Live News

Amoodin Meerally et Padmawatee : toute une vie façonnée par le domaine de Villebague

Amoodin Meerally et son épouse Padmawatee posant devant le domaine de Villebague.

Ils sont sans doute parmi les derniers représentants d’un mode de vie qui appartient à un autre temps. En effet, le couple Amoodin et Padmawatee Meerally vit dans une dépendance du domaine de Villebague, une immense résidence bourgeoise construite par Mahé de Labourdonnais et située dans le nord-est de l’ile Maurice. Tellement imprégné par la beauté de l’endroit, son jardin et surtout le calme qui y règne, le couple souhaite retrouver un endroit qui lui ressemble lorsqu’il sera amené à quitter les lieux dans les prochaines années.

C’est un endroit à couper le souffle. Tout y concourt au dépaysement loin d’une carte postale comme vendue aux touristes. À l’exception de la Maison Carné à Rose-Hill, devenue l’Institut Jean Cardinal Margeot, et du Domaine Les Aubineaux, à Forest-Side, aucune autre résidence ne permet d’imaginer cet immense domaine colonial qui porte le nom de de Villebague, cousin de Mahé de Labourdonnais, de son vrai nom Athanase Ribretiere. Ici, sous ses boiseries et ors, et entouré d’un mobilier rustique, le baron Arnaud de Rosnay, a donné des dîners fastueux à ses amis de la jet-set parisienne en vue de promouvoir le tourisme mauricien. Mais c’est aussi ce jardin où se dresse le domaine qui donne à celui-ci toute son amplitude, avec une abondante verdure composée de palmiers royaux et soigneusement entretenue. Responsable de l’entretien de ce coin paradisiaque, Amoodin Meerally inspecte tous les jours ses moindres recoins. « Toule gramatin, mo al verifie si pena fey sek ki ti finn tonbe, si bizin aroze. Si ena tipti pie ki bizin remplase. Lerla mo inform la direksion, ena enn prestater en plant ki vinn livre plant pou ramplase. Se dan lantre ki mo vey bien. Tou bizin nikel. Seki pli importan ki tou se lantretien  », assure-t-il, lui qui depuis 1979 a rejoint le Groupe Terra en tant que jardinier et dont la filière immobilière Novaterra gère le domaine. Avec une équipe de trois jardiniers et sa propre formation en jardinage, il a le souci du détail, veillant à ce que rien n’est négligé. 

Publicité

Anniversaires et mariages

Cet endroit est utilisé depuis des années pour organiser des événements tels que des anniversaires, des mariages et des séminaires d'entreprises de fin d'année. « Parfoi, bann patron-la finn reste », explique Amoodin, âgé de 65, tout comme son épouse. C’est à celle-ci qu’échoue la tache quotidienne de maintenir la qualité de l’intérieur, qui n’a rien à voir avec celui des immeubles modernes. Ici, tout respire une autre époque avec son imposante varangue et ses colonnades, le sol en pierres de basalte, mobiliers coloniaux, les boiseries d’époque, sans oublier un escalier d’intérieur taillé dans une seule pièce en bois et permettant d’accéder à l’étage. « Travay pa manke, bizin pas balye toulezour, parfwa pas lasir lor parke », fait observer Padmawatee Meerally. Avec ses deux étages, des chambres à coucher et leurs salles de bains, la maison nécessite d’être entretenue avec la même rigueur. « Mem si nou pena patron pou vey nou, nou fer kuma dire ena visiter pe vini toulezour », renchérit-elle. Son mari ajoute de son côté : « Zame pandan mo ler travay, mo al dan mo lakaz. Si par maler, enn de bann patron vini e pa trouv mwa, li kapav panse ki toulezour mo al dan mo lakaz diran mo ler travay. » Cette rigueur n’est pas passée inaperçue auprès de quatre hauts cadres responsables de NovaTerra, à savoir Nicolas Eynaud, Philippe Lincoln, Bruno de St Pern et Mme Chesta Teeluck, tous élogieux envers le couple Meerally pour leur dévouement et rigueur.

Le chassée de Rambouillet

Avant d’atterrir à Villebague, Amoodin a exercé comme jardinier à la sucrerie The Mount avant de rencontrer Padmawateee, qui travaillait comme bonne sur le chassée de Rambouillet après avoir débuté dans le jardinage, elle aussi. Après leur mariage, tous deux habiteront dans la dépendance de Rambouillet. À The Mount, Amoodin se verra offrir deux stages où il se familiarisera avec les rudiments du jardinage, dont le bouturage, la greffe, la connaissance de terres. « Sa bann kour ti extra importan. Seki mo ti kone avan, mo zis ti aprann kuma mo trouve san travay teorik ek pratik », fait-il observer.  Mais tout n’a pas été comme un long fleuve tranquille pour le couple. Il souligne que les années 1980 à 1995 ont été marquées par de nombreux défis et une certaine pression, mais que celles-ci l’ont forgé et aidé à son épanouissement au sein du groupe au fil des années. « Kan bann sef ekout ou, ou kapav partaz ou bann lide. Lerla ou amelyor ou-mem », dit celui qui compte 45 années de bons et loyaux services au sein de la boîte.

La passion et la détermination

Depuis 31 ans, avec Padmawatee, son travail est marqué par la passion et la détermination au sein d’une équipe soudée. Il reconnait que travailler en couple présente des défis, mais offre aussi des avantages significatifs. « Sakenn ed so kamarad.

Mwa mo ed mo madam kan ena enn gro fonksion, li-osi donn mwa so bann lide », soutient-il. De la dépendance de Rambouillet à celle de Villebague, durant laquelle naitront leurs deux fils Ziyaad et Yazid, le couple Meerally n’a pas connu de résidence ailleurs, si bien que ce mode de vie a fini par façonner leur vision des choses. « Nou finn aprann la-disiplinn ek la perfeksion dan tou zafer : lev boner, aprann kuma travay, le respe ek sirtou nou finn abitie avek la trankilite. Li pou pran impe letan pu adapte avek lavi en deor Villebague. Nou kone kuma lavi parfwa violent, ena krim, vol ek violans lor bann senior », reconnait Amoodin qui, malgré cette vie ‘protégée’, explique qu’il suit les actualités locales et internationales. « Nou finn fer tou pou ki tous de zanfans pa mank nanien et gegn enn bon ledikasion. Zame zot finn al lopital, toultan klinik. Me zot pa kuma nou malgre tou. Sa se zot lavi sa », dit-il en nuançant que la vie dans une dépendance ne change pas grand-chose face aux réalités quotidiennes et ses soucis. « Mo ena mem depans », fait-il comprendre.

Avant de quitter le domaine, le couple veut surtout s’assurer de la tranquillité de l’endroit où il ira élire domicile. « Ena landrwa kuna Port-Louis kot nou pa pu ale akoz tro boukou pikpoket, Nou pou fer tou zefor pu res dan le Nord kot lavi ankor trankil. Me nou kone enn landrwa kuma Villebague pa pou regenie. Isi, nou finn aprann tout : disiplinn ek respe », lâche-t-il non sans une pointe de regret.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !