Analyse post-Budget 2017/2018 - Pravind Jugnauth: «Investissements sans précédent dans les infrastructures»

Le Premier ministre est revenu, pendant 80 minutes vendredi soir, sur les mesures du Budget 2017/2018, présenté la veille. Il a indiqué que le pays est engagé dans la bonne direction.

Pravind Jugnauth s’est exprimé lors de la deuxième édition de la Special Budget Insight 2017 qui s’est déroulée ce vendredi 9 juin, à Ebène, devant un parterre de quelque 200 cadres et membres du gouvernement, d’organismes parapublics et de représentants du secteur privé. L’exercice a été animé par Abdel Baulacky, journaliste à la Mauritius Broadcasting Corporation et Ken Arian, président de l’Outsourcing & Telecommunications Association of Mauritius.

Infrastructures : « Des investissements publics sans précédent »

«Jamais a-t-on vu un programme d’investissement dans les infrastructures tel que celui que nous avons actuellement, aux niveaux national, régional et local », a affirmé le Premier ministre et ministre des Finances. Le principal chantier est le Metro Express. Après l’octroi du contrat d’ici la fin de l’année, les Mauriciens pourront assister aux premiers coups de pioche sur le chantier. Aujourd’hui, la congestion routière coûte Rs 4 milliards annuellement à l’économie mauricienne. Pravind Jugnauth a indiqué que ce projet devra créer quelque 7 000 emplois. A ce projet s’ajoutent d’autres concernant les routes. Des fonds ont été alloués à la National Development Unit et aux collectivités locales.

Ligne de crédit : « Pourquoi les précédents gouvernements ne l’ont pas utilisée? »

Pravind Jugnauth dit jouer la carte de la transparence sur la ligne de crédit de 500 millions de dollars (Rs 17 milliards) obtenue du gouvernement indien. «La ligne de crédit a existé dans le passé. Pourquoi les gouvernements précédents ne l’ont pas utilisée? Quand j’ai eu des discussions, nous avons eu des termes beaucoup plus favorables. Ce sont des termes et conditions qu’aucun autre pays ou institution n’a pu nous donner», a-t-il dit. Auparavant, il a indiqué que c’est l’intérêt du pays qui passe avant tout et qu’à aucun moment il ne prendrait des décisions qui seraient un fardeau pour les générations à venir.

Situation économique : « Continuer le travail pour améliorer les affaires »

Au vu des investissements effectués, des retombées et des projections sur les indicateurs, le pays est engagé dans la bonne direction, selon Pravind Jugnauth. Il a tour à tour cité une amélioration à venir concernant le niveau de la dette, le déficit budgétaire et le taux de chômage. Les entrepreneurs ont gagné en confiance. L’investissement étranger est en hausse. «Je ne peux affirmer que nous sommes arrivés à une situation où je suis satisfait. Nous devons continuer à améliorer l’environnement afin qu’il y ait davantage de confiance,» a-t-il dit.

Lutte contre la drogue : « La situation est effrayante »

Sur le volet de la drogue, le Premier ministre se dit  déterminé à mener un combat inlassable contre ce fléau afin de protéger le pays, les familles mauriciennes et les enfants. Et c’est pour cette raison que des moyens supplémentaires ont été mis à la disposition des institutions concernées. En préambule, Pravind Jugnauth a fait ressortir que la présente situation est effrayante. «Malheureusement, je constate que le nombre de trafiquants a évolué au fil des années, ils ont créé un réseau et ont accumulé des richesses incroyables. Depuis que nous avons commencé à agir, les Mauriciens constatent les résultats. Il y a eu des saisies régulières.»

Réactions du  Budget Insight à Ebène

Sridhar Nagarajan, CEO de la MauBank : «  Un Budget complet »

Pour le  CEO de la MauBank, le budget présenté jeudi est « complet » et il couvre tous les secteurs clés de notre économie. « Le Budget a certainement un angle social et je pense que c’est une étape majeure que le Premier ministre a atteint pour réduire le fossé entre les riches et les pauvres », ajoute-t-il. Ce dernier apprécie que l’accent soit mis sur les exportations. «  En outre, nous constatons des mesures continues pour booster les petites et moyennes entreprises. »

Margaret  Pan  Sin, femme entrepreneur : « Les entrepreneurs doivent prendre avantage des mesures  annoncées »

C’est un Budget dans la continuité. C’est l’avis de Margaret Pan Sin. «  L’année  dernière, le ministre des Finances avait annoncé plusieurs facilités pour les secteurs innovateurs tels que l’agro-industrie et cette année-ci, les facilités ont été étendues à d’autres secteurs tels que la pêche et l’horticulture », indique-t-elle. « Mais bien sûr, la balle est maintenant dans le camp des entrepreneurs, à eux de prendre avantages des mesures mises en place », dit-elle.

Premchand Mungar, conseiller financier : « Le Budget encourage une ouverture vers l’Afrique »

Selon Premchand Mungar, le Budget définit une stratégie mauricienne pour l’ensemble de l’Afrique.  «  Nous parlons souvent de la globalisation. Les mesures annoncées dans le Budget permettront ainsi de mieux exploiter les  marchés africains », soutient-il. « Toutefois je pense qu’il faut valoriser les institutions qui sont complémentaires aux institutions de Maurice telles que l’African Development Bank,  le PTA Bank, entre autres », souligne-t-il.

Jacqueline Forget, présidente de l’ONG SENS : «  Nous sommes restés sur notre faim »

La présidente du Special Education Needs Society (SENS) avance qu’il y a eu une augmentation dans le CSR  l’année dernière, mais cela n’a pas été répercuté sur les ONG. « Il y a un manque de transparence dans le processus d’allocation du budget du CSR aux ONG », déplore-t-elle. Par ailleurs, elle est d’avis qu’il n’y a pas de collaboration entre les institutions scolaires gouvernmentales et les ONG. «  Il y a beaucoup de parents qui préfèrent éduquer leurs enfants dans des ONG », dit-elle. Elle avance que les ONG sont restées sur leur faim.

Sharmila Seetulsingh-Goorah, directrice de l’UTM : «  Un Budget pour une génération future responsable »

La directrice de l’Université de technologie de Maurice (UTM) estime que c’est un Budget qui prend en considération le fait que les jeunes ont besoin d’une formation appropriée pour créer une génération future responsable. « Et surtout pour éviter le brain-drain », souligne-t-elle. Elle est d’avis que les investissements dans les infrastructures  des établissements éducatifs offriront non seulement aux étudiants un environnement moderne mais les encourageront également à entreprendre leurs études supérieures à Maurice.