Le chanvre peut devenir un des piliers de l’économie mauricienne, selon Amit Bakhirta, fondateur et CEO d’ANNEAU, une société de services financiers agréée et réglementée par la Financial Services Commission.
L’utilisation du chanvre à des fins industrielles est de nouveau d’actualité depuis que le ministère de l’Agro-industrie a lancé un projet pilote de culture contrôlée de cette plante il y a quelques mois. Quelle est votre opinion sur cette initiative ?
Je pense personnellement qu’il s’agit d’une étape très positive et progressive dans le démarrage d’une nouvelle économie intérieure verte et durable pour notre pays.
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J’ai mentionné l’économie verte parce que la culture du chanvre et du cannabis présente également un certain nombre d’avantages environnementaux, notamment la séquestration du carbone, la rupture du cycle des maladies des cultures ; elle aide également à prévenir l’érosion des sols, alimente la biodiversité et ne nécessite presque aucune utilisation de pesticides.
Nonobstant les divers avantages socio-économiques énumérés dans notre article publié pour le Centre Charles Telfair, à mesure qu’elle mûrit, cette nouvelle économie verte a un potentiel invariable pour consolider nos chiffres d’exportation et nos entrées de devises dans le pays, mais surtout, créer de nouvelles richesses pour les petits entrepreneurs agricoles.
Il est important de noter que ces dernières années, la superficie dédiée à la culture du chanvre a considérablement augmenté dans l’Union européenne (UE), passant de 20 540 hectares (ha) en 2015 à 33 020 ha en 2022 (une augmentation de 60 %). Au cours de la même période, la production de chanvre est passée de 97 130 tonnes à 179 020 tonnes (une augmentation de 84,3 %). La France est le plus grand producteur, représentant plus de 60 % de la production de l’UE, suivie de l’Allemagne (17 %) et des Pays-Bas (5 %).
Nous devrions cependant essayer de ne pas réinventer la roue et, autant que possible, nous orienter vers les industries médicales et récréatives (y compris le tourisme), en rattrapant ainsi, espérons-le, nos concurrents régionaux africains, asiatiques (incluant l’Inde) mais aussi européens.
En quoi le chanvre pourrait-il contribuer à relancer notre économie ?
L’article l’explique intellectuellement et empiriquement et donc je m’abstiens du bis repetita. Il définit clairement une voie purement socio-économique que les décideurs publics et privés peuvent envisager intellectuellement. Du cadre juridico-réglementaire à son impact sur les différentes industries qui forment notre tissu socio-économique, un « scheme » simple et clair a été dressé.
En résumé, c’est déjà une économie officielle pesant plus de 150 milliards de dollars dans le monde (qui pourrait quintupler alors que de nombreux pays se globalisent et intègrent l’industrie), qui a aidé des gouvernements à accroître les recettes budgétaires récurrentes et à réduire leurs déficits (optimisant leurs ressources fiscales pour le développement du bien-être socio-économique de leur peuple) ; a aidé à soulager des millions de personnes malades ; a favorisé le bien-être et réduit les niveaux de stress des personnes non-malades (physiquement) tout en créant des millions d’emplois, de la richesse et de la prospérité pour des millions d’autres (en particulier en Amérique et maintenant en Europe, Asie et Afrique).
Nos principaux piliers économiques souffrent, et nous n’avons pas réussi à faire revivre ce pays au profit des générations futures. Cette innovation stratégique et intelligente fournira une réinvention socio-économique cruciale pour notre petite économie.
Le chanvre industriel pourrait-il devenir un nouveau pilier de l’économie si cette industrie est gérée efficacement ?
Sans l’ombre d’un doute, oui.
Plusieurs produits dérivés
Les vertus du chanvre sont extraordinaires, offrant une multitude de produits aux applications diverses. Comme l’a souligné Amit Bakhirta, les possibilités qui découlent de cette plante sont infinies. De la fibre aux graines, en passant par l’huile de chanvre, chaque dérivé peut être utilisé pour créer un éventail de produits.
La fibre de chanvre, par exemple, connaît un engouement grandissant dans le domaine des textiles et de la mode. Elle devient le choix privilégié des créateurs pour confectionner des vêtements à la fois élégants et écoresponsables. Le chanvre s’invite désormais dans le monde de la construction, avec des innovations telles que le béton de chanvre à la chaux (LHC), la laine de chanvre et les isolants en panneaux de fibres.
Le chanvre se révèle également être un acteur essentiel dans la lutte contre la déforestation. Il se positionne en alternative à la production de papier à partir de copeaux de bois. La fibre de chanvre s’inscrit comme un précieux atout dans la préservation des forêts.
Loin de se limiter à ces domaines, le chanvre se présente comme un substitut prometteur au plastique. Sa légèreté et sa résistance en font un choix de premier plan dans des secteurs aussi variés que l’automobile, le ferroviaire, l’aéronautique et l’aérospatiale.
Les applications ne s’arrêtent pas là. Les cosmétiques bénéficient également de la magie du chanvre. De l’huile aux lotions, en passant par les shampoings et les savons, ses propriétés bienfaisantes enchantent les amoureux de la beauté et du bien-être. Le chanvre s’illustre aussi dans la production d’énergie, avec la création de biocarburants novateurs et respectueux de l’environnement.
En parlant d’innovation, l’engouement pour les extraits de chanvre, tels que le cannabidiol (CBD), ne cesse de croître. Reconnu pour ses bienfaits dans les cosmétiques, les produits de santé et l’alimentation, le CBD ouvre de nouvelles perspectives captivantes. Les poudres de protéines de chanvre, les barres énergétiques, les burgers végétariens, le granola, les trempettes et sauces, le lait de chanvre, la farine de chanvre, le thé au chanvre, le café et autres boissons infusées au chanvre, tous ces produits témoignent d'une créativité éclatante et d'une volonté d'embrasser une approche plus saine et équilibrée.
Culture contrôlée
Depuis le lancement expérimental du projet à Réduit, peu d’informations ont été communiquées sur les recherches en cours sur la culture de chanvre. Mais cela nos informations, elle en est toujours au stade expérimental. Le projet a été initié par le Conseil des ministres en août 2021, en collaboration avec le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) à Réduit.
Le but est de mener des recherches sur le chanvre industriel, une variété de « cannabis sativa », qui se différencie de la marijuana par sa faible teneur en THC (delta-9-tétrahydrocannabinol), inférieure à 0,3 %, et qui n’a donc que des effets psychotropes minimes. Dans un communiqué du Conseil des ministres, certains grands producteurs de chanvre, tels que le Canada, la Chine, la France, les États-Unis, la Lituanie et l’Allemagne, ont été mentionnés.
Le chanvre industriel offre diverses applications potentielles, notamment dans la fabrication de récipients alimentaires jetables, de couverts écologiques, d’aliments riches en protéines, de produits en papier pour le bureau, de matériaux isolants pour véhicules et câbles électriques, de biocarburants, de peintures anticorrosion et de panneaux solaires.
Le projet a débuté avec l’importation de trois variétés de chanvre industriel, pesant au total 5 kg, lesquelles sont soumises à une analyse chimique à l’université de Maurice. L’objectif : évaluer leur teneur en fibres, réservée exclusivement à des fins industrielles. Après cette analyse, les plantes restantes seront éliminées sous la supervision des autorités compétentes, affirme-t-on.
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