » Ici, la priorité des priorités passe par l’établissement des contacts durables, afin d’avoir un pied dans le secteur de l’hôtellerie et de la grande distribution. Mais, pour y arriver, Andriatsira Rakotoarisao est conscient qu’il ne faut pas brûler les étapes. Raison pour laquelle, il veut s’engager pour la mise sur pied d’une vitrine où seront exposés les produits malgaches dans toute leur diversité.
« Il n’y pas que les produits miniers, mais aussi l’artisanat, les épices, les pois secs et le bois, entre autres. Pour l’hôtellerie, il y a des produits hauts de gamme, comme les pierres précieuses, la peau de crocodile, le bois. Le partenariat que nous recherchons peut aussi aider nos petits commerçants, les artisans et les producteurs dans l’élevage et l’agriculture, dont les productions peuvent être commercialises à Maurice », précise-t-il. Reste à harmoniser les conventions en matière douanière, afin de favoriser une fluidité commerciale entre Maurice et Madagascar.
« Car, il faut aussi avoir à l’esprit que souvent les Malgaches demandaient à leurs partenaires mauriciens un préalable financier qui, selon certains, n'est pas suivis d’actes concrets. Il faut arriver à mettre fin aux malversations financières qui ont souvent nuit à l’image de Madagascar. Des deux côtés, il faut mettre sur pied des relations de confiance concrètes pour qu’on arrive à un commerce bilatéral de longue durée », fait valoir Andriatsira Rakotoarisao.
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